René Laurens et Alain Delon

C’est que du Bonheur !

Ces années-là, 1970 à 90, Minou et René Laurens ont vu défiler dans leur établissement, la célébrissime Pyrezzéria, à Canet-plage, tout ce que le Roussillon comptait d’artistes, de chefs d’entreprise, de politiques, de journalistes, de grosses têtes et de grandes gueules, jusqu’aux pseudos-évangélisateurs de passage.

Il arrivait même bien sûr qu’on se batte (d’un clignement d’œil ou en fronçant les sourcils), pour retenir une table, « sa » table, de préférence dans le jardin et autour du bassin… Quitte à dîner les pieds dans l’eau. De toute façon, il y avait toujours un Panam pour vous y entraîner, dans cette satanée fontaine ! Et un Pépito pour immortaliser la chute.

C’est bien simple, l’été venu, tout se passait à La Pyrezzéria !

Tout le gratin, toutes les grosses légumes, s’y retrouvaient, essentiellement en soirée. Parce que les serveuses y étaient superbes. Elles étaient les plus belles du littoral, de Cadaquès à Saint-Tropez, et depuis on a jamais fait mieux. Parce que le couple aux commandes, Minou et René, formait un duo extraordinaire, complice, chaleureux, spontané, capable de toutes les attentions, des plus simples aux plus extravagantes, débordant d’énergie et l’œil éternellement rieur. Parce que, surtout, et avant tout, la cuisine y était excellente, grâce à une succession de jeunes chefs en cuisine avec un sacré flair ! Ils avaient l’art et la manière de réussir tous les plats, toutes les recettes, qu’ils touchaient. A coups de ravioles, de pizzas, d’escalopes al limone et de pâtes revisitées façon produits « made in terroir of the France », ils ont, pendant plusieurs décennies, réinventer le concept trattoria. Une vraie de vraie !

Onze années après avoir ouvert son « Laurens’O » sur la mythique place des Poilus, dans le cœur historique de Perpignan-la-catalane, Cédric Laurens, qui n’est autre que le fils de la ravissante Minou et du très regretté René Laurens, reproduit toute cette ambiance, ce climat, l’atmosphère des « années bonheur » à Canet-plage, sur les murs de son établissement.

A partir d’un écran géant, il diffuse en permanence à l’heure du déjeuner et du dîner, les photos de tout le gotha certes, mais également de tous ces anonymes qui ont eu la chance et le privilège de connaître une autre époque, « LA » grande époque. Certains de ces personnages hauts-en-couleurs, de ces personnalités locales indéfinissables et inimitables, ont disparu… tandis que d’autres sont arrivés pour s’installer à la table du Laurens’O afin de mieux se souvenir.

Suivant à la perfection, tout en y apportant sa touche personnelle, le concept de ses parents, Cédric Laurens, 38 ans, ancien élève de l’Ecole hôtelière de Lausanne (Suisse) occupe le haut du pavé culinaire aux saveurs italiennes, référencé depuis les débuts de l’ouverture du Laurens’O dans tous les guides gastronomiques qui comptent (Gault&Millau, Bottin Gourmand, Guide Hubert, Le Petit Fûté…).

La recette magique continue, tant il est vrai qu’on ne change pas une idée qui fait son chemin pas plus qu’une équipe qui gagne ! L’accueil est convivial, les serveuses jolies et en cuisine le talent exprime sa musique sur des pâtes fraîches, à coups de raviolis et cannellonis, toujours fabriqués sur place, cuisinés « al dente », accompagnés de petits légumes grillés, mozzarella bufala, basilic, poivron mariné…

René Laurens et Claude François

Les Perpignanais Amado Jover, ex reporter-photographe à L'Indépendant, et Georges Brousse, ancien P-DG du journal