Nous retiendrons cette nuit…
(6 Décembre 2017, 14:45pm | Publié par Jean-Marc Pujol)
Johnny Hallyday est décédé, emporté par un cancer du poumon à l’âge de 74 ans. Toutes nos pensées vont naturellement vers sa famille et ses proches.  Nous retiendrons tous cette nuit, du 5 au 6 décembre 2017, au cours de laquelle il s’en est allé, et nous n’oublierons jamais ni son nom ni ses chansons…
Les réactions sont nombreuses et en continu pour lui rendre hommage tellement chaque foyer français, ou presque, a « Quelque chose de Johnny ».
Pendant plus d’un demi-siècle de carrière, Johnny Hallyday a accumulé les records, au rythme d’une cinquantaine de concerts et spectacles par an, aux quatre coins du monde francophone : de Bruxelles à Montréal, de Bercy à Paris au stade municipal de Millas, de Lille à Perpignan… Dix-huit Bercy à Paris pour la seule année 1987, 86 concerts en 1978 ; 44 pour le seul été 1977 dont deux passages dans les P-O : le 16 juillet de cette année-là à Canet-plage et, en suivant le 12 août à Thuir.
Au-delà du professionnalisme du chanteur, au-delà de la durée de sa carrière (presque soixante années), au-delà de son talent aux multiples facettes musicales (d’un rock pur et dur à une variété française plus légère), au-delà de collaborations prestigieuses avec les plus grands auteurs-compositeurs francophones – Charles Aznavour, Philippe Labro, Pascal Obispo, Didier Barbelivien, Michel Berger, Etienne Roda Gil, Mortimer Schuman, Luc Plamondon… – au-delà de ses dizaines de duos sur scène (dont un inoubliable en 1997 avec Montserrat Caballé pour « Chanter pour ceux qui sont loin de chez eux »), au-delà de ses adaptations bien senties piochées dans le répertoire américain… Au-delà de tout, ce qui provoque le tournis avec Johnny Hallyday ce sont les chiffres : un millier de chansons enregistrées, cent millions d’albums vendus (on ne compte pas là-dedans les 45-tours)… et des centaines de milliers de spectateurs chaque année lorsqu’il se produisait sur scène.
En se remémorant ce palmarès, on comprend mieux « LA » bête de scène qu’était Johnny Hallyday et, surtout, comment sa popularité inouïe a traversé le temps pour accompagner plusieurs générations de Français dans leur quotidien, depuis la maison jusque sur leur lieu de travail, dans les loisirs et les fêtes. Il suffit d’ailleurs de se rendre dans un karaoké, en Bretagne ou en Pays catalan, pour mesurer combien et comment Johnny Hallyday restera un chanteur très populaire. J’avais 20 ans, en 1969, il triomphait avec « Que je t’aime ». Son succès est aussi là : chacun d’entre nous peut relier un de ses tubes à une étape, à un moment de sa vie, de son intimité. Johnny restera à jamais dans la mémoire collective, dans nos cœurs. Dans l’interprétation de ses textes gravés dans le patrimoine de la chanson française, il nous a appris les « Tendres années », à « Danser le twist »,  la « Rock’n’roll attitude », à « Vivre pour le meilleur », « Sur la route de Memphis » ou ailleurs… et à être toujours libres dans nos têtes, comme un certain Diego.

///////////     //////////     //////////      //////////     //////////     //////////

 

Perpignan perd son ambassadeur littéraire
(5 Décembre 2017, 15:26pm | Publié par Jean-Marc Pujol)
Jean d’Ormesson s’en est allé ce mardi 5 décembre 2017. Les medias, s’appuyant sur des tonnes et des kilomètres de réactions, de témoignages, de commentaires, d’anecdotes, reviennent toujours avec le même qualificatif, s’agissant de lui : « un grand et bel homme ». Il y avait son regard d’acier, d’un bleu indéfinissable tellement bleu insolite et original. Il y avait aussi  son sourire, ses mots. Il y avait bien sûr sa culture générale, intarissable, son esprit, vif, et ses traits d’humour. Jean d’Ormesson, intergénérationnel, savait faire passer les messages, les idées. Il osait s’aventurer dans l’action, la réflexion, respectant le temps, les hommes et leurs convictions, construisant sa vie avec passion, jouant avec l’élégance des mots. L’écouter, le lire, découvrir son propos sur des terrains inhabituels, respirer son verbe pour mieux sentir et comprendre son engagement intellectuel, c’était tout simplement croquer la vie à pleines dents.
Avec lui, pas besoin d’interminables litanies pour savourer le choc des mots, le poids d’un édito. Oui, Jean d’Ormesson était un être fascinant, parce que : attrayant, attirant, séduisant, farceur également. Tout lui était facile pour exprimer une opinion, pousser un cri, dégainer une colère, sans jamais être un ton au-dessus, ou en-dessous de la ceinture.
Perpignan perd un ambassadeur. Son ambassadeur. Grâce à son ami André Bonet, fondateur du Prix Méditerranée, dont il était le président d’Honneur, Jean d’Ormesson avait noué une belle et grande histoire d’amitié et d’amour avec notre cité. C’est bien de son vivant que Paul Alduy, alors maire de Perpignan, avait fait le choix de donner le nom de « Jean d’Ormesson » à la bibliothèque municipale de la ville nouvelle du Moulin-à-Vent. Depuis une trentaine d’années, au moins, Jean d’Ormesson n’a jamais manqué une occasion pour venir sous le soleil du Roussillon, répondant toujours favorablement à chacune des invitations du Centre Méditerranéen de Littérature (CML) et de la Municipalité. Il n’avait d’ailleurs pas besoin d’un faire-part pour revenir à Perpignan. Il était plus qu’un Catalan d’adoption ; il était Catalan de cœur !
Parmi les dizaines de citations qu’on lui connaît, je retiens tout particulièrement celle-ci : « C’est quand il y a quelque chose au-dessus de la vie que la vie devient belle ».
J’ai décidé que le salon Jaune de l’hôtel Pams portera le nom de Jean d’Ormesson.