Villefranche-de-Conflent, hier, dimanche 3 octobre 2021…

Le Temps du costume roussillonnais à l’époque de Prosper Mérimée

 

 

Alors que la fête du champignon battait son plein dans la cité médiévale de Villefranche-de-Conflent, classée par l’UNESCO, les membres de l’association « Le Temps du costume roussillonnais » défilaient par les rues, revêtus de leurs plus beaux atours, émanés directement du XIXe siècle

 

 

L’animation a commencé Porte de France par une présentation générale du thème de la journée « Au temps de Prosper Mérimée », hommage à l’inspecteur général des Monuments historiques qui, à l’occasion de sa première tournée, se rendit en Roussillon. Là, il entama le long processus qui mènera, dans toutes les régions de France, à repérer et nommer des correspondants pour les Monuments historiques. Mais aussi, Mérimée visita en compagnie du Catalan François Jaubert de Passa (1785-1855) plusieurs sites parmi lesquels, non loin de Villefranche, Serrabona. Il précise alors, dans ses Notes d’un voyage dans le Midi de la France (Paris, Fournier, 1835), que plusieurs éléments du prieuré sont composés de marbre provenant des carrières de Villefranche-de-Conflent.

Bref, cette présentation générale, introduite par Laurent Fonquernie, président du « Temps du Costume roussillonnais », par Fanny, adjointe du Patrimoine (Remparts de Villefranche-de-Conflent) représentant le Parc naturel régional des Pyrénées catalanes, puis par Clarisse Réquéna, spécialiste de Prosper Mérimée, fut suivi d’une lecture d’extraits de La Vénus d’Ille, nouvelle que Mérimée publia après son voyage dans le Roussillon (Revue des Deux Mondes, 15 mai 1837). Mérimée met en scène un archéologue parisien, qui lui ressemble fort, à la rencontre de son homologue catalan.

Une brève description de son passage par le Canigou en compagnie d’un guide catalan, Jean Coll, aboutit à un dialogue des plus savoureux entre les deux personnages. La lecture par Jacques Forcade (le guide) et Alain Hersart (l’archéologue parisien) a permis d’emprunter la machine à remonter le temps pour se retrouver en 1834 tant le talent des deux comédiens a su ressusciter l’atmosphère de la nouvelle et de l’époque. À n’en pas douter, Mérimée aurait fort goûté cette performance !

Plusieurs textes furent ensuite lus au gré des pérégrination par la cité en divers endroits comme devant la magnifique église. Ce choix de lectures résulte des recherches érudites que Laurent Fonquernie mène dans les fonds des bibliothèques et dans les archives, secondé activement par les membres de l’association, notamment par Marie-Christine Giraud pour la mise en Å“uvre des costumes historiques. Il s’agissait de rendre compte de la vision qu’eurent au XIXe siècle plusieurs visiteurs venus d’outre-Roussillon. Ainsi en fut’il pour le récit d’une arrivée à Villefranche publiée en 1841, de l’affaire des poisons et de l’emprisonnement des coupables ou présumées telles à la citadelle de Villefranche, d’un extrait du journal local d’alors, Le Publicateur en 1833, des danses catalanes évoquées par Amable Tastu, de l’aplec de Font-Romeu en 1821, des bienfaits du thermalisme à propos de Vernet-les-Bains en 1840, de la festa major décrite par Amédée Achard. Ces textes ont permis de mettre en lumière la beauté du Roussillon, son mystère et son originalité.

Le travail de l’association « Le Temps du costume roussillonnais », à travers ses restitutions, rend ses lettres de noblesse à une région dont les coutumes, l’art de vivre, commence à s’effacer au XIXe siècle. Plusieurs raisons président à ce déclin comme l’industrialisation uniformisante. Nombre de Romantiques comme Mérimée, Théophile Gautier, Arthur de Gobineau notamment ont lancé un cri d’alarme contre ce phénomène et partirent en quête des vestiges d’une société dont les caractères originaux tendaient à disparaître. « Le Temps du costume roussillonnais », à travers son travail de recherche et de mise en valeur du costume, permet de rappeler le souvenir d’une époque où, malgré des difficultés inhérentes à chaque période de l’histoire, l’individu était une personne avec ses caractéristiques propres au sein d’une communauté rurale ou urbaine. Le surmesure était alors la règle, l’homme n’obéissait pas encore aux machines qui étaient censées le libérer.

En tout cas, le maire de la cité de Villefranche-de-Conflent, classée au patrimoine UNESCO, Patrick Lecroq, ne s’y est pas trompé en misant sur la présence de ce rouage important pour les Monuments Historiques que constitue « Le Temps du costume roussillonnais ». Il a clôturé l’animation par un discours pour remercier l’association et dire sa satisfaction.

« A l’époque de Prosper Mérimée » par le Temps du Costume Roussillonnais.