Entretien avec l’ancien préfet des Pyrénées-Orientales puis de la Région Corse, Bernard Bonnet…

– ouillade.eu : L’hebdomadaire Marianne daté du 15-21 juin 2013 (n° 843) publie les carnets secrets de l’ancien patron des Renseignement Généraux, Yves Bertrand. Le moins qu’on puisse écrire à ce propos c’est que vous n’êtes pas épargné…

– BERNARD BONNET : “Yves Bertrand était mon collaborateur quand j’étais directeur central de la Police. La subtilité d’expression n’était pas sa première qualité. Il en avait d’autres”.

– ouillade.eu : Vous y êtes qualifié de “Bonnet cow-boy” lors de votre passage en Corse…

– BERNARD BONNET : “En Corse, dès qu’un préfet ne donne pas le sentiment, à tort ou à raison, d’administrer entre la moquette et le plancher, il passe pour un cow-boy… Ce qui est vrai, c’est que la remise en ordre en Corse avait été vigoureuse. Pêle-mêle, je citerai la dissolution des organes dirigeants des Chambres de Commerce et d’industrie, d’Agriculture, du Crédit-Agricole, de la Mutualité Sociale Agricole (MSA), de la SAFER, les annulations de permis de construire, les inscriptions d’office des créances sur les budgets de collectivités, la normalisation des procédures d’aides sociales, la présentation à la Justice d’élus défaillants… Peut-être que Bertrand pensait aussi à mon informateur qui m’a révélé le nom des assassins du préfet Erignac, alors que l’enquête pataugeait…”.

– ouillade.eu : Il y a cette phrase curieuse attribuée à José Rossi, “Si Bonnet continue, on va le calmer”…

– BERNARD BONNET : “José Rossi, ancien ministre de Balladur, président de l’Assemblée de Corse, était à l’époque le “parrain” politique de l’ile.

Sa phrase, s’il l’a prononcée (ce que j’estime possible), est choquante. Quelques semaines après l’assassinat du préfet Erignac, dire qu’on va “calmer” son successeur est pour le moins révélateur du climat politique de l’époque… Il est vrai qu’ayant fait condamner José Rossi pour des irrégularités sur le RMI, j’ai précipité sa mise à la retraite politique, ce qui n’était évidemment pas un objectif personnel…”.

Recueilli par L.M.