Plaidoyer pour la fraternité, le livre d’Abdennour Bidar, veut démontrer que “la France et l’islam sont une chance l’un pour l’autre”. L’auteur était à Perpignan, hier samedi 6 juin 2015, répondant à l’invitation du CML (Centre Méditerranéen de Littérature). La rencontre s’est déroulée à l’Hôtel-de-Ville de Perpignan où les adjoints au maire Michel Pinell et Fatima Dahine accueillaient l’auteur et les 200 participants.

Agrégé et docteur en philosophie, Abdennour Bidar a écrit un petit texte dans l’urgence post-Charlie. Plaidoyer pour la fraternité se félicite de la réaction “instinctive” de rassemblement qui a suivi les attentats pour ensuite s’interroger sur la profondeur, la rationalité de cette riposte. Le moment est pourtant essentiel : il s’agit, pour le philosophe, successeur d’Abdelwahad Meddeb à la tête de l’émission Cultures d’Islam sur France Culture “de passer du choc des civilisations au choc de la fraternité, des coeÂœurs et des cultures”.

Le danger, c’est une concurrence des sacralisations : celle de la liberté d’expression contre celle de la figure du Prophète. À rebours, la chance, c’est la fraternité pour tous, Bidar parle de “fraternité comme sacrée” : “Nous avons tous besoin d’intégration. Pas seulement les immigrés de fraîche ou de longue date, assure Bidar. Nous avons tous besoin maintenant – “gaulois” ou non – de réinvestir nos valeurs.”

Le cÂœur du livre, c’est la démonstration que “la France et l’islam sont une chance l’un pour l’autre”. Bidar rappelle d’ailleurs que la France a toujours eu, “bien avant qu’elle se nomme “France”, “une histoire passionnelle, humaine, profonde” avec les musulmans. Pour raffermir une fraternité qui ne soit pas de mot mais de fait, le philosophe s’en prend à tous ceux qui refusent l’intégration : ceux qui ne veulent pas faire une place en France à l’islam et ceux, musulmans, qui refusent de prendre leur place dans la société française.

“Avec mon prénom, Abdennour, j’ai eu mon compte de préjugésÂ… mais aussi de bonnes surprises.” Élevé dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand, Bidar assure avoir “rencontré infiniment plus de Français tolérants et humanistes que de racistes”. Il affirme haut et fort que “les musulmans de France jouissent d’une égalité de droits et de chances réelle” et il appelle à lutter contre les ghettos, les préjugés mutuelsÂ… Son plaidoyer s’inscrit pleinement dans le débat nécessaire sur les valeurs de la République française et la laïcité.

La table-ronde animée par André Bonet président du CML autour d’Abdennour Bidar comptait la présence d’Albert Lourde, recteur de l’Université francophone d’Alexandrie, Samir El Maarouf, Patrick Peytavi et Mustapha Sari.