Pierre Sanchez, la Boulangerie du Port, entouré de ses filles Manon et Angélique

 

 

C’est bien connu : il vaut mieux courir à la miche qu’au médecin ; sous entendu avoir un bon appétit est signe de bonne santé ! Et à Port-Argelès, s’il est un lieu reconnu parmi d’autres, très populaire, où à l’heure du petit-déjeuner s’installent de bons coups de fourchette pour ne pas en perdre une miette, de l’appétit, c’est bien la Boulangerie du Port, tenue de main de maître par Pierre Sanchez, depuis douze années !

 

Pierre Sanchez, heu-reux  artisan boulanger, qui tourne aujourd’hui une page lourde d’un demi-siècle dans la profession, avec en main sa fameuse (et unique) baguette La Boulangère

 

Derrière son grand professionnalisme, son talent devant les fourneaux, se trouve une personnalité attachante, un personnage haut en couleurs, un conteur : du pain bénit, pour un journaliste, tant sa carrière, son parcours, sa passion et sa manière de gagner son pain à la sueur de son front, la conception de son métier, et la façon de rompre le pain avec sa clientèle réveillent l’appétit. Benjamin Franklin avait absolument raison lorsqu’il déclarait : “Ne gaspille jamais ni le vin du Curé, ni le pain du Boulanger” !

Pierre Sanchez a débuté à Prats-de-Mollo, dans le Haut Vallespir. C’était dans les “seventies”, à la Boulangerie du Pont. Un bail ! Puis il est redescendu dans les Albères, à Laroque. Ensuite à Canet. Plus près de la Méditerranée, après les étoiles pyrénéennes. Un peu plus bas, un peu plus au sud, on le retrouve sur la côte vermeille, à Argelès-sur-Mer. Au village.

A chaque fois, à chaque étape de sa vie professionnelle, il est immédiatement adopté, adulé, par les gourmets, par les épicuriens, surtout par les traditionnalistes fins amateurs de la baguette “à la française”, l’au-then-tique !

“Boulanger, c’est un beau métier, qu’on ne peut exercer qu’avec passion, que dans la Passion !”, s’enthousiasme-t-il dans son fournil de la Boulangerie du Port. Sur chaque centimètre carré de son laboratoire, il fleure, il pointe, entre tourage et lamage, entre grigne et ressuage, entre frasage et pâton. Il ne lâche rien ! Dans une ambiance particulièrement Pagnolesque – et en plus ses filles se prénomment Angélique et Manon –,  tout en distillant de précieuses anecdotes. Et ses bons mots en guise de slogan : “Ici, on ne rembourse pas ! Si c’est pas bon, tu reviens plus !”. Telle est la devise de la Maison.

Il est tôt ce matin-là, mais comme d’habitude les clients s’agglutinent déjà devant sa devanture, certains parmi les plus fidèles ont déjà réservé leur table en terrasse pour s’adonner aux délices d’un petit-déjeuner où le croissant-roi est au centre des viennoiseries. On se croirait à l’assemblée générale de l’Académie du Goût. En été, ils sont plusieurs centaines à fréquenter la Boulangerie du Port.

Et la succes-story va se poursuivre désormais avec Angélique, 35 ans et Manon, 24 ans, déjà fortement impliquées dans l’affaire – la première dans la fabrication, la seconde dans la vente -, auxquelles le pourtant infatigable et inépuisable Pierre Sanchez, leur père, a remis cette semaine les clés de la succession. Pas d’inquiétude à avoir pour les habitués, qui viennent parfois de loin, de l’autre côté du canton. Ils peuvent être rassurés : la bougnette, les bougnols, les rousquilles catalanes et le célèbre pain La Boulangère – travaillé avec des levains naturels pour une fermentation naturelle qui donne un goût unique à sa pâte -, continueront sur la même lignée. Les deux soeurs ont la même passion boulangère que leur père chevillée au corps.

L.M.

 

Angélique et Manon, les filles du boulanger du port.