L’affaire des présumés policiers “ripoux” de Lyon et de Grenoble va-t-elle provoquer dans les jours qui viennent un cataclysme judiciaire dans notre région ?…
C’est la question que posait le 5 octobre 2011 le journaliste montpelliérain Jean-Marc Aubert, sur le blog de l’hebdomadaire montpellierain l’Agglo-Rieuse, en préambule à un article particulièrement détaillé et précis. Un article qui incontestablement fera date dans la suite des événements concernant “l’affaire Bouille” à Saint-Cyprien, car lorsque Jean-Marc Aubert parle de région, c’est bien la commune de Saint-Cyprien du temps de la gestion du docteur Jacques Bouille, qui est ici pointée du doigt. Morceaux choisis…
“Moins de vingt-quatre heures à peine, après sa mise en examen par deux juges parisiens pour “association de malfaiteurs, vol en réunion, détournement de scellés et trafic de stupéfiants” – Ndlr. Rien que ça ! – et sa remise en liberté sous contrôle judiciaire strict, le commissaire Christophe Gavat serait mis en cause à Perpignan, où il fut le chef de l’antenne des Pyrénées-Orientales, rattachée au service régional de police judiciaire (SRPJ) de Montpellier de fin 2006 à fin 2010, avant d’être nommé à l’antennde de Grenoble de la Direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ) de Lyon. L’ex-Directeur général des services de la Ville de Saint-Cyprien, Francis Montor, a saisi mercredi 5 octobre 2011, par l’intermédiaire de son avocat Me Jean-Robert Phung, du barreau de Montpellier (Hérault), le procureur de la République de Perpignan, Achille Kiriakidès, aux fins d’ordonner des investigations sur les agissements présumés du commissaire Gavat, dans l’affaire financière dite de Saint-Cyprien, dans laquelle le maire de l’époque, Jacques Bouille, avait été mis en examen et incarcéré, le 17 décembre 2008, avant de se suicider au centre pénitentiaire de Perpignan en 2009.
Huit autres personnes, dont Francis Montor, sont mis en examen par deux juges d’instruction de Perpignan, dont un certain Rémi B., qui à l’époque n’avait pas été placé lui sous mandat de dépôt. Rémi B. était le concubin d’une nommée Vicky J., laquelle, lors du coup de filet du SRPJ de Montpellier et de Perpignan n’avait été entendue qu’à titre de simple témoin par le commissaire Gavat et ce en tête à tête. Il était le directeur d’enquête. Joint au téléphone, Me Jean-Robert Phung confirme à l’Agglo-Rieuse : “Mon client, Francis Montor, a appris, lors du déroulement de l’instruction, que cette jeune femme, principale témoin à charge dans cette affaire financière, entretenait des liens plus étroits, pour ne pas dire intimes avec le commissaire, patron de l’enquête (…). Il faut que le procureur de Perpignan déclenche une enquête pour établir si la relation intime entre le directeur d’enquête de l’affaire de Saint-Cyprien et un témoin à charge capital est avérée ou non. Si c’est avéré, il faudra établir si ce témoin important a pu bénéficier d’une contrepartie, pour qu’il échappe par exemple au régime de la garde à vue. Et, il faudra se demander si les deux juges d’instruction étaient au courant ou s’ils ignoraient ces manoeuvres illégales supposées. Francis Montor est légitimement en droit de se poser ces questions et de tout faire pour les éclaircir (…)”.

Plus récemment, cette semaine, le mercredi 12 octobre 2011, c’est le journal L’Indépendant qui, si l’on peu dire, enfonçait le clou : “L’affaire de la police judiciaire de Lyon et entre autres la mise en examen du commissaire Christophe Gavat, chef de l’antenne PJ de Grenoble et ancien patron de l’unité de Perpignan du SRPJ de Montpellier jusqu’en septembre 2010, période durant laquelle il a été en charge des investigations sur le dossier Bouille, n’a, semble-t-il, pas fini de faire des remous dans le département des P-O”, écrivait la journaliste Laure Moysset. Elle ajoute : >”Francis Montor, ex-secrétaire général de la mairie de Saint-Cyprien a décidé, la semaine dernière, par l’intermédiaire de son avocat, Me Jean-Robert Phung (Montpellier) de saisir le procureur de la République de Perpignan afin qu’il ordonne une enquête préliminaire, voire qu’il ouvre une information judiciaire sur l’instruction menée depuis 2008 dans le cadre de ce feuilleton politico-judiciaire sans précédent. Dans le courrier de son conseil, Francis Montor vise essentiellement le commissaire Gavat, évoquant un éventuel “conflit d’intérêt” et ses soupçons de “corruption, trafic d’influence, voire de subornation de témoins” liés à une présumée “relation inapropriée entre le directeur d’enquête et un témoin fondamental”.

Entre temps, un blog toxique a vu le jour sur Saint-Cyprien. Il est bien sûr anonyme. Il serait en fait, selon la rumeur, alimenté par un philistin entiché du commissaire Gavat , originaire des P-O, mais qui avait rejoint benoîtement Grenoble, après avoir coulé l’une des plus belles affaires du Roussillon…

Bref, entre blogs et séances publiques du conseil municipal houleuses, la vie à Saint-Cyprien est loin d’être un long fleuve tranquille. Car à cela, il faut ajouter toutes les péripéties politiques en mairie depuis un certain 7 octobre 2011, date du dernier Conseil municipal. Ce jour-là : le Groupe d’Opposition Pugnace de Jean Jouandet, décide “à l’avenir de ne plus siéger”; Claudette Guiraud, UMP, est exclue de sa formation politique par les instances nationales de son propre parti ; Gérard Colom quitte Claudette Guiraud, avec laquelle il siégeait au conseil municipal de Saint-Cyprien, pour rejoindre le Groupe d’Opposition Pugnace et, avant de claquer la porte, fait une intervention publique au cours de laquelle il interpelle Thierry Del Poso (UMP), maire de Saint-Cyprien : “(…). Le dialogue au conseil municipal est inexistant et les prises de paroles ne sont que des monologues stériles et vous feignez d’écouter patiemment sans répondre au fond des questions posées. C’est ça la démocratie ? C’est vraiment moche et vilain. Vous gagneriez beaucoup si vous redonniez à la politique son sens et sa dignité. Vous ètes jeune, ça aurait pu être un atout pour vous, mais malheureusement vous nous ne montrez pas cette jeunesse d’esprit, cette fraicheur, cet éclat du coeur dont notre commune a tant besoin. C’est vraiment dommage. Je suis dans un état d’esprit où mon expérience professionnelle m’a appris le respect et l’altruisme de l’homme dans toutes les cultures, je voulais vous dire à quel point je suis déçu dans votre façon de conduire la gestion de notre commune. C’est pourquoi aujourd’hui, je ne siègerai pas au conseil municipal. Veuillez noter que je rejoins le groupe des conseillers municipaux du Groupe Pugnace”.

Preuve supplémentaire, s’il en fallait une autre, qu’à Saint-Cyprien la vie politique s’écoule différemment, autrement : depuis 2009, un couple de septuagénaires qui demeure à Canet-en-Roussillon, à la plage, essaie de ne pas rater une seule séance publique du conseil municipal pour assister aux débats. Ils s’y transportent par leurs propres moyens spécialement, bien que n’ayant aucune attache avec Saint-Cyprien, ni familiale ni professionnelle : “On ne s’y ennuie jamais. Ja-mais ! C’est mieux qu’à la télé… Et tellement plus animé qu’à Canet !”.