Pourquoi donc les sondages sont-ils de moins en moins précis ? Pourquoi personne ne les croit-ils plus ? Sauf évidemment les candidats quand UN sondage par hasard les favorise… Pourquoi les ‘Instituts’ de sondage sont-ils si nombreux ?

Les Statistiques sont pourtant une branche scientifique des Mathématiques, donc une science précise, par opposition aux sciences expérimentales comme la Chimie. Sur un grand nombre de tirs, la pièce retombera TOUJOURS 50% pile et 50% tête, à moins d’un cas tellement exceptionnel qu’il puisse en être pensé impossible, où elle retomberait sur la tranche. Et, croyez-le ou non, tous les chiffres des lotos ont exactement la même chance de sortir et donc ils se valent tous. La preuve en est qu’en Afrique du Sud l’an dernier, les chiffres 1-2-3-4-5-6 avec le chiffre 7 comme ‘chance’ sont sortis… et que dix personnes se sont partagés le pactole. Et j’ai personnellement témoigné en Cour d’Appel pour faire acquitter un promoteur de martingales qui prétendait que de jouer les mêmes chiffres à chaque fois donnait de meilleures chances de gagner, ce qui est strictement vrai, très peu (0,2%), mais vrai.

Je précise que je ne parle pas à travers un chapeau que je n’ai d’ailleurs pas : je n’ai qu’une maîtrise en statistiques, dont le goût m’a été donné quand je fis mon premier sondage, à l’âge de seize ans, pour un certain Henri Grouès, député de Moselle, mieux connu sous le nom de l’abbé Pierre, qui a alors implanté un Chantier qui a perduré 40 ans et n’a dû être abandonné que parce que la ville l’a phagocyté.

Alors, que sont-ils devenus ? (les sondages)

Plusieurs raisons, dont la première est que par paresse ou autre COVID, les Instituts ne contactent plus les ‘sondés’ QUE par internet, ce qui élimine facilement la moitié de la population (et la moitié la plus significative !), et empêche de ce fait la stratification. La seconde est que la question principale dudit ‘sondage’ est tellement enrobée de préliminaires qu’elle en devient confuse, même pour l’analyste : ‘Passons maintenant à un autre sujet’ revient comme un leitmotiv. Certes, il faut dire son sexe (bah! il y en a tellement maintenant ?), son âge, son niveau de revenus, sa profession (est-ce que ‘retraité’ est une profession ?), etc. pour fins de strates, mais quid ? de son origine (interdite en France), de sa couleur de peau (idem), etc. Il y a une troisième raison d’être incrédules : les mensonges de plus en plus évidents des sondés, par exemple, combien de gens sont réellement inscrits sur les listes et veulent bien voter… on le leur demande, mais aucune preuve n’est accessible et c’est tant mieux comme cela. Notons que très peu des sondés se disent abstentionnistes.

Je me souviens avec petite gloriole d’un sondage pour un candidat à remplacer le Grand Paul Alduy, où j’ai dû refuser une première mouture de questions d’un certain Jacques Séguéla, complètement impossible pour l’analyse ! et où j’ai dit à l’impétrant, qui m’a gardé son amitié jusqu’à ce jour, qu’il perdrait, avec pourcentages de moins de 1% avec les résultats dans chaque canton de Perpignan. Il m’avait fallu identifier, dans l’annuaire téléphonique, patiemment, un numéro sur 10, ligne par ligne, et le référer à une liste de rues de chaque canton, mais le résultat à l’huile de coude, fut pertinent. Malgré les progrès de l’informatique, ce genre de recherche n’est plus possible. D’autant qu’il n’y a plus d’annuaire et que l’ère des portables a tout gâché.

Hélas!

Gérard Lépine