Le parc municipal de Valmy, qui va accueillir le festival Les Déferlantes, restera fermé au public du 30 juin jusqu’au 14 juillet 2016…

Alors que partout ailleurs, en France, généralement un festival qui s’y déroule, et quelle que soit son origine artistique et culturelle, c’est une fête que l’on prépare avec l’adhésion de toute une population, ici, à Argelès-sur-Mer, c’est au contraire toute une série de contraintes qui sont imposées à l’économie locale en général, aux commerçants et aux habitants, ainsi qu’aux riverains en particulier : fermeture d’axes routiers, restrictions d’accès à des propriétés privées, mobilisation de personnels communaux au détriment de l’entretien au quotidien du vaste territoire de la commune… et tout cela, naturellement, en plein cÅ“ur de la haute saison estivale.

Comment les élus locaux n’ont-ils pas pris la mesure, depuis dix ans maintenant que le festival Les Déferlantes existe, du fossé qui, édition après édition, se creuse entre les organisateurs de ce rendez-vous – Qu’on ne revoit jamais dans la ville une fois le rideau des spectacles retombé ! – et la population argelésienne ?

Les faits sont là : alors que, par exemple le festival Montpellier-Danse continue à soutenir les artistes d’une Méditerranée plus fragilisée que jamais par les événements d’actualité que l’on sait, le festival Les Déferlantes n’a jamais réussi à s’ancrer dans la population locale et encore moins à être un moteur pour “booster” la vie économique et sociale d’Argelès-sur-Mer, comme c’est pourtant le cas avec le Festival de Carcassonne, Jazz in Marciac, les Siestes électroniques de Toulouse, Jazz in Arles, Barjac in Jazz, le Festival d’Avignon bien sûr, le Festival du Muscat à Frontignan, Fiesta Sète, les Electros d’Uzès… et, encore plus près de chez nous : le Festival Pablo-Casals à Prades (réservez votre place pour aller écouter le jeune prodige violoncelliste Edgar MOREAU le 26 juillet… et les belles talentueuses Ju-Young BAEK et Elina VÄHÄLÄ, le 8 août en suivant), la Semaine Flamenco à Rivesaltes, la Feria de Céret ou l’Electrobeach de Port-Barcarès !

Dans tous ces rendez-vous, les habitants des communes concernées se sentent associés aux festivités, alors qu’à Argelès-sur-Mer, exception faite pour une poignée de bobos (venus en plus d’ailleurs) et d’ex soixante-huitards retirés des affaires (en villégiature dans les Albères), les gens s’en sentent exclus. Preuve en est, dans le seul secteur d’activité de la restauration, la majorité des établissements, pendant Les Déferlantes, accusent une baisse de leur chiffre d’affaires d’environ 20% ! En pleine haute saison estivale, cela parait surréaliste. La cause principale : ces jours-là de festival la station balnéaire est tout simplement inaccessible. Les festivaliers sont détournés hors zone d’activité touristique et, une fois le spectacle terminé, leur seul souci est de récupérer leur voiture et de repartir au plus vite pour éviter les embouteillages. Quand aux habitués d’Argelès-plage, de son front de mer, de ses allées piétonnes, ces soirs là ils ne quittent pas leurs campings, par crainte de tomber dans un bouchon, sur un barrage, etc.-etc.

Les Déferlantes réunissent, certes, chaque année de grandes pointures (inter)nationales, de la pop au hip-hop, du rap au reggae, du rock à la variété anglo-saxonne, toutes tendances et toutes générations confondues. Cette année encore, du 7 au 10 juillet, l’affiche est alléchante : Elton JOHN, Louise ATTAQUE, Les INSUS, TRYO, Selah SUE, NEKFEU… Les organisateurs des Déferlantes invitent aussi sur scène quelques locaux (des marronniers)… sans (aucun) doute pour se donner bonne conscience et, ainsi, rassurer l’élite municipale qui leur déroule le tapis rouge ? Mais force est de constater que le compte n’y est pas.

Le décalage entre Les Déferlantes et une majorité d’habitants d’Argelès-sur-Mer est tel désormais que, à n’en pas douter, le festival sera l’un des enjeux des prochaines élections municipales (en 2020). En attendant, des voix de plus en plus nombreuses dans l’opinion s’élèvent pour demander une remise à plat du “partenariat” qui lie les organisateurs à la commune afin, notamment, que les premiers s’impliquent davantage et tout le long de l’année dans la vie locale, et non plus : 4 jours de spectacles et puis s’en vont ! Après avoir encaissés une aide de la mairie conséquente : 300 000€ (subventions) et 150 000€ (évaluation logistique) ; soit encore un effort de chaque argelésien d’environ 44€ si l’on traduit cette aide globale par une population permanente de 10 100 habitants.