Le 11 août dernier, le contrôle technique pour les deux- roues, autorisé par décret et signé par le Premier Ministre, était suspendu vingt-quatre heures plus tard « jusqu’à nouvel ordre » précisait le ministre délégué aux Transports…

 

Ça n’a pas traîné : mort-né, tué dans l’œuf ce malheureux décret !
Le monarque Élyséen, du haut de sa superbe, en a décidé ainsi, non sans bonnes raisons et calculs. La légalité de cette décision suspensive est d’ailleurs contestée par plusieurs associations qui ont saisi le Conseil d’Etat.
Ce contrôle technique des deux-roues reste très impopulaire auprès des fédérations de motards. Ces derniers sont 2,5 millions en France métropolitaine, de quoi faire basculer le résultat d’un vote. A quelques mois de l’élection présidentielle, c’était prendre de gros risques : mieux vaut y réfléchir à deux fois, ménager le potentiel électoral et attendre 2023, date butoir exigée par l’Union Européenne à l’ensemble des Etats membres pour rendre effective cette mesure sous peine de sanctions financières.
Soyons tranquilles, les pétarades assourdissantes des pots d’échappements, leurs agressions sonores permanentes au centre de nos villes et villages, ce vacarme insupportable pour nos oreilles sensibles, ces rodéos d’adolescents insolents sur leur petite cylindrée… tous ces comportements incivils s’affichant au grand jour en toute impunité ne sont pas prêts de s’arrêter. Une fois de plus on sort du cadre, on transgresse impunément.
Vouloir se faire remarquer ostensiblement, manifester une forme de provocation tapageuse, se croire le roi du monde en attirant les regards sur soi et sur sa machine infernale, sur son look d’aigle de la route… C’est bien de tout cela à la fois qu’il s’agit.
Et pourtant !
Si le contrôle technique des deux-roues s’avère indispensable, au même titre que celui des voitures, il est possible de s’en passer si l’on s’en tient au seul contrôle du bruit.
Les maires et leurs adjoints pourraient en effet s’atteler à la tâche et prendre des arrêtés municipaux (article L.22 12-2 du code général des collectivités territoriales), en déclarant sévèrement la guerre à cette nuisance sonore. Ils ne le font (presque) pas. Leur pouvoir de police judiciaire les y autorise pourtant.
Dans certaines communes, la police municipale s’implique mais ne prend que des « mesurettes ». Elle dispose de peu de moyens et les résultats sont maigres. En réalité, on bricole.
C’est la police nationale qui laisse faire… Elle semble ignorer ce problème et n’intervient pas ou très peu. Chaque patrouille devrait pouvoir être équipée d’un décibelmètre. Il s’agit d’un appareil léger et peu encombrant. Il tient dans la paume de la main et mesure instantanément les décibels. Au delà de 100, la moto ou mobylette encourt la mise en fourrière et 135 €uros d’amende.
Tout semble en ordre pour que ces inadmissibles nuisances sonores soient contrôlées et éradiquées par voies légales….mais elles ne le sont pas ! La loi n’est pas appliquée. Le bien être et la qualité de vie des citoyens en pâtissent ô combien.

Que dire des maniaques du klaxon au volant de leurs voitures. Il s’agit de la même graine d’irresponsables surtout le samedi quand on marie le petit neveu ou fifille. Une « klaxomania » tapageuse et rugueuse, une cacophonie grossière pour un évènement qui mériterait beaucoup mieux… musicalement s’entend.

Les marchands de prothèses et d’appareillages auditifs de tous poils, sans oublier les médecins oto-rhino-laryngologistes peuvent se frotter les mains, ils ont de beaux jours devant eux !

En un mot comme en cent : « Il y en a vraiment marre de ce laisser-aller ! ».

…Nous vivons une époque formidable !

 

 

Pierre Leberger

Ex-conseiller municipal d’opposition (commune de Port-Vendres)

 

 

NB : Tous les motards ne sont pas visés par cette tribune libre. Certains sont respectueux d’un environnement sonore harmonieux et prennent toutes les précautions d’usage pour ne pas déranger leurs concitoyens. Je les compte parmi mes amis. Leurs motos correspondent aux normes et ne sont pas tapageuses.
Sont-ils majoritaires ? Certainement pas.