(Vu sur la Toile)

 

Morts sur le Pont Neuf : le policier auteur des tirs mis en examen pour « homicide volontaire »
(Ismaël Halissat, Fabien Leboucq – Rédaction journal Libération)
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Journal Libération.- Le policier qui a tué deux personnes et blessé gravement une autre dimanche sur le Pont Neuf à Paris a été mis en examen, mercredi 27 avril, pour «homicide volontaire». Plus tôt dans la journée, le procureur de la République avait ouvert une information judiciaire pour «violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner» et déferré l’agent à l’issue d’une garde à vue de quarante-huit heures. Les magistrats instructeurs ont donc retenu une qualification juridique des faits plus grave que celle requise par le parquet.

Les faits qui lui sont reprochés se sont déroulés peu avant minuit, dans le Ier arrondissement parisien. Alors que cinq policiers de la compagnie de sécurisation de la Cité tentaient de contrôler une voiture arrêtée sur la chaussée, celle-ci a démarré, selon le compte rendu des policiers. L’un des agents a alors fait usage de son fusil d’assaut HKG36, tuant le conducteur et le passager avant, deux frères de 25 et 31 ans, et blessant le passager assis à l’arrière. L’homme de 42 ans a été transporté à l’hôpital, «sans que son pronostic vital ait été engagé», selon le parquet de Paris.

Selon nos informations, les enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ont commencé à reconstituer le déroulé des faits en s’appuyant sur une série de témoignages : celui des agents présents sur place, des passagers d’un bus et d’un taxi. Ainsi que sur les premiers éléments des relevés balistiques. «Les tirs sont de face et de côté», détaille à Libération une source proche de l’enquête. Mais aucune image des faits n’a pour l’instant été retrouvée. Le positionnement précis de la voiture et des agents devront être déterminés par d’autres recherches et expertises.
«Deux dealers et un client»
Toujours selon nos informations, à l’issue de ces premiers jours d’investigations, les enquêteurs de l’IGPN estimaient que les tirs répondaient effectivement à une menace, mais ils n’ont pas été suivis par le parquet et les juges d’instruction. «De nombreuses investigations portant sur ces faits pour partie de nature criminelle sont encore nécessaires notamment sur la légitime défense», rappelle malgré tout le procureur de la République de Paris.

Pourquoi le conducteur a-t-il tenté d’échapper au contrôle de police ? Les premiers témoignages des agents avaient avancé l’hypothèse d’une «cession de produits stupéfiants». Cette hypothèse s’est confirmée lors des premiers jours d’investigations : une source proche de l’enquête assure aujourd’hui à Libération que les trois personnes dans le véhicule visé par les tirs étaient effectivement «deux dealers et un client».

Les juges d’instruction ont également décidé de placer le policier sous contrôle judiciaire avec notamment une interdiction de porter une arme, d’exercer une fonction en contact avec le public, et d’entrer en contact avec le service auquel il appartient.