La vérité sur Zemmour !

Lors d’un entretien diffusé sur le site Akadem (le campus numérique juif), Joël Sebban, jeune normalien et agrégé, n’a pas hésité un seul instant à pousser ses déclarations vers des sphères extrêmes. De plus, il les considère pour vraies, au point d’affirmer sans ambages qu’Eric Zemmour ne dit jamais « qu’il est arabe, mais qu’il est berbère ».

Avant toute chose, il est bon de rappeler que le couscous n’est pas un plat arabe. C’est un plat berbère. Il est possible d’affirmer sans le moindre doute que le nom « Zemmour » est conforme au mot berbère (Amazigh) qui signifie l’olivier. Et en arabe, le mot olivier se dit Zeitoun !

Au cours de cet entretien, Joël Sebban défend la thèse suivante : « Zemmour a été civilisé deux fois à la France. Il a été civilisé en tant que juif. Une deuxième fois en tant qu’indigène. Avant le décret Crémieux, les juifs en Algérie avaient un statut d’indigène. En 1870, avec le décret Crémieux, les juifs d’Algérie sont faits Français, et non les musulmans. »

A ce moment précis de l’histoire, si les musulmans n’ont pas voulu devenir des citoyens français à part entière, c’est parce qu’ils n’ont pas souhaité perdre leur supériorité religieuse. Cela dit, il ne faut pas aller chercher très loin les raisons de la guerre d’indépendance de l’Algérie.

Sur un ton péremptoire et une suffisance insupportable qui accablent tous les descendants des contrées berbères, Joël Sebban ne fait pas preuve d’objectivité en disant que les juifs français, arrivés en Algérie avant le décret Crémieux, ont décrit les synagogues qu’ils ont vues dans des termes d’une cruauté extrême : « Les écuries en France sont plus propres que leurs synagogues, et on les entend parler un dialogue fait d’un peu d’arabe et d’hébreu… ». Eh bien, voyons !

Pauvre Zemmour, petit-fils de cordonnier ! Il est vrai que les Berbères, dits les « hommes libres », les Juifs berbères et les tribus berbères judaïsées, vers 1600 et 1700 de notre ère, ne spéculaient surtout pas sur les valeurs boursières et les ventes à découvert de la cité de Londres ! N’est-ce pas James Anderson, pasteur protestant et aussi franc-maçon, qui avait perdu énormément d’argent dans le crash de la South Sea Company en 1720 ?

Mais que sait-il au juste Joël Sebban sur l’histoire, l’hygiène, les coutumes, les traditions des Berbères, des Juifs berbères et des tribus berbères judaïsées ? Tout bien considéré et au bout du compte, pas grand chose ! Littéralement en langue espagnole « pocas cosas », en langue portugaise « poucas coisas » et en langue catalane « poques coses* ».

Que sait-il de l’origine étymologique de l’appellation « Algérie » ? Ne sait-il donc pas que le nom « Alger » dérive du catalan Aljer au même titre que la ville historique Alghero, station balnéaire de la côte ouest du nord de la Sardaigne ?

Ne sait-il donc pas que la bande littorale de la période du paléolithique supérieur allant du nord de la Libye au sud du Maroc a été nommé l’Ibéromaurusien par feu Paul Pallary, enseignant, géologue et préhistorien, né le 9 mars 1869 à Mers-el-Kébir (Algérie) ?

Que sait-il de l’origine de la langue des berbères en Afrique du Nord ? N’est-elle pas reconnue comme la langue Capsienne d’un peuple de haute culture qui croyait en une vie après la mort ?

Bref, tenir des propos ambigus ou à double sens pour masquer son ignorance est toujours une mauvaise chose ! N’est-ce pas le Talmud de Babylone qui indique que : « l’avenir a un long passé » ?

Il est vrai que les temps actuels sont difficiles. Et n’en déplaise à Joël Sebban, puisqu’il n’est probablement pas doué pour les recherches historiques, autant méditer sur un fait d’actualité récent. Le 16 septembre 2011, vers 6H 30 dans une rue à Tel Aviv, deux individus de nationalité française, en sortant d’une boîte de nuit, circulaient avec une puissante BMW X6 pour se rendre à leur domicile. Ils percutèrent très violemment Lee Zeitouni. Cette jeune fille de 25 ans, de nationalité israélienne, avait bien attendu que le feu passe au vert pour traverser sur un passage piéton.

Professeure de gymnastique, adepte du yoga, pleine de vie, de charme et de beauté, Lee Zeitouni a été malheureusement victime d’un sordide et mortel accident de la circulation. Ces deux individus s’enfuirent sans porter aucune assistance et par ailleurs sans prévenir une quelconque autorité sanitaire et ou policière. Ils partirent immédiatement vers la France pour échapper à la rigueur de la justice israélienne.

Sur ce drame humain, il convient de se référer à la publication du 3 septembre 2013 de Richard Prasquier, président d’honneur du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) : « La charge émotionnelle de ce drame, les activismes populistes qu’elle a suscités, exacerbés à l’occasion du diner du CRIF 2012, ont été le prétexte d’attaques contre notre institution et/ou moi-même, accusés de manigances pour empêcher la justice israélienne de faire son travail…

… J’ai parlé ce matin à Itzik Zeitouni, père de Lee, pour lui souhaiter Chana Tova. La famille, qui fut admirable de dignité, espère que le procès aura lieu le plus vite possible et que le verdict sera à la hauteur du crime.

En ces jours de retour sur nous-mêmes devant le Créateur, est-il illusoire d’espérer qu’une injection de sur-moi, dont ils semblent particulièrement dépourvus, fasse enfin prendre aux responsables de la mort de Lee Zeitouni la mesure de leur responsabilité ? »

Eh bien, voyons !

 

 

Henri Ramoneda

 

 

*La famille de la mère d’Albert Camus était originaire de l’île de Minorque. Orphelin de guerre (1914-1918), pupille de la Nation, Albert Camus et son frère Lucien maîtrisaient la langue catalane. En 1957, le prix Nobel de littérature lui fut décerné.

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