Que se passe-t-il dans le secteur “Plage” du territoire de la commune d’Argelès-sur-Mer ? Assiste-t-on à une (r)évolution immobilière et foncière comme l’ont connu dans les années 1990 les autres “mastodontes” balnéaires du littoral roussillonnais que sont les villes de Canet-en-Roussillon et Saint-Cyprien, par exemples ?… Avec un curieux retard, trente ans plus tard – la distance sur le calendrier est colossale et n’est pas des meilleures augures pour l’économie et la vie sociale locales – le “front-de-mer” d’Argelès-sur-Mer, rongé par une urbanisation galopante et insouciante (du côté des autorités municipales), commettrait-il les mêmes erreurs qui ont à l’époque frappé les communes précédemment citées ?… C’est à craindre.

 

Et ce n’est là qu’un échantillon relevé nez en l’air !

 

Alors, certes, ce contexte unique sur la côte nord-catalane, qui séduit de plus en plus d’investisseurs accourus de la France entière – et plus uniquement le seul promoteur local jusque là, “Athaner” – donne de l’énergie à l’activité argelésienne, alimente une dynamique envieuse faisant de ce qui hier encore (dans les années 2000) était un village, un banal chef-lieu de canton, désormais le second pôle d’attractivité des P-O, après la métropole perpignanaise. Mais à quel prix ? La commune n’est-elle pas en train tout simplement de perdre son identité, de s’écrouler sur ses fondations naturelles ?

 

Juste à côté de l’Office de tourisme… et de l’église de la plage

 

Dans sa course effrénée à l’urbanisation, la nouvelle municipalité applique là pour partie le programme sur lequel elle a été élue et, rappelons-le, bien élue. Cela est incontestable (et incontesté). Mais, sans être passéiste en la matière, concernant l’urbanisation, ne serait-il pas temps de faire une pause, pour imposer certains garde-fous aux promoteurs de tous bords ? Car, à ce rythme-là, à la fin du mandat municipal en cours, par exemple, l’Office de tourisme à la plage pourrait se retrouver au (beau) milieu d’une forêt d’immeubles et de voitures… Sans le moindre aperçu sur la Méditerranée. Est-ce cela que les estivants, les nouveaux arrivants, viennent chercher en choisissant de venir séjourner à Argelès-sur-Mer ? Pas sûr.

Sur ce sujet-là, qui touche le cadre environnemental, particulièrement sensible, on notera le silence assourdissant des écologistes. Ces derniers, si on comprend bien, ne seraient donc (ré)actifs que l’espace d’une campagne électorale ?

Les commerces saisonniers pourraient être les premières victimes de cette situation qui, de fait, déséquilibre dangereusement le secteur touristique local. Celles et ceux qui pensent au contraire que toute cette urbanisation va attirer du monde, une nouvelle clientèle estivale localement, se tirent une balle dans le pied. Preuve en est actuellement le nombre considérable d’appartements mis à la vente… par des (co)propriétaires qui ne se reconnaissent plus dans le nouvel Argelès-sur-Mer qu’on semble vouloir leur imposer. Et se dessine concrètement. Sans oublier les autochtones, de plus en plus nombreux également, qui mettent leurs villas cossues sur le marché de l’immobilier (mais là est un autre sujet, nous en reparlerons) – en assistant impuissants à l’effondrement de la valeur de leurs biens – pour aller s’exiler dans les Albères, à Saint-André, Sorède ou Laroque, notamment, à l’écart de cette “Sarcellisation” d’Argelès-sur-Mer.

 

L.M.