Vers une réforme permanente des retraites par Claude Barate*

 

Ce nouveau quinquennat d’Emanuel Macron doit être celui des grandes réformes, sinon la France aura perdu dix ans pour rien. L’inflation et le risque de montée des taux d’intérêt vont faire courir une contrainte budgétaire stricte, compte tenu de la lourdeur de notre endettement. En effet, la France offre la particularité d’être un pays très fortement endetté, malgré un taux de prélèvements parmi les plus élevés des pays de l’OCDE (double peine). Autant dire que ce n’est pas dans une augmentation des impôts que l’on trouvera les solutions à nos problèmes.
Réindustrialiser la France pour redonner de l’emploi et en terminer avec un déficit du commerce extérieur insupportable alors que celui des pays européens similaires est excédentaire.
Réformer l’organisation et les pédagogies de l’éducation nationale : il est anormal que la France soit un des pays de l’OCDE qui dépense le plus par élève, avec des professeurs mal payés, et des résultats médiocres dans les classements internationaux.
Il en va de même pour le régime de santé : des dépenses de haut niveau, identiques voire supérieures à celles des autres pays, avec des résultats déplorables comme démontré par la crise du COVID,…. ainsi va la France bureaucratique !
Il n’est nul besoin d’évoquer les autres dossiers  – inflation, pouvoir d’achat, lutte contre une insécurité grandissante, maitrise de l’immigration au service d’une politique d’assimilation, indépendance énergétique, augmentation des moyens de défense nationale et européenne, construction d’une Europe des nations, prélude à l’Europe des peuples et tant d’autres encore -, pour comprendre l’ampleur , la nécessité et l’urgence de la tâche.
Un dossier très important va enflammer le pays : celui d’une énième réforme des retraites. Pourtant celle-ci est nécessaire !
Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, le Général de Gaulle et les forces de la résistance ont mis en place un système de retraite qui s’appuie sur la solidarité entre les générations : les actifs paient la retraite des retraités.

 

L’âge de la retraite était fixé à 65 ans

 

On aurait pu choisir un autre type de système, comme celui de la capitalisation, qui aurait eu l’avantage de développer des fonds de pension très utiles pour le développement des entreprises….Ou encore un système de retraite de base payée par la fiscalité, avec une contribution volontaire défiscalisée pour un complément…. Ce n’est pas ce qui a été choisi et c’est très bien comme ça ; d’ailleurs les français sont très attachés à leur système de retraite.
Ce système pour être équilibré impose qu’il y ait un nombre d’actifs suffisamment élevé, comme au moment de sa création, sinon la charge serait trop lourde. Ainsi tout le monde peut comprendre que l’âge de départ à la retraite est un élément central de l’équilibre des régimes de retraites.
Pour bien poser le problème, on peut s’appuyer sur un modèle mathématique simple : celui d’un homme avec une espérance de vie de 80 ans. Il entre dans la vie active à 20 ans, travaille jusqu’à 65 ans, prend alors sa retraite, et meurt à 80 ans. Dans ce modèle, on peut constater qu’il a travaillé pendant trois périodes de quinze ans (20 ans-35, 35 -50, 50-65) pour une période d’inactivité de quinze ans (65-80). Ce qui veut dire qu’avec une retraite à 65 ans, il y a trois cotisants pour 1 bénéficiaire.
Que s’est-il passé avec le passage de la retraite à 60 ans : il n’y a plus désormais, que deux périodes de cotisations (20 ans-40, 40-60), pour une période de retraite de 20 ans (60-80).

Cette réforme a supprimé 1 cotisant sur trois et a fait reposer sur les deux cotisants restants, une lourde charge supplémentaire, diminuant le pouvoir d’achat des salariés et la compétitivité des entreprises. Et encore s’agit-il d’une analyse statique. Tout le monde peut comprendre que la situation s’aggrave, dans une perspective dynamique, ou les jeunes rentrent de plus en plus tard dans la vie active et les adultes ont une espérance de vie de plus en plus longue.

 

Alors que faut-il faire ?

 

Il est impossible d’augmenter les cotisations des actifs, cela se traduirait par une baisse du pouvoir d’achat des salariés et une baisse de la compétitivité des entreprises, alors qu’il faut rechercher le contraire. Il est impossible de baisser le niveau des retraites et donc le pouvoir d’achat des retraités. Une seule solution est possible : augmenter le temps de travail des actifs.
Par malheur, c’est le contraire qui a été fait avec la retraite à 60 ans et la semaine de trente-cinq heures…. La démagogie est la forme la plus corrompue de la démocratie, disait déjà Aristote !
Mais avant de rechercher le bon niveau de temps de travail, il faut régler le problème des retraites trop basses, celui de la pénibilité du travail (un professeur d’université peut travailler plus longtemps qu’un ouvrier ou un mineur…).

Il faut en même temps rechercher, avec détermination, le plein emploi (ré industrialisation, formation, baisse des charges de production) : plus il y aura d’actifs moins on sera obligé d’augmenter le temps de travail. Il faut enfin harmoniser les divers régimes de retraites, y compris en intégrant dans le régime général ceux qui sont structurellement déficitaires, pour aboutir, dans le temps, à un seul général.
Enfin, les régimes de retraites doivent être équilibrés. Il est profondément immoral, insupportable d’équilibrer les retraites par l’emprunt. Cette facilité consiste à reporter sur les générations à venir nos propres dépenses de fonctionnement. Et cette remarque sur les retraites vaut pour tout le reste. S’il est logique que les générations à venir paient leur côte- part des investissements qu’on leur laisse, il faut payer nous-mêmes nos dépenses de fonctionnement.
Reste à calculer l’âge de départ à la retraite. Sa détermination ne peut pas être le résultat d’un choix idéologique, encore moins d’un choix démagogique, mais d’un calcul mathématique.

A ce jour et compte tenu de l’environnement économique, le régime des retraites est déficitaire. Il est donc impératif de repousser l’âge de départ. En Europe la plupart des pays ont des régimes entre 65 et 67 ans. Repousser l’âge légal de départ à 64 ou 65 ans me parait plutôt raisonnable. C’est une idée que je défendrai pour sauver cette solidarité. En tout cas, rien n’est figé, il faudra s’adapter, au marché du travail, aux actifs et inactifs, trouver des solutions de souplesse. La réforme des retraites sera permanente.

 

Claude Barate, ancien député (RPR) des P-O, ex-1er adjoint de la Ville de Perpignan

 

*La version numérique du livre des mémoires de Claude Barate « Futur Antérieur » est gratuite. Demande à faire sur « facb2022@outlook.fr »