Aux origines du génocide du Rwanda avec Eugène Ebodé

Le monde commémore cette année le vingtième anniversaire du génocide du Rwanda. Une rencontre, animée par André Bonet président du CML (Centre Méditerranéen de Littérature), est organisée à cette occasion au 17° salon du livre de Cabestany avec l’écrivain Camerounais Eugène Ebodé ce samedi 22 novembre de 16h à 18h au centre culturel Jean Ferrat.

 

Pour son 8è roman, Souveraine Magnifique (Gallimard) , Eugène Ebodé est allé puiser son inspiration dans lÂ’’histoire immédiate, celle du Rwanda martyr du génocide apocalyptique de 1994. A travers le récit dÂ’’une rescapée, le roman raconte la difficile réconciliation en cours des victimes et bourreaux condamnés à vivre ensemble. Entre avril et juillet 1994, en l’Â’espace de cent jours, près de un million de Rwandais ont été tués. L’Â’essentiel des victimes appartenaient à la minorité Tutsi, alors que les auteurs de cette véritable entreprise dÂ’’extermination étaient les Hutus, communauté majoritaire au pouvoir au Rwanda depuis 1962. Plusieurs milliers de Hutus modérés qui n’Â’adhéraient pas à lÂ’’idéologie raciste de leurs dirigeants, ont aussi trouvé la mort dans ce bain de sang dont le pays des Mille collines commémore cette année le vingtième anniversaire. Il y a vingt ans commençait sur les collines du Rwanda lÂ’’une des plus grandes tueries du vingtième siècle. Ce n’’était pas une énième guerre interethnique africaine, mais une extermination planifiée qui a coûté la vie à près de 1 million de personnes. Il s’Â’agissait bel et bien d’Â’un « génocide » répondant au projet politique du pouvoir extrémiste hutu : éliminer tous les Tutsis.

 

Les blessures du silence

Eugène Ebodé est né au Cameroun, la guerre civile du Tchad contrarie sa scolarité. Il part pour la France afin de poursuivre ses études. Diplômé de lÂ’’IEP dÂ’’Aix-en-Provence, du Celsa et de lÂ’’université de Montpellier, il intègre lÂ’’éducation nationale après lÂ’’obtention du CAPES. Chroniqueur littéraire (France Inter) il publie régulièrement des articles littéraires au Courrier de Genève. LÂ’’Académie française lui décerne en 2007 le prix Eve Delacroix et en 2010 il est fait Chevalier des Arts et des Lettres.

Eugène Ebodé a voulu voir Souveraine Magnifique, cette rescapée des vastes massacres qui se sont abattus sur le Rwanda en 1994 avec la fureur de cyclones sanglants. C’est le pouls battant, mais la tête froide, qu’il a frappé à la porte de la jeune femme. Tout au long de leurs conversations, ses souvenirs, ses confessions, sa colère moite, sa rage intacte portaient encore, vingt ans après la tragédie, trace des cris, des râles et des chuchotements venus d’outre-tombe.
Sa rencontre avec Souveraine Magnifique et la vache Doliba, qu’elle cogérait avec le bourreau de ses parents, lui a montré combien la sagesse des anciens a pu voler au secours des temps modernes englués dans leur morale et leurs procès.
Depuis les brumes bleutées des collines rwandaises jusqu’aux eaux rougeoyantes de la Ruzizi, cette rivière qui sépare plusieurs pays de la région des Grands Lacs africains, Eugène Ebodé a entendu la voix de Souveraine Magnifique, son cÂœur, son âme. C’est cette expérience exceptionnelle qu’il évoquera samedi 22 novembre au salon du livre de Cabestany.

 

– La rencontre avec Eugène Ebodé sera précédée dÂ’une lecture, par la compagnie du Dromolo, de son dernier roman paru aux éditions Gallimard : « Souveraine magnifique », sur le thème du Rwanda. Centre culturel Jean Ferrat (Cabestany) . Entrée libre. Renseignements au 04 68 50 82 95