Jeudi 30 juillet, le ciel s’obscurcissait  à Collioure, quelques nuages noirs, un peu de pluie et nous nous sommes réfugiés dans la salle du Centre culturel.

Sur la scène, immobile, mystérieux, comme venu du fond des temps, Michael Lonsdale allait faire revivre devant nous cette Espagne du fond des temps, l’Espagne de Machado.

À ses côtés, Francisco Ortiz était à la guitare.

La voix de Machado est alors devenue celle de Michael Lonsdale. Et ce portrait s’est imposé à nous :

– “Et plus qu’un homme à la mode qui sait son catéchisme, je suis, dans le bon sens du mot, un homme bon.”

Lentement, sourdement, Michael Lonsdale sculptait l’Espagne de l’enfance, l’Espagne de Séville, celle des jasmins  et des roses blanches, celle aussi meurtrie de Federico, “Pauvre Grenade! Sa Grenade…”  et il en appelait à “cette jeunesse éternelle qui se fait à partir du passé robuste de la race.”

La guitare sensible et pure de Francisco Ortiz se mêlait aux accents profonds de Michael Lonsdale, à cette poésie sans hâte.

La salle se taisait, attentive, recueillie.

– “Où peut-il aller ce chemin”? demandait-on.

Et le dernier texte a apporté la réponse :  “Voyageur, il n’est pas de chemin,  rien que sillages sur la mer. “

Nous nous sommes tous levés, émus, conquis, pleins de gratitude.