Samedi dernier, 30 juin 2012, de 18h à 22h, a eu lieu la 1ère Rencontre avec les Arts du mime et du geste, à Perpignan.

Pauline Delfau, présidente de l’association “Canal Oblik”, directrice artistique du projet, comédienne et professeur de mime, a, malgré de nombreux obstacles, réussi à mener à bien cette opération difficile.

C’est que dans le département des Pyrénées-Orientales, le mime, le théâtre gestuel, le geste (les dénominations sont aussi nombreuses que les compagnies appréhendent l’exercice)… sont noyés dans la masse des actions artistiques, et mis en marge de tout ce qui est davantage, disons, osons le mot : “commercial”.

Pauline Delfau a voulu, avec son talent (et quel talent !), rassembler les énergies autour d’un art encensé par la critique lors de la sortie du film “The Artist”.

Mais il y a plus à faire : il y a, notamment sur notre territoire, un potentiel non exploité. Non valorisé. Car le mime y est mal connu. Méconnu. D’emblée, on pense au mime Marceau. Mais la discipline est variée, riche, rigoureuse. Elle demande des heures d’entraînement, un physique et un mental impressionnants. Elle est au service de l’Echange, de la transmission, de l’émotion. Elle fait tomber les barrières de la langue le cas échéant. Et devient ouverte à tous.

Aussi, une poignée d’amies, séduites par le projet, avaient accepté (sans discuter) d’accompagner Pauline Delfau dans sa belle aventure. Huit femmes, très exactement : Agnès Ablard et Brigitte Bihan (de l’association Zamiscènes), Paola Marcq (de l’association Tempus Futurum), Marie Weil, Magali Grand, Claire Duprat et Anne-Caroline Granat (Qui s’est impliquée elle-aussi à 1 000% dans l’organisation… tout en faisant partie des comédiens !).

Huit femmes naturellement d’exception, car pour soutenir une telle initiative il fallait qu’elles aient certes du cran, de l’ambition, du courage… et la foi !

Pour preuves, cette série d’anecdotes croustillantes mais qui auraient pu “faire foirer” l’organisation de cette 1ère Rencontre avec les Arts du mime et du geste à Perpignan…

– Une compagnie de Tunisie n’a pas pu traverser la Méditerranée… à cause d’une sombre histoire de papiers, semble-t-il.

– Une autre compagnie “made in Barcelone”, n’a pas pu jouer car la scène du théâtre perpignanais est… en pente (étant en fait circassiens… pour l’équilibre, ce n’était pas tout à fait ça !).

– Les organisatrices ont alors saisi la municipalité pour pouvoir jouer dehors, sur le parvis place République… aucune autorisation ne leur a été délivrée.

Ceci dit, les organisatrices sont unanimes dans leur ravissement : “Tout a été (presque) parfait ! Malgré une programmation écourtée à cause des aléas décrits ci-dessus, le festival a tenu ses promesses, avec plus de cinq heures de spectacle”.

Et elles confirment en choeur : “La mairie de Perpignan a accepté de nous prêter le théâtre municipal, son technicien et sa sécurité. Les vins, les softs, les apéritifs et les repas des artistes ont été offerts par divers sponsors locaux (Cap D’Ona, Cocopoulette, etc)… Et, surtout, le public a répondu présent : environ 200 visiteurs entre : l’expo gratuite dans le Hall des oeuvres de Thomas-Antoine Penanguer ; l’apéritif-rencontre, dans la salle Jean-Cocteau, avec un vigneron (Destavel), avec les artistes proposant des scènes couvertes par des musiques actuelles et “acousmatique” mais aussi avec les représentants d’associations de personnes malentendantes et trisomiques (chacun expliquant au public l’importance du geste dans son quotidien)… et les spectacles à proprement parler”.

De la mairie de Perpignan, Guillaume Lagnel et Marie Costa sont repartis enchantés. Prêts à soutenir la prochaine édition… et davantage encore, nous dit-on. Pour la Région, c’est Jordi Vila qui était là, “en famille… et enchanté !”.

Au milieu d’une programmation départementale particulièrement riche en ce début de période estivale – Fête du Travailleur Catalan au Bocal-du-Tech, spectacles de fin d’année au Palais des congrès Georges-Pompidou de Perpignan, représentations et concerts dans les campings…), les “filles” sont ravies du résultat : “Nous avons demandé aux spectateurs de remplir un questionnaire très succinct, l’impression est bonne, nous sommes d’ores et déjà en train de songer à la 2ème édition !”.

Et dire qu’au départ on ne les avait pas prises au sérieux du côté de certaines institutions locales…