Chaque année en février, le Salon de l’Agriculture de Paris est l’occasion d’aller à la rencontre des agriculteurs !
Depuis soixante-dix ans, la part de l’agriculture dans l’économie nationale n’a cessé de diminuer. La dégradation des prix agricoles réels a provoqué une baisse constante du revenu global des agriculteurs français, à laquelle se sont rajoutées des conditions d’exploitation de plus en plus difficiles.
L’importance de l’agriculture, en matière d’occupation physique du territoire, a fortement décru et particulièrement dans certains départements dont celui des Pyrénées- Orientales.
Dans les années 50, l’agriculture utilisait 72 % des surfaces de la France ; aujourd’hui, ce recul d’espace utilisé s’est fait au bénéfice de deux autres espaces :
– D’une part, les bois et forêts qui représentent 27 % du territoire national (dans les Pyrénées-Orientales, les surfaces boisées dépassent les 50% des surfaces agricoles, alors que l’exploitation forestière y est moribonde).
– D’autre part, la surface du territoire non agricole s’est multipliée pour atteindre aujourd’hui 14 % de la surface totale de la France, même si les ventes sont reparties à la hausse depuis 2015. Une situation de plus en plus préoccupante : l’équivalent de la surface agricole d’un département disparaît maintenant tous les cinq ans, et non plus tous les sept ou dix ans comme cela fut longtemps le cas en France.
Dans les Pyrénées-Orientales comme dans le reste de la France cette superficie de territoire non agricole ne cesse de croître, car les zones urbaines, commerciales et les réseaux de voirie continuent d’augmenter considérablement (ce bétonnage horizontalement se pratique là encore au détriment des surfaces agricoles).
Cette diminution de l’agriculture en France comme dans les Pyrénées-Orientales s’accompagne d’une nette et visible dégradation, chaque village crée son lotissement parfois aussi au détriment de l’authenticité des paysages, mais pas seulement, cela a entraîné des problèmes auxquels nous aurions dû être plus attentifs.
L’agriculture entretenait les canaux, les paysages, les rivières et tout un écosystème préventif aux risques d’inondations et d’incendies. La profession d’agriculteur s’étant réduite, elle a perdu sa capacité d’agir, les dégâts causés n’ont cessé de croître proportionnellement aux dérèglements que cela occasionne.
Le temps est venu de redonner à l’agriculture ses vocations essentielles pour revenir à une production moins industrielle, tout en permettant aux agriculteurs de vivre dignement.
Les chiffres sont effrayants selon la MSA/ Mutualité Sociale Agricole (l’organisme de protection sociale des agriculteurs), un tiers d’entre eux gagne moins de 350 euros par mois. Et, selon le Sénat, en France, un agriculteur se suicide tous les deux jours. C’est 20 % de plus que le reste de la population.

Nous devons revenir à une agriculture de proximité moins productiviste et plus propre. Nous devons sortir de cette impasse écologique qui a créé une situation dégradée dues à l’empilement des normes nationales et européennes qui ont volontairement choisi l’industrialisation de l’agriculture. Ce véritable carcan règlementaire se fait au détriment des petites exploitations.
Combien de temps allons-nous faire porter à l’environnement ce besoin de modernisation délirant ?
Quand reviendrons-nous à la noblesse d’un métier essentiel pour le bien commun ?
Comme le Salon annuel de l’Agriculture, nous devrons construire toute l’année des passerelles entre le monde citadin et le monde agricole ; dans les Pyrénées – Orientales nous sommes quelques-uns à y travailler.
N’hésitez pas de leurs rendre visite, car certaines fermes prennent à cœur de vous accueillir grâce à des réseaux de mieux en mieux organisés.
Nous concernant plus particulièrement, à la Ferme de Découverte Saint André nous animons des ateliers biberons, nourrissage des bovins, graines de jardiniers, des ateliers de saison et dix autres ateliers exclusivement prévus pour les scolaires et accueils de loisirs.
Quoi qu’il arrive, nous garderons intact notre plaisir de partager certaines valeurs agricoles auxquelles nous croyons fortement.
Il faut montrer et expliquer les pratiques agricoles pour lutter contre l’agribashing.
Il faut préserver certaines pratiques agricoles et en créer de nouvelles, ce qui est nécessaire dans un département touristique comme le nôtre.
Si vos enfants ou petits-enfants n’ont pas la chance d’avoir le Grand-père ou le Tonton agriculteur, si vous n’avez pas l’opportunité de « monter à la capitale » voir les artifices de la plus grande ferme du monde, n’hésitez pas à profiter du printemps pour visiter les fermes du département, vos enfants se régaleront.

Hubert LEVAUFRE
La Ferme de Découverte Saint-André.