Faut-il interdire de fumer sur la plage?

Les trois-quarts des Français seraient favorables à une interdiction de fumer sur les plages… C’est le résultat d’un sondange IFOP pour Ouest-France Dimanche : 42% des personnes interrogées se déclarent même “très favorables” à une telle mesure, contre seulement 9% “très opposées”.
Qu’en pensent nos élus locaux ? Nous avons pu joindre hier en soirée quelques uns des maires du littoral roussillonnais…
Pour Jean Rède (UMP), maire de Banyuls-sur-Mer sur la Côte Vermeille : “Non seulement je ne suis pas d’accord pour instaurer une telle mesure, mais celle-ci serait totalement inapplicable même dans le cadre d’une loi ! Il faudrait mettre un gendarme ou un policier derrière chaque baigneur, cela est ridicule… C’est de la pure folie ! Faut pas exagérer. Que l’on inculque davantage de civisme aux individus, oui, notamment pour ce qui concerne le ramassage des mégots puisque ce sont les fumeurs qui sont visés ici, mais arrêtons d’encadrer les allées et venues des gens… Laissons-les respirer, si j’ose dire !”.
Pour Pierre Roig (UMP), maire de Sainte-Marie-la-Mer, entre Canet-en-Roussillon et Le Barcarès, vice-président de l’agglo Perpignan-Méditerranée Communauté d’Agglomération, suppléant du sénateur Jean-Paul Alduy : “Une telle contrainte serait effectivement très difficile à appliquer sur le terrain. Peut-être que l’idéal serait de faire ce qu’a fait la commune de La Ciotat (Bouches-du-Rhône), à savoir la création d’une plage non fumeur ?… Je ne sais pas. Si c’est une demande qui émane réellement du public, il faut s’interroger. Mais ce sera très difficile d’empêcher les gens de fumer sur la plage. Si c’est une mesure d’hygiène, c’est-à-dire pour éviter que les fumeurs enterrent leurs mégots dans le sable, je crois que la solution des “cendriers de plage” est une bonne réponse au problème. Il faut l’accompagner d’une certaine éducation. En tout cas, nous, à Sainte-Marie, chaque jour en été, on crible nos 2,4 kilomètres de plage, entre 2 heures et 8 h du matin. Je peux vous dire qu’il n’y a pas une cigarette qui traîne ensuite puisque notre “cribleuse” est équipée pour absorber même les mégots !”.
Pour Michel Moly (PS), maire de Collioure, 1er vice-président du Conseil général des Pyrénées-Orientales et président du Conservatoire du Littoral méditerranéen : “Si en 1995, la commune de Collioure a obtenu le Calumet d’Or et la Marianne d’Or pour sa création du fameux “cendrier de plage”, c’est bien parce que déjà, à cette époque, on s’intéressait au problème. Depuis, chaque année, nous mettons à disposition du grand public sur nos plages environ 20 000 cendriers. Celui-ci a évolué : il est moins esthétique car au fil du temps nous avons privilégié un message – “collioure.nette” – plutôt que de mettre Collioure et son célèbre clocher en images. Car nous nous sommes aperçus qu’il était devenu un objet de collection pour celles et ceux qui se le procuraient, et qu’il était du coup davantage présent dans les vitrines de certaines boutiques et chez les brocanteurs plutôt que sur la plage ! Or, le but était qu’il soit sur la plage. Pour nous, municipalité de Collioure, et pour les habitants de Collioure soucieux de leur cadre environnemental, de sa propreté, il était évident que la démarche de mettre à disposition ce “cendrier de plage” depuis l’Office de tourisme, c’était d’abord une façon de se respecter, d’entretenir notre site bien aimé… C’est un clin d’oeil au civisme des gens ! Il n’est pas question d’interdire”.
En tout cas, à en croire les très nombreuses réactions qui circulent sur le net, le sujet ne laisse pas indifférent. Bizarrement, et paradoxalement par rapport aux résultats du sondage réalisé à la demande de Ouest-France Dimanche, les trois-quarts des internautes semblent farouchement opposés à une interdiction de fumer sur la plage… Parmi ces premières réactions, hier en fin d’après-midi, un auditeur de RTL résumait ainsi un avis largement partagé sur la toile : “Interdire les plages aux fumeurs, la bonne idée que voilà. Mais pourquoi s’arrêter là ? Il faut aller plus loin, dans ce cadre de l’intolérance institutionnalisée, car oui la tranquillité de nos estivants doit être respectée ! (…). Si le fumeur peut être considéré comme une gêne olfactive, éliminons dans le même ordre d’idées : les usagers de la crème solaire, nauséabonde par excellence, ainsi que les adeptes du casse-croûte graillon sur la plage. Dans les gênes sonores, interdits de plage : les bambins aux cris stridents, les accros du portable et des retransmissions de baballes par le biais du transistor. Exit aussi les canidés aux aboiements et aux déjections intempestives. Et que dire des ventres mous et des bidochons qui se pavanent sans complexe ? (…)”.