Communiqué de presse

Le 20 juin 2016

Confirmation internationale de la menace représentée par le saumon d’élevage
pour le saumon sauvage

Pourtant les plus grands pays producteurs de l’OSCAN font peu de progrès vers la solution : l’élevage en en circuit fermé sur terre

St. Andrews (N.-B.) — La Fédération du saumon atlantique (FSA) demande au gouvernement canadien de concevoir et de mettre en place un plan efficace de transition vers l’élevage en circuit fermé sur terre du saumon de l’Atlantique actuellement élevé dans des cages marines.

Rassemblés en séance extraordinaire sur la salmoniculture à l’occasion des réunions de l’Organisation pour la conservation du saumon de l’Atlantique Nord (OCSAN) le 8 juin, en Allemagne, des scientifiques au fait du problème et le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM) ont confirmé que des preuves substantielles s’accumulent pour démontrer que l’aquaculture dans des cages marines peut réduire la survie du saumon atlantique sauvage. Malgré tout, aucune des parties de l’OSCAN (le Canada, l’Écosse, la Norvège et l’Irlande) n’a présenté de plan stratégique, accompagné d’un échéancier, qui serait destiné à proposer ou appuyer la transition vers l’élevage en circuit fermé sur terre.

La Norvège a instauré une approche de pollueur-payeur et des permis verts en vue de stimuler l’utilisation de technologie soucieuse de l’environnement. L’industrie norvégienne profite des concessions de développement mises au point par le gouvernement norvégien pour orienter l’investissement vers les grands changements technologiques. Confrontées à l’augmentation des coûts de production, à cause surtout du pou de mer et des fuites en eau libre, les entreprises Marine Harvest et Hauge Aqua ont signé un contrat, en février 2016, les engageant à investir 100 millions de dollars dans la mise au point de systèmes marins d’élevage milieu clos.

Pêches et Océans Canada (le MPO) a déterminé que la salmoniculture dans des cages marines était une menace pour les populations indigènes de saumon sauvage de l’intérieur de la baie de Fundy, où le saumon était considéré « en voie de disparition » en 2003 selon la Loi sur les espèces en péril du gouvernement fédéral. Les populations de saumon sauvage à l’extérieur de la baie de Fundy et le long de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse ont été désignées « en voie de disparition » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et celles de la côte sud de Terre-Neuve, « population menacée ». Les évaluations du potentiel de rétablissement réalisées par le MPO pour toutes ces populations sauvages pointent constamment du doigt la salmoniculture en cages marines jugées très préoccupantes pour le rétablissement et la survie du saumon sauvage.

Le président de la FSA, Bill Taylor, commente : « Malgré ces preuves, le Canada continue d’investir massivement pour appuyer l’élevage en cages marines qui a un effet nuisible sur les populations de saumon atlantique sauvage et sur l’environnement, en faisant peu de cas de la recherche et du développement technologique, du financement et des incitatifs destinés à favoriser la transition vers des systèmes en circuit fermé. »

De son côté, Jon Carr, directeur – Recherche et environnement de la FSA, affirme : « La recherche sur l’aquaculture en systèmes en circuit fermé est largement laissée aux secteurs privé ou à but non lucratif. En raison des démarches du secteur privé, il y a actuellement deux entreprises (Sustainable Blue et CanAqua) en Nouvelle-Écosse qui pratiquent la salmoniculture dans des installations à circuit fermé à des fins de commercialisation et elles projettent de l’expansion. Depuis plus de cinq ans maintenant, la FSA collabore avec le Conservation Fund Freshwater Institute de la Virginie de l’Ouest à des études axées sur une technologie en circuit fermé durables, tant du point de vue économique qu’environnemental, qui sépare complètement le poisson d’élevage du milieu naturel. »

À la séance extraordinaire de l’OSCAN, une présentation donnée par Ivar Warrer-Nansen, d’Inter Aqua Advance au Danemark, portait sur les dernières avancées, les coûts et les avantages de l’aquaculture en circuit fermé sur terre. Il a fait état de progrès rapides vers une salmoniculture durable sur le plan environnemental et économique, surtout pendant la dernière année.

Bill Taylor poursuit : « Le moment est venu pour le Canada d’investir afin d’appuyer les installations d’élevage en circuit fermé plutôt que les activités d’exploitation en cages marines projetées par Grieg Newfoundland, une entreprise norvégienne. En effet, celle-ci a l’intention d’établir 11 sites d’élevage du saumon de souche européenne en mer dans la baie de Placentia, dans le sud de Terre-Neuve. Un tel aménagement aurait lieu dans une région où le saumon sauvage a été désigné population menacée par COSEPAC. L’entreprise prétend que cette vaste exploitation ne nuira pas aux populations menacées de saumon sauvage parce que les saumons qui s’enfuient seront triploïdes ou stériles. Cependant, le procédé de triploïdie n’est pas efficace à 100 %, de sorte que quelques saumons fertiles de souche européenne pourront s’échapper et se reproduire avec des saumons sauvages locaux. Voilà une possibilité lourde de conséquences du point de vue génétique. Le pou de mer aura aussi des effets nuisibles et les populations de saumon sauvage proches des cages marines, des populations déjà menacées, en subiront des conséquences écologiques. »

M. Taylor ajoute : « Le Canada devrait se montrer responsable et se pencher sur tous les effets de la salmoniculture des cages marines sur les populations sauvages – infestation du pou de mer, maladie et affaiblissement du patrimoine génétique par les croisements – et exiger que les aménagements futurs dans l’industrie de la salmoniculture se fassent en circuit fermé sur terre. »

La Fédération du saumon atlantique est vouée à la conservation, à la protection et au rétablissement du saumon atlantique sauvage et des écosystèmes dont dépendent son bien-être et sa survie. La FSA est formée d’un réseau de sept conseils régionaux (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve-et-Labrador, Île-du-Prince-Édouard, Québec, Maine et Nouvelle-Angleterre occidentale). Ces conseils couvrent l’aire de répartition en eau douce du saumon atlantique au Canada et aux États-Unis.