Il en est de la peinture comme pour les livres: certaines lectures sont caustiques bien que riche l’écriture et belle l’histoire ; ici, tout est limpide, la peinture de Christian Keramidas nous prend par la main et nous accompagne.

Nul besoin en effet de donner des clefs pour appréhender cet art, il est sans détour, décoratif dans le bon sens du terme par ce qu’il donne à voir de manière évidente et c’est pourquoi à travers le thème du Maroc ou le peuple Massaï, il a séduit Amnesty International et les Editions des Correspondances.

Véritables fenêtres ouvertes sur le Maroc tel que le porte en lui le peintre  – qui le connaît fort bien puisqu’il y est né – on y arpente les ruelles étroites aux teintes blanches et bleues rafraîchissantes de Chefchaouen.

les silhouettes longilignes rythment les toiles quand ce ne sont pas les lignes architecturales, effet encore accentué par le format étroit et vertical de certaines toiles.

La ville et ses occupants sont placés frontalement, comme pour nous prendre à témoin, comme pour nous dire : « ouvrez vos yeux, fouillez vos souvenirs » et tout un monde imaginaire issu de notre enfance nourrie d’histoires aux senteurs épicées portées par le souffle chaud des vents du désert, remontent à la surface.

Et nous voilà à parler la même langue.

Que l’on soit réellement parti dans ses contrées ou non, c’est l’imaginaire collectif qui parle ici avec une grande simplicité même si, on s’en doute, le travail du peintre est lui, plus complexe qu’il n’y paraît.

Les lignes, les couleurs, la composition de la toile ainsi que la matière et le graphisme contribuent à nous rendre familier cet univers en gardant une certaine distance avec la réalité.

Un parti pris évident pour les couleurs primaires: bleu, rouge, jaune confèrent à l’ensemble beaucoup de vitalité, le dynamisme est accentué par les verticalités ; les ornements et les motifs répétés, appuient le propos de l’artiste qui est de nous raconter une histoire.

Ici, un chat s’étire à l’ombre de la casbah près d’une jarre reposant à l’angle d‘un mur, attendant que son propriétaire la remplisse d’une eau fraîche alors qu’au-delà des hauts murs, le soleil fait sentir sa morsure.

C’est cette quiétude, ce sentiment de bien-être si ce n’est de bonheur que nous procurent les toiles de l’artiste Christian Keramidas. Une parenthèse enchantée et enchanteresse bienvenue durant tout le mois d’août ; une oasis dont on pourra profiter jusqu’au 11 septembre, rue des écoles au Boulou.

Entrée libre du mardi au samedi.

– Pour tout renseignement, un lien : www.espacedesarts.pro