(Gaël FAYE avec des élèves du lycée perpignanais Jean-Lurçat)

 

Le rappeur Franco-rwandais Gaël Faye était l’invité du CML durant deux journées marathon, lundi et mardi , à Perpignan et Lézignan-Corbières. Ce jeune écrivain de 34 ans a dominé les prix d’automne. Après le prix FNAC et celui du Premier roman, il a remporté le prix Goncourt des Lycéens mais aussi un immense succès avec son premier  « Petit pays » (Grasset). C’est l’histoire d’un enfant qui voit son monde s’effondrer après avoir assisté à la guerre civile au Burundi et au génocide rwandais. Un livre exceptionnel où se mêlent l’humour et la tragédie.

Lors de la rencontre autour de près de 200 lycéens au Lycée Jean Lurçat de Perpignan, ces derniers lui avaient réservé une belle surprise. Ils l’ont accueilli en interprétant la chanson « Petit pays »  (du même nom que son roman)  tirée de son dernier album « Pili Pili sur un croissant au beurre ». Après deux heures de débats riches et passionnés, l’auteur s’est rendu  à la salle de spectacle Elmediator ou il a présenté son roman primé à ses nombreux fans et lecteurs venus le rencontrer.

Les hasards faisant souvent bien les choses, Gaël Faye a pu retrouver à Perpignan son amie, la comédienne et humoriste  Claudia Tagbo qui était l’invitée de Boitaclous au théâtre municipal pour son spectacle « En rodage ».  

Une voix d’enfant qui parle juste, et qui parle à tous

Lors de son séjour dans notre région Gaël Faye a pu réaliser un rêve, rencontrer son idole et son maitre en littérature l’écrivain caribéen René Depestre.  Depuis bientôt 30 ans, ce dernier qui s’est installé en face des Montagnes Noires sur la chaîne pyrénéenne, à Lézignan-Corbières,  l’a reçu hier dans sa « Villa Hadriana », sur les hauteurs du petit village de l’Aude. L’auteur d’« Hadriana dans tous mes rêves » (Gallimard)  , couronné en 1988 par le prix Renaudot,  est incontestablement le plus grand poète haïtien de notre époque, en même temps qu’un poète de stature universelle. Très ému par cette rencontre, dont il avait toujours rêvé, Gaël Faye s’est confié à René Depestre par des mots plein de respect et de reconnaissance : «  Vous m’avait offert un cadeau immense de m’ouvrir à la littérature et à la poésie. Lorsque j’ai été invité à l’émission La grande librairie au moment de la sortie de mon livre, à la question « Quel est le livre qui a marqué votre vie ? » j’ai répondu, c’est pas le livre, c’est l’œuvre de Monsieur René Depestre.  »

A 90 ans, René Depestre ne cachait pas sa joie d’entendre pareil compliment. Le grand poète haïtien, qui n’a cessé d’écrire depuis l’âge de vingt ans,  a dédicacé à son jeune idole son dernier roman paru en début d’année aux éditions Zulma, « Popa Singer ». Ce livre est une chronique autobiographique dans laquelle il  met en scène son retour en Haïti dans les années 1950, au moment où le régime Duvalier se met en place. Le roman raconte sur un mode burlesque et enfiévré une page essentielle de l’histoire haïtienne.

Gaël Faye et René Depestre se sont quittés, le cœur serré, en se faisant la promesse de se revoir…

Deux mois après sa sortie en librairie, le roman de Gaël Faye est sollicité par les éditeurs du monde entier. Rien d’étonnant car il raconte le parcours initiatique d’un enfant, qui voit s’abattre autour de lui tous les drames possibles : sa famille se disloque, la guerre civile frappe son pays.

Cet enfant, Tutsi d’origine franco-rwandaise, va découvrir et surtout survivre à l’horreur. « La peur de la guerre, de voir des conflits se déclencher, c’est une angoisse très contemporaine. Nos sociétés sont en proie à ces questionnements, et le livre apporte malgré tout de la tendresse, de l’humour et de l’espoir. On peut s’échapper et parvenir à surmonter l’horreur. » 

Une voix d’enfant qui parle juste, et qui parle à tous.

 

(André BONET, président du Centre Méditerranéen de Littérature, Gaël FAYE et Michel PINELL, adjoint au maire de Perpignan délégué aux Affaires culturelles)

 

(Gaël FAYE au pied du célèbre monument perpignanais, Le Castillet).