Est-ce que vous n’en avez pas assez d’entendre : « Il faut économiser l’eau » ! Ceci d’autant plus que lorsque des annonces sont faites de cette manière, cela veut dire en clair, que l’eau va augmenter. Il en est ainsi également pour ce qui concerne l’électricité, le gaz, etc.

Que faut-il faire pour économiser l’eau ? Ne plus se laver ? Ne plus prendre sa douche ? Ne plus tirer la chasse d’eau ? Aller à la rivière laver son linge ? Si telle est la réponse, évidemment, elle ne peut avoir qu’un avis défavorable. Elle ne peut nous satisfaire. L’eau, comme chacun le sait, est indispensable pour la propreté, l’hygiène, la santé. De plus, elle est un bien commun qui nous appartient. Nous ne le répéterons jamais assez.

Économiser l’eau, nous savons faire

Si nous sommes en pénurie, les quelques millimètres tombés ces deniers jours n’ont réglé en rien le problème. Ce qui est certain, ce n’est pas par des mesures incantatoires que les solutions seront trouvées. Nous pouvons répéter jusqu’à satiété que la constitution d’une régie départementale de l’eau est nécessaire pour veiller à une bonne utilisation ; que les maires doivent s’impliquer dans cette orientation possible, ce n’est pas pour autant que l’eau bénite des Dieux viendra inonder nos plaines, remplir les nappes phréatiques. Dans le même ordre d’idées, pourquoi ne pas activer les « Conjuradors » ? C’est vrai qu’ils ne sont pas nombreux à notre connaissance dans notre département. À Estagel, nous avons de la chance. Nous en avons un.
Soyons sérieux ! L’eau, élément naturel, indispensable à la vie, doit être gérée avec la plus grande rigueur et non dans la rigidité la plus abrupte et donc inefficace. Comme dans toute gestion, il existe les recettes et les dépenses. Un bon gestionnaire, gère son budget en ayant deux soucis constants : diminuer les dépenses sans que cela génère des nuisances au bon fonctionnement de l’entreprise ou autre, augmenter les recettes.
Nous venons de dire que diminuer les dépenses de l’eau, nous ne l’entendions que trop à notre humble avis. Cela, nous savons faire. Vu uniquement sous cet angle, il y aura fatalement des nuisances à court terme, mais aussi dans la durée. Reste à voir les recettes, c’est-à-dire, trouver de nouvelles ressources.

Des propositions doivent être élaborées

Elles pourraient être de plusieurs ordres. Envisager dans la construction de maisons nouvelles, les possibilités de prévoir la récupération des eaux de pluie. Cela pourrait être aussi prévu au niveau d’un lotissement.
Lancer les études pour réaliser au plus vite des retenues tout le long de nos trois fleuves pour récupérer l’eau des crues qui ne manqueront pas d’intervenir. Du moins espérons-le.
Utiliser l’eau de mer en investissant dans les machines nécessaires pour soustraire le sel. Pour cela, nous pouvons demander conseil à nos voisins Espagnols. Préparer les infrastructures nécessaires à l’utilisation de l’eau que nous avons la chance d’avoir sous nos pieds dans notre département. Nous voulons parler du gouffre de la «Font- Estramar » à Salses.
Surtout, que l’on ne vienne pas nous dire que tout cela a un coût, que c’est cher. Nous le savons. Mais nous savons aussi que les pertes de récoltes engendrent des marasmes mortifères pour l’économie départementale. Que le manque d’eau peut nuire au fonctionnement de certaines entreprises. Nous pensons particulièrement aux caves viticoles surtout pendant les vendanges. Pas pour baptiser nos vins, rassurez-vous, mais bien pour les nettoyages incessants devenus indispensables.
Ces réalisations évidemment, placées sous la vigilance des citoyens par l’intermédiaire d’une collectivité départementale peut-être, locale, certainement. Ainsi, les bÅ“ufs seraient à leur place : devant les charrues. Cela aurait aussi un avantage : éviter aux financiers de toute envergure, d’utiliser notre bien commun à des fins mercantiles.

Créer les conditions d’une nécessaire confiance

Ces élaborations seraient de nature à donner confiance aux habitants de nos villes et villages. Il n’y a rien de pire en effet, que de voir les problèmes, en permanence, d’une façon négative. Pour ce qui nous concerne, nous pensons que ne prévoir que des restrictions d’eau, amène inévitablement des idées de fatalisme. Des propositions, à l’opposé, font espérer autre chose, une vie meilleure. Et l’homme, à besoin d’espérer pour vivre.
Ne nous trompons pas. L’eau est un enjeu politique, économique pour le troisième millénaire. C’est donc à demain qu’il est urgent de penser ; de penser aux générations futures. Il est donc urgent de remettre les perspectives sur leurs deux pieds, pour envisager des demain sereins.
Gérer, c’est prévoir. Gérer, c’est faire des choix.

Joseph JOURDA.