Alors que le mois de mai 2012 s’annonçait “exceptionnel”, sur le calendrier en tout cas, grâce à ses nombreux “ponts” de congès autour des jours fériés – 4 jours possibles le 1er, 4 autres le 8 mai également, car tombant à chaque fois un mardi… + le jeudi de l’Ascension + le lundi de Pentecôte… – à l’arrivée le compte n’y est pas, en terrasses de cafés et dans les restaurants notamment.

A l’origine, incontestablement, le mauvais temps (une météo déprimante)… et bien sûr, la crise ! Les clientèles toulousaine et barcelonaise, par exemple, qui constituent traditionnellement le gros des “touristes de proximité” (dans un rayon de moins de 200 kilomètres), n’est pas venu au rendez-vous de ces week-ends prolongés. Bilan des courses : de – 25% à – 40% selon les établissements de référence situés dans les grosses stations balnéaires du littoral roussillonnais que sont Argelès-sur-Mer, Canet-en-Roussillon, Le Barcarès et Saint-Cyprien. Même la “perle” de la Côte Vermeille, Collioure, selon des fournisseurs en boissons et alimentation, ne serait plus épargnée, en dépit des bons chiffres enregistrés au niveau des aires de stationnement (parkings complets, mais…).

Autre constat, les établissements classés dans le haut-de-gamme – tant dans l’Hôtellerie de plein air, l’Hôtellerie traditionnelle et la restauration gastronomique – continuent, eux, de tirer leur épingle du jeu… tout en flairant une tendance qui est loin d’être rassurante : “le remplissage se fait, mais l’on sent bien que la crise est passée par là. Rien ne sera plus comme avant, certes, mais malgré nos investissements permanents pour toujours plus satisfaire nos clients on sent que l’avenir va vite se compliquer, peut-être même dès à présent”, reconnaît le propriétaire-gérant d’un camping situé à Argelès-sur-Mer.

Beaucoup de professionnels du tourisme, par les temps qui courent, pensaient que la clientèle française, notamment, et justement à cause de la crise financière et économique, “ne partirait pas à l’étranger” (hors Communauté européenne) et “qu’elle privilégierait des séjours sur le territoire national”, or ce phénomène, à ce jour, n’a pas lieu : “beaucoup moins de gens partiront en vacances cette année, c’est évident, et ceux qui le feront partiront certes moins loin, mais surtout moins longtemps, voire uniquement dans la famille”.

Les livres d’or installés dans les Offices de tourisme, lorsqu’ils sont accessibles à la relecture pour le commun des mortels (ce n’est hélas pas toujours le cas surtout quant des pages d’écriture dévoilent de mauvaises choses…), constituent une mine d’or pour, parfois, résumer l’air du temps : les exemples de prix élevés, voire d’abus carrément, au niveau de la restauration, sont les plus critiques. Ici, une famille se plaint d’avoir réglé une note de près de 100euros dans une pizzéria située en bord de mer : “J’ai déjeuné avec mes deux enfants”, dit cette mère de famille, “malgré un menu-enfant je trouve l’addition plutôt salée… Peut-être, certainement même, que le restaurateur a ses raisons, mais démarrer un séjour à ce tarif-là ça vous bloque pour la suite au niveau des finances”.

Enfin, entre sale temps et crise mondiale, la politique est également venue jouer les trouble-fête, avec la présidentielle (près de 80% de votants, et malgré le vote par procuration, cela signifie que nombre de gens sont restés chez eux pour accomplir leur devoir civique)… et les élections législatives à venir (10 et 17 juin 2012).

Seule satifaction à ce jour : “dans l’avenir, et il n’y a pas si longtemps que ça, on a vu et on a connu pire, au niveau de la baisse de la fréquentation en avant saison, malgré les effors de tous, privé et public (collectivités locales pour les animations), et puis la haute-saison nous a permis de tout rattraper”, explique un commerçant solidement implanté en Côte Vermeille. “Cela veut-il dire pour autant que nous sommes obligés, sur la côte catalane à ne travailler que 50 jours par an, entre début juillet et fin août ?… Il faut espérer que non ! Car les temps sont vraiment devenus difficiles, et réaliser le chiffre d’affaires d’une saison sur 50 jours comme il y a une dizaine d’années encore cela était possible et rentable, aujourd’hui n’y suffirait plus”.