Avec l’aimable autorisation de Jean-Michel Martinez, Directeur de la rédaction du Journal Catalan (mensuel gratuit diffusé à plus de 50 000 exemplaires dans le département des P-O et qui parait chaque premier samedi du mois)…

 

André Bonet : “La langue de bois, ça suffit !”

 

Dans un entretien exclusif au Journal Catalan, André Bonet le bouillonnant fondateur du Centre Méditerranéen de Littérature (CML) ne mâche pas ses mots, comme à son habitude.
Il dénonce les “fâcheux” du Pays catalan qui lui ont vomi dessus depuis qu’il a décidé de rejoindre Louis Aliot*, pour les élections municipales à Perpignan, souvent les mêmes d’ailleurs qui la veille encore de son choix l’encensaient, le comblaient de louanges et de flatteries, bref le portaient aux nues.
Pour la première fois depuis le déclenchement de ce tohu-bohu alimenté par le microcosme pataugeant sur les berges de la Basse, à l’ombre du Castillet, André Bonet dit ici ses quatre vérités

 

 

-Le Journal Catalan : quelles sont les motivations qui vous ont amenées à vous présenter avec Louis Aliot ?
– André Bonet : “L’homme d’abord. Entre Louis Aliot et moi, c’est l’histoire d’une rencontre. Cela remonte à plusieurs années en arrière. J’avais eu l’occasion de le croiser lors de la campagne électorale de 2014, où je venais d’avoir accepté d’être le 55e, c’est-à-dire le dernier, sur la liste de Jean-Marc Pujol**. Cette proposition m’avait été faite dans des conditions assez rocambolesques, c’est-à-dire une heure avant la prise de photo officielle de la liste du maire sortant ! « Fais-le par amitié, m’avait-on dit au téléphone, il a besoin d’un nom, Jean-Paul Alduy*** vient de lui claquer entre les doigts ! ».
Je suis fidèle en amitié, Jean-Marc était à mes côtés lorsque j’ai créé le CML en 1982. On ne m’a pas laissé le temps de la réflexion. J’ai donc dit oui sans réfléchir.
Cette campagne, je ne l’ai pas aimé, je ne l’ai pas senti, surtout au moment du second tour et du « fameux » front républicain.
Je croisais souvent le candidat Louis Aliot dans un restaurant du centre-ville, La Pitcholina, où nous avions chacun nos habitudes. Nous nous saluions toujours avec une sympathie réciproque. Et pour ne rien vous cacher, je me disais au fond de moi que ma place aurait du être à ses côtés. Je pense que les motivations qui m’ont amenées à me présenter en 2020 viennent de cette période.
En voyant ces derniers mois les luttes intestines de certains élus, les mesquineries, les caprices, les déchirements et les trahisons (je mets à part Olivier Amiel**** qui n’a jamais démérité), j’ai béni le ciel d’être resté à l’extérieur de ce jeu de massacre. Finalement ma 55e place aura été pour moi une aubaine”.

– LJC : on suppose qu’avant d’arrêter votre décision vous avez pesé le « pour » et le « contre »…
– AB : “Je n’ai rien pesé du tout ! Pour revenir à Louis Aliot, durant ces six dernières années, nous n’avons fait que nous croiser, jusqu’à l’été dernier où nous nous sommes retrouvés à déjeuner chez des amis communs. Nous nous sommes revus deux ou trois fois par la suite, avant qu’il ne me propose de le rejoindre sur sa liste avant les fêtes de fin d’année. Je l’ai senti porté par un vrai projet ambitieux pour Perpignan, avec cet esprit d’ouverture qui m’a séduit. Il ne m’a pas fallu plus d’une seconde pour lui dire oui.
Dans la foulée j’ai démissionné de mon emploi professionnel et de la présidence du CML que j’ai fondé il y a trente-huit ans, avec effet immédiat. Je me suis présenté ainsi en homme libre, sans prendre en otage ni mon employeur, ni les membres du CML.
Louis Aliot est un homme qui ne triche pas. Il est le contraire d’un homme brutal. C’est un homme de cÅ“ur. Il est tout sauf sectaire. Et je me révolte toujours lorsque j’entends hurler les fâcheux (ils adorent çà hurler !) en le traitant de tous les noms d’oiseaux. Les terroristes de la pensée ont perdu la partie. Les Perpignanais appellent de leurs vÅ“ux un homme comme compétent et impliqué comme Louis Aliot, et je regrette que Jean-Marc Pujol n’ait pas vu venir cette vague énorme – un tsunami ! – qui s’est levée.
Je regrette qu’il n’est pas suivi la sage décision d’un Bernard Dupont à Canet-en-Roussillon, d’un Daniel Mach à Pollestres, d’un Francis Manent à Saint-André ou encore d’un Alain Torrent à Céret. Il serait parti avec les honneurs, mais il a préféré écouter les conseils d’une petite cour d’arrivistes qui va le conduire à sa chute”.

– LJC : Vous attendiez-vous à ce que ce choix déclenche autant de réactions ?
-AB : “Oui, évidemment ! Même des fâcheux, pour la plupart d’extrêmes gauches que je croyais morts, pour ne plus en avoir entendu parler depuis des lustres, sont sortis de leur tanière ! Il s’en sont donné à cÅ“ur joie ! Plus il m’ont tapé dessus et plus j’ai été conforté dans mon choix.
Leurs vieilles ficelles plus personne n’en veut. J’en veux pour preuve les centaines de témoignages de soutiens qui me sont parvenus de la France entière. Ma candidature a eu un écho national, ce que je n’avais pas imaginé au départ.
Quant aux très nombreux acteurs culturels avec lesquels j’ai pu parler ou que j’ai rencontrés, je veux ici leur exprimer ma profonde gratitude. Ils ont su faire la part des choses. Certains me connaissent depuis plus de trente ans et ils ont bien compris que je n’étais pas devenu « facho » du jour au lendemain !
Nous continuerons à faire briller la culture à Perpignan ! Nous irons même plus loin ensemble”.

– LJC : parmi ces réactions, l’une d’entre elles vous a-t-elle plus blessé et laquelle ?
– AB : “Blessé non. Révolté et indigné oui ! Une poignée d’ennemis de Christian Bourquin***** s’étaient réunis, il y a dix-huit ans, pour tenter de saboter la sortie d’une Encyclopédie du Pays catalan, initiée par le président socialiste du Conseil Général.
Ces imbéciles ont monté de toute pièce une pseudo « Affaire Brasillach » du nom d’un écrivain collabo peu glorieux né à Perpignan, dont une notice bibliographique – un copier collé d’une quatrième de couverture d’un de ses ouvrages paru chez Plon (l’éditeur du Général de Gaulle) – figurait dans la dite encyclopédie, à côté d’un texte sur les « Ecrivains roussillonnais » que j’avais rédigé.
Ils ont flairé « la bonne affaire » pour flinguer Bourquin. Un écrivain collaborationniste mentionné dans une encyclopédie financée par une institution de gauche, vous pensez !…
Ils s’en sont donné à cœur joie ! La polémique a duré un mois, mais l’encyclopédie dont ils avaient exigé le retrait aura été au contraire, grâce à leur publicité, un incroyable best-seller en Pays catalan et au-delà. Du jamais vu !
Ce sont ces mêmes grincheux qui ont osé ressortir, dix-huit ans après, leur plat réchauffé pour tenter de me nuire, de me salir. Bonet « facho » ! Rendez-vous compte ! Pathétique”.

– LJC : très sincèrement, les critiques négatives ont-elles été plus nombreuses que les positives, ou c’est l’inverse qui s’est produit ?
– AB : “Plus de 300 messages positifs, contre 11 négatifs, faites le compte !”

– LJC : avez-vous depuis perdu des amis… et obtenu des soutiens inattendus ?
– AB : “Parmi les vrais amis je n’en ai perdu aucun. Côté relations amicales, je les compte sur les doigts d’une main.
Parmi les soutiens inattendus, vraiment très nombreux dans le monde littéraire, il y en a deux amis (de gauche) qui m’ont fait pleurer aux larmes tellement j’y suis attaché. J’avais peur de les perdre en raison de l’affection que je leur porte. Je ne l’oublierai jamais”.
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– LJC : si cela était à refaire…
– AB : “Durant cette campagne du premier tour, j’ai croisé des centaines de Perpignanais, je me suis fait de nombreux nouveaux amis. L’équipe de Louis Aliot est formidable. Nous avons beaucoup ri durant cette campagne. Nous savons que nous allons gagner ! Les Perpignais nous le disent tous les jours.
Mais tout a viré au cauchemar au moment de la venue du Président Puigdemont******, à quelques jours du premier tour et en pleine crise du Covid-19 et du Coronavirus ! Ceux qui ont pris cette initiative politicienne et « criminelle » ; ils auront à rendre des comptes.
Ne pensez-vous pas qu’Il aurait été plus judicieux de le faire venir plus tard, par exemple lors des fêtes de la Saint-Jean et non pas en pleine élection municipale ?
A cet instant, je pense à toutes les personnes touchées par cette pandémie. Elles sont présentes dans mes prières quotidiennes. Il y aura une vie après ce drame planétaire. Le monde, la France et Perpignan se relèveront. C’est mon vÅ“u le plus cher, mais au prix de combien de morts ?”.

Propos recueillis par J-M. M.

André Bonet et le député (RN) de la 2e circonscription dres P-O, Louis Aliot.

 

 

*Louis Aliot (RN), 50 ans, député de la 2e circonscription des P-O (depuis 2017), conseiller municipal de Perpignan (depuis 2014), vice-président du Front National (2011-2018) chargé de la Formation et des manifestations, député européen (2014-2017), conseiller régional du Languedoc-Roussillon (2010-2015), secrétaire général du FN (2005-2010), conseiller régional de Midi-Pyrénées (1998-2010), candidat aux municipales à Perpignan (2020).

**Jean-Marc Pujol (LR/ Les Républicains), 71 ans (ce samedi 4 avril 2020), maire de Perpignan depuis 2009, président de la métropole Perpignan Méditerranée (communauté urbaine), candidat à saz succession (2020).
***Jean-Paul Alduy (centriste), 76 ans, président de la communauté d’agglomération Perpignan Méditerranée (2000-2014), maire de Perpignan (1993-2009), sénateur des P-O (2001-2011), conseiller général (1992-1998).
****Olivier Amiel (LR), ex adjoint de Jean-Marc Pujol délégué à la Rénovation urbaine (2014-2019), conseiller communautaire Perpignan Méditerranée Métropole (2014-2020), candidat aux municipales sur Perpignan(2020).
*****Christian Bourquin (PS), président du conseil régional Languedoc-Roussillon (2010-2014), sénateur des P-O (2011-2014), président du conseil général des P-O (1998-2010), député de la 3e circonscription des P-O (1997-2002), maire de Millas ((1995-2001), conseiller général des P-O (1994-2010). Né le 7 octobre 1954 à Saint-Féliy-d’Amont (P-O), et mort le 26 août 2014 à Montpellier (Hérault).
******Carles Puigdemont (CiU), 57 ans, député européen (depuis le 2 juillet 2019), président de la généralité de Catalogne à Barcelone (2016_2017), député du parlement de Catalogne en Espagne (2006-2020), maire de Gérone en Espagne (2011-2016), dirigeant indépendantiste en exil en Belgique car condamné en Espagne “pour sédition et détournements de fonds publics”.

 

 

André Bonet en huit dates…

Né à Perpignan le 21 févier 1961

1982 – Création à Perpignan du Centre Méditerranéen de Littérature

1985 – Création du Prix Méditerranée

2000 – Création du Prix des Spiritualités d’aujourd’hui

2002 – Nomination par le Président Jacques Chirac au Conseil supérieur de la langue française

2010 – Nomination au Conseil culturel de l’Union pour la Méditerranée (UPM), présidé par l’ancien ministre Renaud Muselier

2011 – Création avec le Centre Hospitalier de Thuir le Prix Folire destiné à œuvrer auprès d’un public de malades mentaux.

2014 – Création du Prix des Ecrivains gastronomes Goût de France

2020 – Candidat aux élections municipales de Perpignan sur la liste divers-droite de Louis Aliot Perpignan l’Avenir en grand.

André Bonet est l’auteur de “Une vie du saint curé d’Ars”, “Une vie de sainte Rita”, ainsi que d’une biographie d’Yves Klein (éditions du Rocher), “Les chrétiens oubliés du Tibet” (Presses de la Renaissance) , “Prier 15 jours avec Sainte Rita” (Nouvelle Cité), et de deux ouvrages co-écrits avec Michel Bolasell “Les Insurgés de la pauvreté” (Philippe Rey) et “Jeunes et Saints”, préfacé par le Cardinal Luis-Antonio Taglé (Le Rocher).