À ce seul titre, nous pourrions être tentés de dire : « Il faut arrêter immédiatement sa production ». Ce n’est évidemment pas aussi simple. Une réflexion s’impose, car il est question d’unir ceux qui ont des intérêts communs : les exploitants familiaux, les agriculteurs, les consommateurs.

Prendre la diversité d’un maximum d’éléments en compte, semble indispensable pour comprendre toute situation, pour construire autre chose que ce que nous sommes en train de vivre imposé par la finance. La volonté est commune : arrêter les friches, produire sainement.

Un peu d’histoire…

La découverte du glyphosate se situe dans les années 1950. Elle est laissée de côté jusqu’aux années 1964 ou un brevet est déposé. Il va servir à détartrer les chaudières et les canalisations d’eau. En 1970, un pas supplémentaire est accompli dans l’utilisation que nous connaissons aujourd’hui. En 2015, le glyphosate est classé « cancérigène probable ». La suite, nous la connaissons.

Des voix s’élevaient déjà contre son utilisation

Ce désherbant, lié à l’activité humaine, fut fortement contesté dés sa mise en marché à grande échelle. Les exploitants familiaux de ce moment, étaient rebelles à l’utilisation du glyphosate. Certains, avec un sourire à la commissure des lèvres, les traitaient de ringards. Aujourd’hui, nous pourrions dire qu’ils étaient en avance sur le temps. Ils savaient que se profilait le productivisme qui mettrait en péril une production raisonnée au service des hommes. Qui mettrait en danger les consommateurs, les producteurs dans leur santé. Pour ces derniers, que leurs exploitations allaient souffrir financièrement. Qui mettrait en danger une production respectueuse de l’environnement. Ils avaient déjà analysé que se profilait une production au service exclusif de la finance entraînant la spéculation sur les terres et pire, sur l’indépendance alimentaire de notre pays. Que la terre allait devenir un objet de spéculation éloignée de sa vocation à nourrir les hommes.
N’est-ce pas cela que nous sommes en train de vivre ?

Quel positionnement avoir ?

Tout est conciliable, à condition de mettre en œuvre les moyens et pour ce qui nous concerne, les moyens financiers.
Je ne connais pas un seul exploitant qui soit d’accord pour dire oui au glyphosate. Il n’en existe pas un pour décider de se suicider et d’empoisonner sa famille. Cela n’existe pas. Le problème est donc ailleurs. C’est celui du revenu qui est posé avec force. C’est ce revenu qu’il est nécessaire de compenser d’égale manière aux pertes qui seront engendrées lorsque le glyphosate sera interdit. Reculer pour mieux sauter n’a jamais entraîné les aboutissements souhaités. Dans quatre, cinq, dix ans, les problèmes resteront les mêmes. Les premiers qui auront à subir cette politique qui ne va pas jusqu’au bout des applications nécessaires, seront les exploitants familiaux.
Dans le même temps, il est urgent de mettre la recherche sur les bons rails, en lui donnant comme mission, de trouver les moyens de substitutions.

Qui doit compenser les pertes de revenu ?

Si la recherche, il me semble, doit incomber à l’Etat, il en va différemment des compensations possibles.
Monsanto, ce géant de la finance, a fait des profits colossaux sur les reins de ceux qui s’échinent à travailler la terre. Rarement, les profits accumulés sont rendus publics. Nous savons tous qu’ils sont énormes, qu’il nous est difficile d’ajouter les zéros à la suite du chiffre.
C’est à lui d’assurer les compensations. Ce ne serait qu’un juste retour des choses. Ceci d’autant plus que demain, ce sera toujours lui ou son cousin germain, qui mettront en marché les mesures de substitutions à ce poison représenté par le glyphosate.
Nous n’avons pas le droit de nous taire, ni de mettre notre tête dans le sable. Notre devoir, est de cerner les problèmes, les contradictions, pour avancer dans la voie qui sera celle du respect des hommes grâce à une alimentation saine. Du respect de la rémunération du travail de ceux qui produisent, de l’environnement. Sans cette réflexion, point de salut possible. Sans cette réflexion, la finance a encore de beaux jours devant elle.
Nous sommes capables de cette réflexion, alors plus d’hésitation, faisons.
De là, viendront les actions nécessaires, producteurs et consommateurs liés, unis, pour le bien de l’humanité.

Joseph JOURDA.