(Communiqué)

 

Enquête publique Site Patrimonial Remarquable (SPR) de Port-Vendres 
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Observations sur un Historique et un Diagnostic tronqués (par l’association FRENE’66)
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Les documents soumis à l’enquête portant sur l’historique et sur le diagnostic paysager ne vont pas au delà des années 1969-1970.

Or d’importantes atteintes au site de Port-Vendres ont eu lieu dans les trente dernières années et il est regrettable que cette période ne soit pas traitée.

Seront abordées ici par des exemples concrets l’inefficacité des protections réglementaires – du type site classé – et la volonté de la commune et de l’Etat de ne pas appliquer la loi Littoral dans ses différents aspects.

En effet si des éléments du patrimoine sont classés sites pittoresques, la loi Littoral permettait une prise en compte plus large et plus efficace, mais faute de volonté politique ces protections n’ont pu aboutir que partiellement, grâce à l’action contentieuse menée par les associations de protection de la nature et de l’environnement.

1 – Le site classé de Paulilles était tombé dans les mains d’affairistes qui projetaient d’y construire port de plaisance et marinas. C’est l’action vigilante des associations et des syndicats de l’Usine Nobel et surtout la révélation du système de corruption d’un parti politique qui ont permis d’éviter le pire. Cependant on se demande encore comment le maire de l’époque a pu échapper à toute investigation et surtout comment le ministère de l’environnement et le conservatoire du littoral ont pu venir au secours des emprunts souscrits auprès du Crédit Lyonnais en achetant plusieurs millions un site offert à l’époque par la commune à l’usine de dynamite pour le franc symbolique.

2 – Les collines côtières de La Mirande et de La Mauresque ont été sauvées de l’urbanisation par les recours judiciaires contre le plan d’occupation des sols de la commune. Les associations ont obtenu une décision du conseil d’état les classant espace remarquable du littoral. Rappelons que l’Etat, en la personne du préfet, avait pourtant tout mis en œuvre pour que se constitue une association foncière urbaine qui aurait imposé à tous les propriétaires un projet immobilier. Rappelons aussi que les plans de cette splendide spéculation étaient sur la table à dessin de l’architecte des bâtiments de France. Malgré cette décision de la plus haute juridiction administrative, la commune n’a jamais cessé de tenter de passer outre, y compris dans le dernier PLU où la cour administrative d’appel de Marseille a dû encore soustraire des parcelles illicitement classées en zone constructible. A qui appartiennent ces parcelles ?

3- Le lotissement du Pont de l’Amour – qui n’est pas un hameau comme le prétend le document – est totalement contraire au principe de continuité de la loi Littoral et il n’a pu voir le jour que par les méthodes d’obstruction de la commune. Il a été cependant déclaré illégal ainsi que 17 des permis de construire accordés. Les lenteurs de la justice aidant, cette réalisation qui devait « permettre aux enfants des dockers » de se loger à bon compte est tombée dans les mains d’une petite nomenklatura qui aujourd’hui peut mettre en vente ces villas à 500 000 € et plus.

4- Le site des Tamarins est menacé d’une part, par la construction d’un 3e quai inutile, autorisé par le préfet qui entraînera la destruction de la plage des Tamarins – ce qui n’est pas sans conséquence sur la sécurité de navigation dans le port – d’autre part, par les nombreuses tentatives d’urbanisation jusqu’à présent toutes condamnées par la justice administrative alors même qu’une gendarmerie a été édifiée sur une parcelle non constructible…

5- Les crêtes entourant le Fort Saint Elme ont été urbanisées suite au refus du maire de la commune d’agrandir le périmètre de protection du site qui est classé côté commune de Collioure. Il est paradoxal d’apprendre dans le document soumis à l’enquête qu’il y aurait « une communauté d’attention » dans les mesures de protection entre les communes de la Côte Vermeille.

6- La coupure d’urbanisation entre Collioure et Port-Vendres, indiquée par une vague flèche sur les documents d’urbanisme a été largement grignotée par l’urbanisation de la Coma Sadulle, malgré là encore des décisions judiciaires.

7- L’urbanisation galopante de la Route stratégique démontre, que contrairement aux dires du document soumis à l’enquête, la pente constitue un élément contraignant et que l’implantation dans le rocher des villas suscite un bétonnage chaotique portant une grave atteinte au paysage.

8- Il est inutile d’évoquer le « hameau » de Cosprons puisque le document sur le paysage le considère lui-même comme très altéré et ce n’est pas les extensions prévues au PLU (Plan Local d’Urbanisme) qui atténueront les choses.

9- Le PLU n’a d’ailleurs pu être adopté qu’à la suite de trois audiences en cour administrative d’appel et grâce à une régularisation extraordinaire et a posteriori du conseil communautaire du SCOT portant sur les dix années d’urbanisation sans respect des procédures par la commune de Port-Vendres ;

10 – Cette saga des dégâts se poursuit aujourd’hui avec les projets de PLU « allégés » pour la création de nouveaux lotissements au Pont de l’Amour et aux Tamarins, des tentatives pour passer outre les dernières décisions de justice sur ces secteurs. Ces projets qui sont mis à enquête publique quasi simultanément avec la présente enquête sur le SPR et les refus du maire et du préfet de les décaler dans le temps démontrent la désinvolture avec laquelle est prise en compte la notion de patrimoine. Cause toujours, le béton coule !

Conclusion

La FRENE 66 ne voit pas bien l’intérêt dans ces conditions de simuler un site de patrimoine remarquable alors que le maire de la commune, les responsables du SCOT Littoral sud, avec l’agrément de la préfecture, s’échinent à urbaniser les éléments remarquables du patrimoine paysager et écologique du site de Port-Vendres. Sauf à faire croire que la couleur des façades pourrait être l’élément déterminant de ce patrimoine comme le sous-entend un avis récent de l’architecte des bâtiments de France pour un projet de construction d’une énorme villa dans le site remarquable de la Mauresque :