Sant Jordi

 

Les troubadours roussillonnais attendaient depuis plus de sept cents ans que leurs chansons fussent rassemblées en un recueil unique. Ces poètes-musiciens méconnus occupent pourtant, dans le monde du trobar en général et dans celui de la lyrique médiévale en particulier, une place à la fois originale et conforme à la tradition. Par l’époque dans laquelle ils s’inscrivent, celle des grands troubadours classiques, par leur prédilection pour la canso, le genre poétique roi, et par la thématique amoureuse qu’ils développent au sein de leurs Å“uvres, ces chantres de la fin’amor entrent de plain-pied dans le cadre de l’orthodoxie courtoise. Parmi ceux-ci se détache, à la charnière des XIIe et XIIIe siècles, la figure tragique de Guillem de Cabestany. Amoureux de la belle Saurimonda, épouse du bouillant Ramon de Castell Rosselló, il paya cher sa passion : le mari jaloux lui arracha le cÅ“ur qu’il offrit à sa femme en guise de repas…  

Michel Adroher est maître de conférences en langue et littérature médiévales à l’Université de Perpignan Via Domitia. Il travaille essentiellement sur les rapports d’influence qui se sont tissés au cours du Moyen Âge entre les littératures française, catalane et occitane. Auteur d’un ouvrage sur les troubadours roussillonnais, il prépare actuellement à Barcelone l’édition de la Stòria del Sant Grasal, version catalane de la Queste del Saint Graal.

 

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