Communiqué

 

 

Confinement : consommer local, un enjeu pour tous
Face à la crise sanitaire actuelle, le monde agricole se mobilise de toutes parts et les initiatives pour mettre en lien les producteurs et les consommateurs se multiplient.

 

“Consommer mieux, consommer local, consommer malin… C’est la démarche adoptée par la majorité de la population confinée en raison de l’épidémie de coronavirus.
Les solutions passent quelquefois par le retour à la simplicité. L’Indépendant s’est engagé dans une grande opération afin de rapprocher producteurs locaux et consommateurs avec plus d’une centaine de producteurs inscrits sur la plateforme. De leurs côtés les producteurs multiplient les initiatives pour composer des paniers de produits frais disponibles en drive ou en livraison. Des plateformes en ligne se développent pour vendre les productions locales aux consommateurs devant limiter leurs déplacements. Certaines exploitations agricoles sont aussi toujours accessibles aux clients attachés aux circuits courts, en respectant des mesures d’hygiène et de sécurité strictes. Ces dispositifs séduisent de plus en plus en cette période compliquée. La profession ne peut que remercier vivement toutes les personnes engagées dans ces démarches et les encourager à les faire perdurer.

 

Consommer français : un enjeu national pour les filières fruits et légumes
L’engagement de la grande distribution auprès des agriculteurs
La profession agricole, JA et FNSEA ont sollicité la grande distribution pour privilégier les produits locaux. La majorité des enseignes (Leclerc, Carrefour, Lidl, Système U…) a répondu favorablement à cet appel au « patriotisme économique » pour soutenir les producteurs qui subissent la fermeture de la restauration, de certains marchés de plein vent, l’interruption des exportations…

Les élus locaux ont sollicité Philippe Chopin, préfet des Pyrénées-Orientales, pour le sensibiliser à la problématique. La FNSEA en collaboration avec les AS (Légumes de France et la FNPF) sont intervenues auprès des GMS permettant ainsi d’éviter une grosse catastrophe au niveau de la fraise, de l’asperge et de la salade qui ne parvenaient pas à se vendre. L’ensemble des intervenants a été d’une grande efficacité. Des campagnes de promotion sont venues soutenir la démarche en incitant les consommateurs à acheter les produits frais et locaux. Les producteurs de notre département ont ainsi pu valoriser et vendre leurs produits et éviter la perte de certaines productions comme la salade qui sans cela aurait sans doute été vouée à être détruite. Tous les acteurs ont joué le jeu, succès à la clé. Mais il ne faut rien relâcher, ne pas baisser les bras et consolider ces démarches qui vont dans le bon sens.

 

Commercialiser les productions agricoles sur le département et approvisionner le national
Durant le confinement les initiatives locales permettent de commercialiser les productions agricoles au niveau du département en circuits courts mais il ne faut pas oublier que la majorité de la production du département est vouée à se retrouver sur le marché national.
Nous avons œuvré dès le début de la pandémie avec tous nos partenaires à privilégier les circuits de commercialisation de proximité, cependant notre département est dans bien des produits le plus gros producteur, c’est bien pour cela que plusieurs produits (fraise, asperge et salade) ont été en souffrance très tôt. Nos relais dans nos associations spécialisées nous ont été d’une aide précieuse, nous remercions leurs présidents pour leur aide et la Présidente de la FNSEA pour son action pour l’agneau et la promotion dans une enseigne de la grande distribution pour désengorger le marché de la batavia plombé par la fermeture de nos usines de mise en sachet. Aujourd’hui et au jour le jour le jour nous suivons l’approvisionnement, les ventes et les origines dans nos magasins. Nous allons dans les prochains jours nous rapprocher de nos metteurs en marché fruits d’été pour préparer notre saison estivale de la meilleure des manières, de façon à prendre en considération proximité et approvisionnement national. Ces conditions inédites nous demandent une adaptation permanente aux conditions de marché, tous produits confondus dans l’intérêt de toute notre agriculture sous quelque forme que ce soit.

 

L’Interprofession des fruits et légumes Frais alerte
INTERFEL alerte sur la problématique qui touche le marché de la salade (batavia, feuille de chêne, laitue et mâche). La production locale est en danger. Des volumes importants sont disponibles à l’offre au niveau des différents bassins de production et les volumes de plein champ arrivent à grands pas. Tant que le secteur de la restauration fonctionnera au ralenti, les volumes seront disponibles en grande quantité pour le marché de la consommation à domicile. L’interprofession invite les producteurs à mettre en avant ces produits qui sont disponibles en grande quantité auprès des consommateurs (conditionnements spécifiques, semaine de recettes…).

 

Le marché de gros de Perpignan : la pierre angulaire de l’approvisionnement local
Alain Figuères, Producteur de Saint Estève et président de l’association des producteurs du marché de gros
Nous avons un formidable outil pour permettre aux producteurs de vendre aux professionnels en circuits courts, à tous les commerçants de proximité, les petites et moyennes surfaces, les détaillants non sédentaires, les grossistes … Les produits de la halle aux carreaux, c’est 24h du champ à l’assiette, c’est l’assurance d’une qualité, d’une traçabilité et d’une sécurité alimentaire pour les consommateurs. Le marché de gros c’est la garantie du maintien de tous les commerces de proximité.
Aujourd’hui plus que jamais son rôle est fondamental. Il continue son activité pour assurer à la population le besoin essentiel de se nourrir, et les producteurs, les grossistes et les acheteurs du marché de gros sont actifs et mobilisés. Les mesures de précaution sanitaires ont été mises en place par Perpignan-Méditerranée pour garantir la continuité du service public. Je tiens à parler aussi de l’équipe du marché, à pied d’œuvre, avec Joëlle Puiseux, en charge du marché de gros, qui fait, comme on dit, « tourner la boutique ».
Nous voyons à quel point la Présidente de la Région Occitanie, la Chambre d’Agriculture, les maires, la presse locale, se mobilisent aujourd’hui pour soutenir les producteurs locaux, les circuits courts et l’alimentation de proximité dans ce contexte difficile, et nous les remercions pour toutes ces initiatives et cette solidarité qui se déploient pour la filière agricole.
Je lance un appel aux producteurs qui n’ont pas encore franchi le pas, à venir vendre leur production au marché de gros, et à tous les acheteurs professionnels à venir s’y fournir… c’est le seul endroit où ils trouveront toutes les variétés qui existent en produits locaux… Quand on pratique le marché, on y revient…

 

Eugène Giogli : détaillant en fruits et légumes au marché de la République, à Perpignan
Détaillant sur le marché de la place de la République de Perpignan, depuis le début des années 2000, je suis un ancien agriculteur ayant exercé de 1984 à 2000. J’ai donc fréquenté le marché de gros en tant qu’agriculteur, et j’ai connu le marché de gros de la Pépinière, situé à l’avenue Leclerc et son transfert sur le site actuel. Je fais le choix de venir sur le marché de gros car je peux y trouver tous les produits locaux. En tant qu’ancien producteur, je privilégie les produits des agriculteurs de notre département, et je m’attache à les mettre en avant sur mon étal. C’est l’occasion de faire découvrir aux consommateurs qu’on est capable de produire des produits de qualité, et de leur proposer des produits frais et de saison. Pour les produits que je ne trouve pas sur le carreau des producteurs, je m’approvisionne sur la zone grossistes du marché de gros chez Expo Fruits, en effet je dois avoir pour ma clientèle des produits comme les bananes, les avocats, les ananas… qui ne sont pas cultivés chez nous, ni même en France. L’intérêt pour moi est de trouver sur un même lieu tout ce dont j’ai besoin pour satisfaire mes clients.

 

La crise sanitaire : dans l’œil du maraîcher
Bruno Vila : maraîcher à Saint-Cyprien, Président des Paysans de Rougeline et Secrétaire Général de Légumes de France et de la FDSEA 66

Avec la crise sanitaire, comment se portent les marchés de la tomate et de la fraise ?
De façon générale il a fallu être agile et réactif au quotidien afin de s’adapter aux changements dès le début du confinement. Nous avons eu une forte réduction d’activité avec les marchés de gros et notamment les opérateurs orientés sur la restauration et les marchés de plein vent qui ont été fermés par la suite dans certains endroits. Néanmoins, nous avons pu constater un report de la demande sur les réseaux de distribution ouverts excepté pour les produits spécifiques à la restauration et notamment la 4e gamme. Nous avons observé une accentuation de la demande pour les produits destinés aux drives ainsi que les produits pré-emballés. Pour la tomate nous avons eu des difficultés sur certaines références (vieilles variétés et tomates cerises diverses) la première quinzaine du confinement. Ceci s’explique essentiellement à cause de la réduction de la gamme tomates dans les rayons pour la plupart des clients notamment à cause du manque de main d’œuvre en plateforme logistique et dans les magasins.
En fraise la situation a été plus compliquée les 2 premières semaines avec des prix très bas ainsi qu’un manque d’écoulement qui a conduit malheureusement à un peu de retrait de produit.
Néanmoins dès lors que la décision a été prise dans la distribution de mettre en avant essentiellement des produits d’origine France la situation s’est nettement améliorée. Nous avons observé une amélioration des niveaux de prix ainsi qu’un déficit de certains produits à l’offre. Depuis 3 semaines maintenant la situation s’est stabilisée et le commerce est fluide. Au-delà de cette période exceptionnelle qui a généré un élan de solidarité et de patriotisme cela nous montre bien que lorsque tout le monde y met de la bonne volonté la production Française à toute sa place. Espérons qu’après cette crise nous en tirerons les bons enseignements pour consolider notre agriculture et sa diversité et développer nos productions.

Après un mois de confinement, la grande distribution continue-t-elle à jouer le jeu en s’approvisionnant auprès des agriculteurs locaux pénalisés par les fermetures de marchés, la restauration et l’interruption de l’exportation ?
Globalement nous continuons à observer une mise en avant principalement de nos productions locales et nationales même si l’on constate encore des produits d’importation. L’équilibre du marché est fragile et il faudra être vigilant de s’assurer du bon écoulement de nos produits pour lesquels nous assurons la continuité de nos productions. Ce déficit de production s’explique en partie par des rendements en baisse liés à la climatologie (c’est le cas de la tomate) mais surtout de la faiblesse de la production Française pour fournir le marché intérieur. En effet, c’est un crève-cœur mais après des années de recul des volumes, des surfaces en production et du nombre d’agriculteurs ce sont les conséquences liées aux distorsions de concurrences et à la politique des prix bas que nous dénonçons depuis longtemps. Mais pour être optimiste nous avons une opportunité aujourd’hui car cela permet d’envisager d’engager un dialogue entre l’amont et Laval de la filière F&L pour trouver des solutions collectives pour consolider et développer la production Française. En ce qui concerne les marchés de plein vent un certain nombre ont été maintenus dans les Pyrénées-Orientales après un travail important du syndicalisme et de la Chambre d’Agriculture auprès de la préfecture et de l’association des maires. Dans cette période de crise sanitaire la vente directe des exploitations a été confortée notamment au travers de la fourniture de paniers et des livraisons à domicile ce qui laisse présager aussi une continuité intéressante après cette crise pour continuer à développer la vente directe de proximité.

Comment se passent les récoltes au niveau des consignes d’hygiène et de sécurité ? Et comment gérez-vous les besoins en main d’œuvre en cette période de crise sanitaire ?
Nous avons rapidement mis en place les consignes d’hygiène et de sécurité et notamment les règles de distanciation sur nos exploitations pour assurer la sécurité de nos salariés. Un échange et un dialogue permanent est maintenu avec l’ensemble des intervenants afin d’apporter une amélioration continue des postes de travail et de répondre aux inquiétudes de chacun. Tout cela est essentiel car ce sont la bonne application de ces règles et consignes qui nous permettent de préserver la santé de nos salariés et d’assurer la continuité de nos activités. Nous avons obtenu syndicalement des avancées significatives pour faciliter la gestion de nos besoins de main d’œuvre (le cumul possible d’un travail dans l’agriculture et du chômage partiel, le déplafonnement des heures travaillés etc…) Nous avions anticipé nos besoins saisonniers afin de pallier aux éventuelles absences. Nous avons privilégié le recrutement de nos salariés localement grâce à des candidatures spontanées, mais aussi grâce à tous les canaux qui ont été développés en partenariat avec Pôle emploi, les syndicats agricoles et la plateforme ww.desbraspourtonassiette.wizi.farm, pour le moment nous arrivons à faire face aux besoins”.

 

Bruno Vila, adhérent de la coopérative Sud Roussillon, dans les Pyrénées-Orientales, et président du groupe Odélys. (marque Rougeline, 65 000 t de tomates).