Une première à Perpignan: AVEC WERENS, L’ART NOBLE DU GRAFFITI S’AFFICHE AU YUCCA WERENS (Ramon PUIG) est un authentique pionnier du graffiti, en bon français un graffiteur ou « street arteur ».

 

Originaire de Sabadell (Espagne), au nord de Barcelone, après avoir suivi des formations à l’école d’art La Massana, puis au London College of Printing, il s’investit dans cet art de la rue et de la fresque contestataire, qui venait de naître aux USA. En 30 ans, il a couvert à coups de bombes de peintures des murs dans le monde entier : Marrakech, Venise, Berlin, Bombay, New-York, Londres, Lisbonne, Taïwan, Afrique du sud, autant de preuves de la reconnaissance de l’importance de ses œuvres.

 

Mais il faut aussi dire que ses premiers graffitis dans sa ville, ont souvent été victimes des brigades de nettoyage et qu’il a fallu du temps pour avoir enfin une reconnaissance méritée et sa place au Musée d’art de Sabadell. Il ne s’agit pas d’un « taggeur » comme il en a fleuri un peu partout, mais d’un artiste qui conjugue efficacement esthétique, créativité et revendication. Cet art de la rue, avec pour support le béton, la brique ou l’asphalte, est loin d’être un art mineur. Il prend à son compte un des éléments essentiels de l’Art, celui de provoquer une émotion. Qu’elle provoque un émoi tout de tendresse, un simple sourire, un coup de poing dans l’estomac ou un éblouissement, toute œuvre doit surprendre, ce n’est qu’une question de degré et de volonté artistique et citoyenne de la part du créateur. WERENS, a choisi le mode de la revendication.

 

Dans une écriture totalement différente, il s’apparente à BANKSI dans l’analyse critique de notre société. WERENS appartient au même courant de pensée, dénonciateur de l’absurde, que Orwell ou Kafka. Sur toile, sur carton, sur murs de maisons ou d’usines, il met en scène une végétation qui tente de regagner le terrain conquis par l’homme au détriment de la Nature.

 

Il crée une armée de guêpes-drones qui surveillent la population embrigadée dans les règlements, les addictions créées par le marketing effréné et les incohérences de notre société. Avec leur tête en objectif de caméra, elles traquent les hommes qui pourraient encore exister au milieu d’une population de zombies. Il a adopté une stratégie efficace pour transmettre ses messages : colorés, esthétiques, dynamiques, révélant une excellente maîtrise du dessin et fondamentalement contestataires, ses graffitis ne peuvent que faire l’unanimité de tous ceux qui subissent ce qu’il dénonce.

 

Ses bombes (de peinture) ne sont pas agressives, parce que le style de WERENS est indéniablement artistique et ne peut donc laisser indifférent. Face à cette exposition, on pourrait oublier qu’il est avant tout un artiste de rue, donc essentiellement un créateur d’œuvres dont l’exposition n’est pas réservée à un musée, ou au seul regard du propriétaire d’un appartement, mais au contraire, dans la rue, offert à la vue de tous.

 

Il s’agit là d’un cadeau, généreux et humaniste, offert à tous ceux qui sont capables de voir le monde autrement qu’au travers du prisme du consumérisme et de l’esclavage du paraître. En bref, une exposition, rare, dérangeante et séduisante à la fois, qu’il faut absolument voir et que, exceptionnellement, l’on peut acquérir. Comme dirait Pierre RABHI, pionnier de l’agro-écologie : c’est l’insurrection des consciences !

 

Exposition au Yucca du 9 novembre au 2 décembreÂ