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Régionales : les présidents sortants en position de force à cinq mois du scrutin
Deux Français sur trois se disent « satisfaits » de l’action des présidents de région, selon le premier sondage RégioTrack d’OpinionWay pour « Les Echos ». La crise du COVID et l’éclatement du paysage politique laissent entrevoir une grande stabilité à l’issue du scrutin de fin juin. Malgré le COVID, la santé publique n’est pas, aux yeux des électeurs, l’enjeu prioritaire des régionales.

 

 

C’est un premier état des lieux. Une photographie des rapports de force à cinq mois des élections régionales , qui sera regardée de près dans les états-majors politiques. La première édition du baromètre mensuel RégioTrack d’OpinionWay pour « Les Echos » et Radio classique (1) montre à la fois un réel intérêt des Français pour le scrutin de juin et un éclatement très fort du paysage politique, qui pourrait se solder au second tour par un nombre inédit de quadrangulaires.

Globalement, si le scrutin se déroulait ce dimanche, 22 % des personnes interrogées voteraient pour le Rassemblement national et autant pour Les Républicains, 18 % pour l’alliance LREM-Modem, 12 % pour les écologistes qui feraient alors jeu égal avec le PS, et 7 % pour LFI. Mais ni les listes des « marcheurs » – qui ne séduisent que la moitié des électeurs d’Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle de 2017 et 15 % de ceux de François Fillon -, ni celles de sa principale opposante Marine Le Pen – très en deçà de son score de 2015 (29 %) -, ne sont assurées de décrocher une région.

Prime renforcée

« On n’est pas dans le paysage politique recomposé de 2017 et des européennes de 2019. La prime au sortant qui existe à ce type d’élections est encore renforcée », résume Frédéric Micheau, directeur général adjoint et directeur des études Opinion et Politique de l’institut de sondage. Celui-ci insiste sur les atouts des sortants, qui sont aux commandes de grandes régions , achèvent souvent leur premier mandat et sont dans l’opposition au pouvoir central.

S’il convient de rester prudent dans la mesure où l’offre politique n’est pas arrêtée et la campagne n’a pas encore démarré, les premières projections effectuées par OpinionWay laissent entrevoir une grande stabilité lors de ces régionales. Tous les sortants (5 socialistes et 7 élus de droite) sont favoris pour se succéder à eux-mêmes. Les deux seuls à sembler un peu menacés sont le LR Renaud Muselier en Paca -dans l’hypothèse d’un maintien de LREM au second tour- et la LR Christelle Morençais en Pays de la Loire, où une triangulaire pourrait se tenir.

« Plus efficace »

A l’exception de cette dernière région, l’éclatement favorise incontestablement les présidents en place. Surtout avec le Covid . « La période est une prime à la stabilité. Tant qu’elle dure, la crise a tendance à geler les positions », analyse Bruno Jeanbart, le vice-président de l’institut. Hormis Laurent Wauquiez , connu par 76 % des habitants d’Auvergne-Rhône-Alpes, les présidents sortants ne bénéficient pas d’une immense notoriété personnelle, même si elle est supérieure à celle de leurs prédécesseurs : la moitié des Français ne sont pas capables de citer le nom du patron de leur région.

Mais ils sont tous appréciés. Deux Français sur trois se disent « satisfaits » de leur action globale et trois présidents sortants peuvent même se targuer de dépasser la barre des 70 % : Jean Rottner dans le Grand Est, Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France et Christelle Morençais dans les Pays de la Loire. La crise sanitaire, marquée par des difficultés successives sur les masques, sur les tests et sur la vaccination , a été « une opportunité pour de nombreux présidents de région », rappelle Bruno Jeanbart. De fait, une personne sur quatre (25 %) considère que la région a été « plus efficace que l’Etat pour faire face à la crise sanitaire » (et même 34 % en Auvergne-Rhône-Alpes). Pour 63 %, elle n’a été « ni plus ni moins efficace ».

L’enjeu sécuritaire

Paradoxalement, la question sanitaire n’est pas l’enjeu qui pèse le plus dans le choix des électeurs. Appelés à désigner les trois enjeux qui guident leur décision, les Français évoquent d’abord à 42 % la sécurité (et jusqu’à 49 % en Paca). Ce qui s’explique par la persistance de la menace terroriste, une série de faits divers médiatisés et la très polémique loi sur la sécurité globale . Suivent l’économie et la création d’emplois (40 %), le cadre de vie et l’environnement (36 %) puis la santé publique (34 %). Cette dernière n’occupe la première place dans aucune région.

« Si la santé publique est relativement peu attendue, c’est parce que les gens ont le sentiment que les exécutifs régionaux le font déjà bien », explique Frédéric Micheau. La sécurité est un enjeu clé pour les électeurs de droite, l’économie pour les sympathisants des partis de gouvernement et le cadre de vie pour les écologistes. Au total, six Français sur dix (59 %) se disent déjà « intéressés » par le scrutin. C’est beaucoup, alors que la France est frappée par une crise sans précédent qui domine absolument tous les débats.

Les Echos

(1) Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 5.073 personnes, selon la méthode des quotas, interrogées du 22 au 26janvier. La modélisation statistique permet les projections par régions tenant compte des données du sondage, de celles du recensement de l’Insee et des résultats électoraux depuis 2015.

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