Adieu l’artiste ! Collioure sera toujours Collioure… grâce à lui, aussi.

Joseph Pous, dit “Jojo”, est décédé mercredi soir, à son domicile, à Collioure, entouré des siens et de Michel Moly (PS), maire de Collioure et 1er vice-président du Conseil général des Pyrénées-Orientales, l’Ami de toujours, avec lequel, avant de s’endormir pour l’Eternité, il avait pu échanger quelques bons mots et précieuses anecdotes autour du rugby, de Collioure bien sûr, des Templiers (l’un des hôtels-restaurants les plus réputés autour du bassin méditerranée dans la famille Pous depuis toujours) évidemment, des joueurs de cartes… “Collioure est orphelin !”, nous a confié Michel Moly, le coeur gros. Jojo Pous avait 86 ans.

Car en effet, avec la disparition de Jojo, c’est peut-être l’âme de Collioure qui s’en est allée.  Collioure, célèbre certes pour son clocher, ses parties de cartes légendaires face à la barque-catalane-comptoir des Templiers, célèbre pour ses fêtes inoubliables autour du 16 août et de la plage Saint-Vincent, célèbre pour son rugby, ses vins, ses anchoix, son hameau du Rimbau, son ermitage de Consolation, célèbre pour sa galerie de personnages incomparables et indéfinissables à la fois, dont Jojo Pous était justement le plus célèbre parmi ses contemporains !

Grâce à lui, avec lui, sa modestie dût en souffrir, Collioure et LE Livre d’or de l’auberge des Templiers étaient (re)connus dans le monde entier… Dans une lettre adressée à Vlaminck, et reproduite dans ce fameux Livre d’or, l’artiste-peintre Derain, par ailleurs l’un des chefs-de-file du fauvisme, célébrait la beauté de Collioure en ces termes : “Un village serré dans ses remparts, dressant entre la mer et la montagne une harmonie de formes denses et de tons purs, l’animation du port avec ses voiles blanches et ses barques multicolores, le caractère des gens, le pittoresque des costumes et des fêtes populaires, la qualité et surtout la lumière. Une lumière blonde, dorée, qui supprime les ombres (…)”.

Cette longue phrase, on peut la retrouver dans le livre paru aux Editions Equinoxe, en 2009, écrit à quatre mains : celles de Jojo Pous, pour les légendes, et Michel Descossy, peintre et photographe de talent(s), pour les illustrations.

C’est à Collioure, en 1905, que Matisse et Derain se sont rencontrés pour vivre un été fauve qui donnera naissance à la peinture moderne… Un été flamboyant qui fera de “Collioure, le bonheur des peintres !” (Déclaration de Henri Matisse, 1950). Autre déclaration d’amour à Collioure, elle est signée cette fois-ci de Camille Descossy (1976) : “Collioure fait partie de nôtre patrimoine artistique, de notre patrimoine national. C’est un admirable morceau de France. C’est un des joyaux de la couronne de lumière qui ceint la Méditerranée. C’est la plus radieuse raison d’orgueil dont se justifie notre fierté de Catalans Français”.

Grâce à la famille Pous, tous les grands noms de l’art pictural international, de la gastronomie et de la variété françaises, ont débarqué à Collioure. Arletty, par exemple, y louait une maison au-dessus de l’actuel hôtel de luxe La Balette et s’attablait tous les jours aux Templiers pour y savourer le meilleur de la Méditerranée.

Le rouge et le jaune, le sang et l’or, le feu et le soleil : les couleurs du Roussillon se lâchaient toujours au travers des paroles de Jojo Pous, vibrant à l’unisson , que l’on buvait tel un elixir. Jojo Pous a inspiré Collioure pendant les dernières décennies. Et vice-versa.

Jojo et Collioure, Collioure et Jojo – selon où on se place, côté Faubourg, en-bas, ou côté quartier du Mourret, sur les hauteurs – c’est un air de famille, c’est une fusion naturelle, c’était tout un art de vivre, un enchantement : de l’émotion, de la folie, de la générosité, de la gourmandise et de l’humour. Ses coups de coeur, sa passion illimitée pour son village et ses beautés, ont “millésimé” la Perle de la Côte Vermeille pour toujours.

C’est bien là une grande page de l’histoire de Collioure qui se tourne…

Adieu, l’Artiste !

– LES OBSEQUES DE JOJO POUS AURONT LIEU CE VENDREDI 1ER MARS 2013, A 14h 30, EN L’EGLISE DE COLLIOURE.

Jojo Pous et sa fille Mané… à la table des Templiers.

Jojo Pous consultant le fameux Livre d’or des Templiers (Toutes ces illustrations sont issues du livre co-écrit avec Michel Descossy et paru en 2009 aux éditions Equinoxe, “Couleurs de Collioure”). .