« Il semble important de revenir sur le port de Pyréné. La ville est qualifiée au Ier siècle av. J.-C. par l’historien Tite-Live de Portum Pyrenai et l’auteur nous informe que Caton fixa au port de Pyréné le point de ralliement de toute sa flotte militaire, avant d’attaquer par les mers la colonie grecque de Rhodè (Roses) et d’envahir l’Ibérie.
Quant à Avienus, le poète latin nous apprend que la ville de Pyréné (Pyrrene civitas) était opulente et qu’elle commerçait avec les Marseillais.

Durant les années 1990-2000, d’autres chercheurs (D. Ugolini, V. Ropiot, Fl. Mazière) avaient repris le dossier du toponyme Pyréné. Appuyés par les découvertes terrestres anciennes de Pierre Ponsich, étudiées en partie par Fl. Mazière, puis d’autres lots de céramiques par nous (ID) dans le cadre d’un master, puis d’une thèse de doctorat à l’Université de Perpignan, nous sommes tous arrivés à la même conclusion : il n’y a que Collioure qui puisse correspondre au port de Pyréné.

L’étude des fouilles anciennes menées par Pierre Ponsich dans les années 1960, ainsi que les vestiges découverts dans le château de Collioure par Jérôme Bénézet et Olivier Passarius (Pôle archéologique départemental), entre 2013 et aujourd’hui, ne font plus aucun doute. Collioure est le seul site portuaire qui existait bel et bien dans la Protohistoire, dès l’époque grecque au VIème siècle avant J.-C. […] Pyréné, citée en 197 avant J.-C., où mouilla la flotte romaine de Caton, doit donc s’identifier avec Collioure. Les amphores de Marseille grecque et les céramiques de tables importées depuis l’Attique via Massalia attestent bien le commerce relaté par Avienus entre la cité grecque de Marseille et le port de Pyréné. Par contre, nul vestige d’époque grecque n’a été découvert dans la rade de Port-Vendres, et ce malgré les recherches réalisées depuis près de 60 ans : les prospections et les fouilles sous-marines sur Port-Vendres n’ont livré essentiellement que des épaves romaines datées entre le Ier siècle av. J.-C. et le Ve siècle apr. J.-C. (une quinzaine en comptant aussi celles du Cap Béar) ».

Et les archéologues de conclure : « Quant à Port-Vendres, il s’agit bien de Portus Veneris, le port de Vénus qui a servi de havre pour les bateaux romains à partir des IIème-Ier siècles av. J.-C. A cette époque, Collioure n’est qu’un lointain souvenir, et la baie de Port-Vendres devait servir d’accès maritime pour se rendre au sanctuaire de Vénus, montagne sacrée située sur le haut de la montagne qui est désignée par les géographes grecs et latins (Pomponius Mela, Ptolémée, Marcien d’Héraclée) de « promontoire pyrénéen », tel qu’on le lit sur la fameuse Table de Peutinger : Promontorium Pyrenaeum » (°).

Aujourd’hui le « temple » de Vénus ou sanctuaire de Vénus doit être raisonnablement identifié au site de la Fajouse situé au-dessus de Collioure et de Port-Vendres (commune d’Argelès), fouilles dirigées par Ingrid DUNYACH et Etienne ROUDIER.

 

 

(°) Sources et extraits : Georges Castellvi, Dr en Histoire des Civilisations de l’Antiquité, Président de l’Association Archéologique des Pyrénées-Orientales, et Ingrid Dunyach, Dr en Histoire, Histoire de l’Art et Archéologie, Présidente du Groupe de Préhistoire du Vallespir et des Aspres dans le Bulletin de l’AAPO (Association archéologique des Pyrénées-Orientales), n°33, 2019.