Cabu était l’ami du CML. Le célèbre dessinateur, tué hier avec les trois autres  dessinateurs Charb , Wolinski  et Tignous dans un terrible attentat terroriste perpétré contre Charlie Hebdo, aimait Perpignan et le Roussillon, où il séjournait souvent discrètement. Le CML l’avait invité en 2013 pour la cérémonie de remise des prix Méditerranée et Nikos Gatsos.

Le CML, en collaboration avec la Ville du Barcarès,  avait organisé en septembre 2013, sur  les cimaises du Lydia,  une exposition d’une sélection de photos du livre de Vincent Lisita « Trenet méconnu », ainsi que des caricatures de CABU tirées de son livre Cabu swing et Charles Trenet. Cabu avait confié, ce jour-là, avoir toujours admiré Charles Trenet : « C’est un type qui m’a tout le temps aidé dans des moments de la vie très durs.  J’ai toujours admiré sa force pour faire passer des choses très légères. Je le compare à Matisse, il peint des choses légères mais qui ont une force terrible. » Cabu était dessinateur à Charlie Hebdo et au Canard Enchaîné. Célèbre pour son Grand Duduche et sa participation à Récré A2 avec Dorothée, il est l’auteur de nombreux albums de reportages. Dans Cabu Swing, on l’avait découvert reporter musical, chroniqueur radio sur TSFJAZZ avec Laure Albernhe, dessinateur de pochettes de disques, inconditionnel de swing. Lors sa venue en Roussillon, le célèbre dessinateur avait prolongé son séjour de  quelques jours, à titre privé,  avec son épouse à Collioure.

Pour André Bonet, président du CML, « il s’agit d’une tragédie, un attentat lâche et cruel. Je pense à son épouse, qui ne le quittait jamais, à sa famille et à ses amis. Je pense également aux proches de Charb, Wolinski  et Tignous. Comment ne pas penser également à cet instant à tous ces journalistes assassinés dans le monde. Ce carnage a commencé en Algérie durant les années 90, avec la mort de plumes courageuses comme celles de  Sidali Ben Mechiche,  Djamel-Eddine Fahassi , Aziz Bouabdallah et bien sûr celle du  regretté ami  Tahar Djaout, lauréat du prix Méditerranée 1991, dont on garde en mémoire, avec émotion,  ses mots :  «Si tu parles, tu meurs. Si tu tais, tu meurs. Alors, dis et meurs». Nous sommes en guerre, pour reprendre l’expression  récente de Jean d’Ormesson, une guerre qui n’ose pas dire son nom, nouvelle, étrange et obscure. »

 

Photo Etienne Perra :

Cabu entouré, entre autre,  de Dimitris Stéfanakis, prix Méditerranée 2011, André Bonet, Vincent Lisita et Bernard Thomasson lors de l’exposition Trenet au Lydia