Annyck LLORY et TRENCAROCS à l’hôtel QUALITY: une même réaction face à notre monde, deux réponses cohérentes. Annyck LLORY ne peut être qualifiée de peintre, ce serait par trop réducteur. Elle est aussi, psychothérapeute et il est évident que si la peinture n’impacte pas son métier, son exercice professionnel lui, influence fortement sa peinture.

 

Plus que quiconque, au quotidien, elle est confrontée aux réalités dramatiques, aux fêlures, ou pire aux fractures et cela ne peut se faire sans laisser de traces, encore plus chez un artiste. Un artiste authentique est un être humain encore plus sensible à l’ensemble des vicissitudes de la vie moderne. Si l’écologie est au centre de nombreuses conversations, ce n’est par un effet de mode, mais parce que le réchauffement, les catastrophes industrielles, l’agriculture dénaturée, les tensions et les conflits armés qui investissent l’actualité, ne sont pas que rumeurs mais des réalités dramatiques, qui ne peuvent laisser l’esprit en paix.

 

Par son métier, elle est, qu’elle le veuille ou non, le réceptacle de tous ces éléments négatifs. L’artiste doit prendre alors le relais, s’exprimer dans des Å“uvres fortes, emplies de ces tensions, pour exorciser, pour trouver une catharsis à cette pression lourde à supporter, puisque doublement vécue au titre de psychothérapeute et d’artiste. Annyck LLORY a fait des études d’histoire des sciences, puis de psychologie clinique. En parallèle, elle a pratiqué la tapisserie contemporaine selon la tradition des Gobelins et l’a enseigné dans les Yvelines. Déjà là, il y a eu interpénétration puisque son mémoire de maîtrise s’intitulait : “L’art de la tapisserie, une approche psychanalytique “.

 

Puis elle a rencontré la peinture. Essentiellement autodidacte sur ce médium, elle a entamé un dialogue avec elle-même. Pratiquant des techniques mixtes et aujourd’hui l’acrylique fluide, devant la toile vierge, elle est comme l’écrivain devant la page blanche, elle ressent l’excitation du combat contre ses propres forces obscures. Elle est en perpétuelle recherche, pour trouver le moyen de faire surgir l’Å“uvre du chaos. C’est une déambulation dans des imaginaires aquatique, organique, onirique. C’est faire jaillir la couleur et la lumière des profondeurs obscures. Son univers est complexe, ses toiles nous attirent et se dérobent. Le message, en réalité, est énigme et ne se laisse pas appréhender facilement, il faut du temps pour la découvrir et l’interpréter. Cette exposition nous en offre l’opportunité.

 

TRENCAROCS est un éco-plasticien, vous l’aurez compris, un artiste dont l’implication écologique est aussi essentielle que la créativité artistique. Deux domaines de travail, l’atelier, la nature. Dans les deux lieux, les deux univers, un même démarche, il s’agit de mettre son “grain de sel” en révélant la poésie d’un galet de rivière ou d’une branche d’olivier ou d’une racine d’alzine, et/ou de combiner des matériaux divers, souvent abandonnés et déjà modifiés par le temps, usés, roulés, rouillés ou encore, créer en pleine nature des Å“uvres éphémères, qui peuvent disparaître du jour au lendemain.

 

Ce n’est pas du bricolage, cela relève profondément d’une relation intime, d’une vigilance, d’un Å“il exercé à déceler la forme, la couleur, d’un élément minéral, végétal ou d’un objet laissé pour compte par l’homme, matériaux glanés qui pourront créer une harmonie, par eux-mêmes et face à la Nature : “J’évoque la vigilance, parce qu’il ne s’agit de faire n’importe quoi, même si ce sont des associations de n’importe quoi”. Pour TRENCAROCS il s’agit de garder un rapport étroit avec la Nature, parce que c’est elle et le hasard qui inspirent le sculpteur. Les galets déstructurés, les bois roulés, les morceaux de fer récupérées, les miroirs qui démultiplient l’image, tous ces éléments, modifiés au minimum, sont les constituants d’une ode à la Nature. Il n’y a pas de préméditation, ce sont les matériaux qui guident l’artiste vers un aboutissement aléatoire, “inimaginé” lors de la collecte le long du Tech ou dans les collines des Albères.

 

L’atelier-réservoir des matériaux de base de TRENCAROCS est un joyeux capharnaüm, et c’est précisément de ce chaos que vont sortir des Å“uvres pleines d’une vigueur inattendue, d’une originalité confondante et d’une vérité simple, en bref, le reflet de la nature. Exposition du 31 octobre au 25 novembre 2018, tous les jours de 15h à 19h.

 

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