Magistrat au parquet pendant quinze ans, puis juge d’application des peines, notamment à Toulouse, pendant quinze ans, Philippe Laflaquière est aujourd’hui procureur adjoint au parquet de Perpignan. Il présentera au CML (Centre Méditerranéen de Littérature), lundi 19 mai à 18h, dans les salons de l’hôtel Pams, son ouvrage  « Longues peines, le pari de la réinsertion » (Ed. Milan).  

Comment se prépare, se décide et se met en Å“uvre  la réinsertion des condamnés à de longues peines ? Comment restituer à la société avec le moins de violence possible ceux qui, précisément, l’ont le plus violentée ? Comment concilier la nécessité d’accorder une chance aux criminels, du moins lorsque cela est possible, avec la souffrance et les appréhensions des victimes ? A ces questions, « Longues peines », tente de répondre en abordant les grand thèmes qui en font un sujet particulièrement sensible, à commencer par le risque de récidive. Ancien magistrat de l’application des peines en charge pendant dix ans des détenus du centre de détention de Muret (Haute-Garonne), Philippe Laflaquière explique son travail sous forme de « récits » tirés de dossiers réels, dont certains ont défrayé la chronique, tels que la libération de Bertrand Cantat, ou encore l’affaire ayant inspiré « l’appât », le film de Bertrand Tavernier. Ainsi plongé au cÅ“ur  des responsabilités écrasantes qui sont celles du juge de l’application des peines,  le lecteur est amené à son tour à croire (ou non) au « pari de la réinsertion ».

Un pari sur l’humain

Philippe Laflaquière nous rappelle que la perpétuité réelle existe en France.  La libération conditionnelle n’est absolument pas automatique. Si un détenu présente toujours une dangerosité même après une longue détention, il n’est pas libéré.  Il a lui-même  refusé  une libération conditionnelle à quelqu’un qui avait passé 48 ans derrière les barreaux. Il raconte comment s’aborde la libération d’un détenu qui a purgé une longue peine : «  C’est, selon lui,  un parcours du combattant. Une libération conditionnelle n’est pas un cadeau apporté sur un plateau. Au-delà des textes, il y a aussi le contact personnel, l’intuition. Et le cheminement interne des condamnés par rapport à leur culpabilité, à la conscience qu’ils ont de la souffrance qu’ils ont infligée.»

Philippe Laflaquière  reste marqué par sa fonction de juge d’application des peines. Plus  les réinsertions étaient difficiles, plus cela l’a passionné. C’est moins confortable intellectuellement et moralement que d’être le magistrat qui condamne. Il a libéré plus de 40 condamnés à perpétuité, ce qui est considérable. Cette fonction lui a permis d’apprendre beaucoup sur la  complexité de l’être humain. Il ne faut pas nier, selon lui,  la part d’ombre, qui est considérable, mais essayer d’exploiter la face positive. Dans le passage à l’acte criminel, il faut prendre en compte le trajet de vie. Beaucoup de ces auteurs ont eu des enfances fracassées, des vies violentées. Et dans les évolutions positives, il y a la force de rencontres qui font basculer vers le positif. Et Philippe Laflaquière  de conclure : « La grandeur du juge, c’est de prendre la bonne décision, au bon moment, pour la bonne personne. »

« Longues peines, le pari de la réinsertion », de Philippe Laflaquière , aux éditions Milan. (217 pages, 17,90 €)

Le Programme :

Lundi 19 mai 2014, rencontre-débat avec  Philippe Laflaquière, auteur du livre  « Longues peines, le pari de la réinsertion » (Milan)  à 18h  au CML – Hôtel Pams – 18 rue Emile Zola – 66000 Perpignan.  Tél. +33 4 68 51 10 10 Plus d’infos : www.prixmediterranee-cml.com  (Entrée libre) – Dédicace sur place en partenariat avec la librairie Torcatis.