Depuis jeudi, et jusqu’à mardi, la comédienne Marthe Villalonga est à Argelès-plage.
Elle fait partie de la distribution du dernier film du jeune réalisateur espagnol, Alberto Morais, 34 ans, originaire de Valencia, aux côtés d’artistes très connus de l’autre côté des Pyrénées : Laïa Marull, Carlos Alvarez-Novoa, Sergio Caballero, Armando Aguirre…
Alberto Morais a planté ses caméras sur la plage du Bocal-du-Tech, au nord du territoire de la commune d’Argelès-sur-Mer. Son film, “Las Olas” (les vagues), est programmé pour sortir sur les écrans à l’automne 2011.
C’est l’histoire d’un octogénaire qui, après le décès de son épouse, décide de refaire le voyage de sa vie, plus exactement de retourner sur les lieux qui ont changé sa vie. Natif de Zaragoza, au nord de l’Espagne donc, l’homme va parcourir Lleida, Barcelona, Port-Bou et Argelès-sur-Mer, où il se retrouve le temps de la “retirada” sur la plage française transformée en camp de réfugiés. C’est là que s’entassent des dizaines de milliers d’Espagnols qui fuient le “franquisme”.
Et c’est là qu’entre en scène Marthe Villalonga…

РQuel r̫le interpr̻tez-vous ?
– Marthe Villalonga : “En fait, j’ai dans ce film une toute petite interprêtation. Ma présence se résume à l’épisode de la “retirade”. Le réalisateur Alberto Morais a fait appel à moi pour la seule et unique scène qui se déroule en France et dans lequel je joue le rôle de Teresa Finkel. Carlos Alvarez, qui tient le rôle principal, revient à Argelès, avec dans ses mains la photo d’une fille qu’il avait rencontré sur cette plage alors qu’ils étaient tous les deux adolescents, à peine âgés de 16 ans… Je tiens le rôle de la fille d’un boulanger qui à cette époque là, leur avait apporté du pain”.
– C’est un sujet qui ne vous ressemble pas, par rapport aux rôles qu’on vous confie traditionnellement…
– Marthe Villalonga : “C’est exact. C’est un sujet grave. Et c’est ce qui est intéressant. C’est vrai que souvent je joue des rôles rigolos, mais là je passe de l’autre côté de la barrière. C’est un exercice qui me plait d’autant plus qu’il n’est pas facile, et qu’un comédien, quel qu’il soit, quel que soit son registre, doit savoir et pouvoir tout jouer. C’est aussi la première fois que je tourne avec un réalisateur espagnol. Et comme je parle couramment le castillan, c’est pour moi du pur bonheur !”.
– Changement de registre. Où en ètes-vous côté théâtre ?
– Marthe Villalonga : “Je reprends la scène à partir du 15 janvier 2011. Je repars en tournée dans toute la France pour deux mois et demi. D’ailleurs, si ma mémoire ne me fait pas défaut, je reviens dans votre département le 23 février, au Théâtre Jean Piat de Canet-en-Roussillon. Je serais la veille à Toulouse et le lendemain à Valras-plage. Voyez, je ne chome pas ! C’est pour la pièce de Pierre-Olivier Scotto, “Le mal de mère”. Là aussi, ce n’est pas dans mon répertoire habituel, car ce n’est pas une pièce de boulevard. J’adore cette histoire. Les textes sont formidables. Le personnage est passionnant. C’est l’histoire d’une femme qui n’a personne à qui parler. Même lorsqu’elle sort pour faire ses courses, chez le boulanger, chez l’épicier du coin, chez le boucher, personne ne l’écoute, ne l’entend… On la sert, et puis basta ! Un jour, elle décide de payer pour parler à quelqu’un. Elle va chez un “psy”. Mais même là, c’est le “psy” qui se retrouve sur le canapé… C’est une très jolie pièce, qui m’a immédiatement intéressé, cela démarre en riant puis, tout doucement, ça prend un autre rythme et il y a des scènes touchantes, attachantes, qui s’enchaînent”.
– Où vivez-vous ?
– Marthe Villalonga : “Je vis à Paris. Près de Nation. En toute simplicité”.
РEtes-vous plut̫t grand ̩cran ou petit ̩cran ?
– Marthe Villalonga : “Je dois avouer que, maintenant, je suis plus souvent devant le petit écran. J’adore les séries américaines, comme NCIS, Les Experts Miami, mais aussi les séries françaises telles que Louis la brocante, Une femme d’honneur, Une famille d’accueil… S’installer devant la télévision, avec un bon petit plateau, devant un bon film ou un feuilleton, cela peut être un moment sympa, non ?”.
– Vous n’avez jamais eu envie de passer derrière la caméra ?
– Marthe Villalonga : “Non, pas du tout ! Cela ne m’a jamais effleuré l’esprit même une courte seconde. Je me sens très bien là où je suis. A faire ce que je sais faire. J’ai toujours fait ce métier de façon artisanale”.
РQui aimeriez-vous r̩unir chez vous, autour de la m̻me table ?
– Marthe Villalonga : “Que des gens que j’aime, que j’apprécie, cela va de soi ! Mme Veil, le pianiste et joueur émerite d’échecs Louganski, l’explorateur Jean-Louis Etienne, Mme Girardot (j’ai une tendresse infinie pour elle), Mme Feuillère, le professeur Luc Montagnier, Jean d’Ormesson, Mme Maillan bien sûr, l’ancien joueur de basket-ball américain Michael Jordan et le footballeur Lilian Thuram”.
– Et que leur serviriez-vous à dîner ?
– Marthe Villalonga : “Un couscous ! Au mouton. Le classique. Le vrai !”.
– Quels sont les humoristes qui vous font rire aujourd’hui ?
– Marthe Villalonga : “Laurent Gerra et Nicolas Canteloup”.
– Un voyage, que vous aimeriez faire ?
– Marthe Villalonga : “Je suis allée presque partout. Même au Groëland ! Mais il y a deux endroits où j’aimerai bien retourner, c’est l’Egypte et le Viet-Nam. Le premier pays pour les monuments. Fantastiques ! Le second pays pour les paysages, pour les gens… Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai toujours été très attirée par l’Asie. La Chine est un pays surprenant à plus d’un titre. C’est une destination extraordinaire”.
– Si vous aviez un coup de gueule à pousser, maintenant, quel serait-il ?
– Marthe Villalonga : “Sans hésiter, j’en pousserais deux ! Le premier à propos de tous ceux qui sont dans la souffrance, pour ne pas dire dans la misère dans notre pays. Comment peut-on supporter qu’il y ait encore chez nous, en France, à notre porte, en 2010, des gens sans ressources. Et ils sont de plus en plus nombreux. Car ce qui est rageant c’est de voir que, chaque jour davantage, l’écart se creuse entre ceux qui n’ont plus d’argent et ceux qui en ont beaucoup. Le deuxième, ça concerne les harkis. Soixante ans après, soixante années plus tard, plus loin, ce n’est pas normal qu’ils ne soient toujours pas intégrés à notre modèle de société, que leurs enfants se retrouvent sur la touche. Les harkis ont servi la France, ils l’ont défendu, ils ont tout fait pour vivre en France, ils ont choisi de venir vivre chez nous, et, au final, socialement parlant, ils sont “à côté” de nous mais pas “avec nous”. Il est grand temps que notre pays s’honore en donnant aux harkis la place qui est la leur, et qu’ils méritent, au sein de la République Française”.