La dette de 47 millions d’euros que la municipalité d’Argelès-sur-Mer s’apprête à engager pour le projet obsolète du port sera insupportable dès lors que deux conditions seront réunies : le taux d’inflation en forte augmentation, les taux d’intérêts élevés. Or ces deux conditions sont déjà d’actualité ou en passe de le devenir !

 

À cela pourrait se rajouter un prix de carburant excessif qui risque d’être dissuasif (un bateau de taille moyenne avec un moteur de 150 chevaux consomme quinze litres à l’heure. Sans effrayer les âmes sensibles, avec un 250 cv le moteur consomme entre 15l/ h à 1 500 t/ m et 70 l/ h à 4 400 t/ m… Est-ce bien le moment de rajouter des bateaux à Argelès-la-Naturelle, alors que l’on souhaite agrandir la réserve marine ?

Ceux qui s’opposent à ce projet, méritaient-ils à ce point d’être dégagés de leurs fonctions d’adjoints ? Il convient de réfléchir à deux notions la modernisation «durable» de l’existant et la construction «durable» de nouvelles structures.

Aujourd’hui, la thématique des « ports du futur » génère de nombreuses interrogations et suscite beaucoup d’attention. Ce dossier ne peut pas être traité sans concertation approfondie avec l’ensemble des acteurs du monde économique et associatif : de plus en plus nous observons, tout au long du littoral la création de « ports à sec *». La commune d’Argelès-sur-Mer, tout comme notre département, est d’ailleurs très en retard sur ce sujet. C’est peut-être cela qui devrait être la priorité ?

Ce sujet d’être « pour ou contre l’agrandissement du Port » est un choix important et en aucun cas il ne pourrait justifier le dégagisme des élus qui pourraient s’y opposer.

L’équipe municipale doit en tenir compte et mesurer les conséquences de leur mandat, d’autant que si la dépense est pharaonique, les mauvaises habitudes de taxations s’aggraveront elles-aussi. Certains dirigeants d’entreprises en ont déjà fait les frais. Nous avons pu observer que durant ces deux dernières années, un vrai lien de souffrance entre crise sanitaire et manque de solidarité municipale est sans équivalent dans l’histoire locale :

· Droit de terrasse à 100% du tarif habituel en 2021, alors que la réouverture des terrasses des restaurants et commerces non alimentaires n’ont pu se faire que mi-mai avec des jauges restreintes, des fermetures à 21H et en pleine saison estivale l’instauration du Pass sanitaire.

Cette taxation fut qualifiée d’abusive par une majorité de commerçants alors qu’une majorité de villes l’on supprimée, réduite de moitié ou calculée en fonction du nombre de jours d’ouverture.

· Aux difficultés liées à la crise sanitaire, certains se sont vu rajouter la TLPE** (Taxe locale sur la publicité extérieure). Cette taxe, facultative a pour certains été imposée avec trois années de rattrapage et calculées pour les restaurants sur l’affichage des menus, alors qu’ils sont rendus obligatoire par la DGCCRS.

Des prélèvements municipaux insatiables qui s’en prennent maintenant au petit train touristique auquel la municipalité d’Argelès-sur-Mer souhaite faire payer le prix fort.

Ci-dessous, en pièce jointe, l’appel d’offre*** qui est ni plus ni moins qu’un droit à spolier vingt années de travail aux dépends d’une entreprise qui n’aura cessé d’assurer un service de très grande qualité (originaire d’Argelès-sur-Mer la pépite TRAINBUS est devenue un leader mondial dans sa spécialité). L’originalité du concept, ce sont des prestations financées majoritairement par les hébergeurs, les activités de loisirs avec certaines entreprises très impliquées. Cette dynamique n’a aucun coût pour la municipalité, alors qu’il faut savoir qu’à Saint-Cyprien, le Barcarès et dans de nombreuses autres stations balnéaire et villes touristiques les municipalités payent la société TRAINBUS pour assurer ce service de ramassage. Ce mode de transport plus écologique et moins encombrant que la voiture achemine chaque saison pas moins de 1,7 million de passagers. Pour information les deux nouveaux bus électriques qui ont été lancés par la municipalité l’été dernier vont coûter 760 000€ cette année.

Si TRAINBUS arrête, la question dont personne ne semble se préoccuper, c’est que la municipalité n’aurait pas 10% des capacités de stationnement. Il faut également prendre en compte que le dynamisme du Centre-plage doit sa réussite à cette gratuité des transports, financée en très grande partie par les hébergeurs et les prestataires de loisirs donc, ce qui permet de maintenir les véhicules sur les lieux de résidence (campings essentiellement). Selon une étude du Cerama quand TRAINBUS supprime 4 000 voitures sur l’intégralité du réseau, cela correspond à vingt-huit kilomètres de bouchons…

Sans cette qualité de service auquel nous contribuons tous – pour ma part avec six ramassages deux fois par semaine durant tout la saison et chez tous les hébergeurs -, et sans cette esprit collaboratif ce serait des répercussions catastrophiques sur l’image d’un tourisme de masse très décrié dans notre département. Si l’objectif est celui-ci, on ne s’y prendrait certes pas différemment.

Cette menace à l’encontre de l’entreprise TRAINBUS la contraint à abandonner son projet de permis de construire dont une centaine d’emplois étaient prévus pour qu’Argelès-sur-Mer produise des nouvelles générations de petits TRAINBUS électriques.

D’autres pépites vont disparaître ou ont disparu. On peut regretter l’acharnement qui a anéanti Martine Mirabel la gérante des Aigles de Valmy qui fût éjectée sans aucune bienveillance alors que le départ du Festival des Déferlantes qui en était la cause à dégagé la même année…

Des souffrances et une dégradation du tissu économique qui devrait inquiéter le corps préfectoral, car nous espérons un peu d’apaisement avant que l’image du territoire ne ce soit totalement ternie.

 

Hubert Levaufre

Vice-président Office de Tourisme Intercommunal Pyrénées-Méditerranée

 

 

*« Ports à sec » tout au long du littoral : Dieppe (300 places ; en projet), Fécamp (180 places), Concarneau (300 places), Saint Philibert (370 places sur rack + 70 places à terre), Le Crouesty (150 places), Les Sables d’Olonne (480 places ; en projet), Marseillan Plage (300 places), Port Sérignan (450 places, en projet), Papeete (Tahiti ; deux projets : 140 +160 places) ; les ports à sec se démocratisent. Le stockage des bateaux peut alors se faire soit sur des racks pour les plus petites unités soit directement à terre pour les plus grandes unités. Les systèmes de mise à l’eau sont de plus en plus efficaces et permettent aujourd’hui d’atteindre des délais de mise à l’eau allant d’une heure à cinq minutes.

**TLPE La taxe locale sur la publicité extérieure est une taxe créée par la loi du 4 août 2008 pour la modernisation de l’économie. Elle est aléatoire et au bon vouloir des municipalités.

***« Appel d’offre » CCP du marché proposé par la mairie d’Argelès-sur-Mer.

 

CCP