François Bégaudeau dans « Entre les murs » de Laurent Cantet (2008).

Au temps béni où les jeunes femmes allemandes apprenaient la broderie, l’abécédaire était leur chef-d’Å“uvre. Elles l’accrochaient au mur, pour que les rivales du village viennent admirer leur dextérité. En France, les écrivains ont pris le relais : on pense à «l’Abécédaire de T’choupi», où T’choupi explique le monde à un ourson, ou à celui de Deleuze, où Deleuze explique le monde à Claire Parnet.

Cette rentrée de janvier voit la parution d’un abécédaires par un de nos  meilleurs auteurs, François Bégaudeau  qui détourne les lois du genre pour démontrer son habileté littéraire. Où l’on voit que l’écrivain français est une manière de brodeuse bavaroise.

L’auteur d’«Entre les murs» (Palme d’Or à Cannes en 2008) défie l’ordre alphabétique, qui sent un peu trop la craie et le tableau noir. Il feint de respecter la consigne, mais la Bégaudeau n’est pas matérialiste. Il est «matiérophile». Et, puisqu’il est aussi écrivain, son métier, c’est de reproduire la matière avec presque rien: 26 pauvres signes qui ne veulent rien dire et qui se suivent sans raison. Il y excelle. Il n’y a qu’à voir comme son abécédaire est bien brodé.

– Mardi 13 mai, 18h Hôtel Pams, à Perpignan, carte blanche à François Bégaudeau, en partenariat avec l’Institut Jean Vigo.  Entrée libre. Dédicaces sur place avec la librairie Torcatis.

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