« A la lumière de Collioure » :
Le premier épisode d’une série documentaire sur la peinture

 

Le premier épisode de la série documentaire « Sur les chemins de la peinture » réalisé par Romain Arazm sera diffusé à partir du samedi 9 mai 2020 à 18h sur la chaîne YouTube de MAZART production. La bande annonce est d’ores et déjà disponible, l’occasion de revenir sur ce projet audiovisuel qui entremêle l’histoire de l’art et art contemporain sur fond de rencontres et de voyages.

 

L’histoire de la peinture entretient parfois des relations intimes avec le territoire. C’est le cas, par exemple de Barbizon près de Fontainebleau, Pont-Aven dans le sud du Finistère, Étretat sur la côte normande, de Giverny au bord de la Seine ainsi que Collioure situé à quelques encablures de la frontière espagnole. L’installation ou le séjour de certains artistes ont teinté ces endroits.
Le petit port de pêche catalan n’a pas attendu l’arrivée d’Henri Matisse le 16 mai 1905 pour être représenté par des peintres. Il y a par exemple Adolphe Appian Lyon (1818 – 1898) qui réalisa plusieurs toiles ou encore Paul Signac qui séjourna dans la région en 1887.
Il faut avoir à l’esprit qu’à l’époque, les peintres venaient certes pour la beauté des paysages et la douceur du climat mais également pour le coût très modeste de la vie. Les ateliers étaient beaucoup moins chers qu’à Paris.
Quand celui que la critique n’a pas encore qualifié de « fauve » débarque à Collioure avec sa femme Amélie et sa fille Marguerite, c’est un peu quitte ou double. Matisse a présenté quelques semaines plus tôt son tableau Luxe, Calme et Volupté au XXIe salon des indépendants. Malgré l’achat de cette toile par son mentor Paul Signac, l’artiste se trouve dans une situation financière très fragile.
Pendant les cinq mois qu’il passe à Collioure, la couleur se répand sur la quinzaine de toiles que l’artiste réalise. Il délaisse alors le divisionnisme qu’il avait expérimenté à Saint Tropez en 1904 et favorise de vastes aplats traduisant l’influence de Paul Gauguin.

Le 25 juin 1905, Henri Matisse envoie à son ami André Derain une carte postale de Collioure au dos de laquelle il lui enjoint de le rejoindre. Moins d’une semaine plus tard, le peintre, de dix ans son cadet, débarque à son tour à Collioure. Ce sera ce que l’historiographie a retenu comme « l’épreuve du feu ». Présenté au Salon d’automne à Paris, le fruit de leur travail estival constituera un jalon déterminant dans la libération de la couleur. C’est en partie sous la lumière de Collioure que naquit l’Art moderne.

Comme le suggère Romain Arazm, le réalisateur du documentaire (par ailleurs écrivain et historien de l’art), « à Collioure, le réel et l’imaginaire issus de la peinture sont tellement imbriqués qu’il est difficile de regarder simplement ce que l’on a sous les yeux. L’être et le savoir se superposent sans cesse ». De la plage, aux maisons colorées en passant par le phare – motif architectural hissé au rang de véritable symbole – ou par le fort saint Elme, le moindre point de vue convoque l’histoire de l’art.

Si le documentaire « A la lumière de Collioure » chemine à travers les siècles, il accorde une place très importante aux artistes qui, encore aujourd’hui, perpétuent la tradition picturale de la ville. Le point de vue esthétisant et contemplatif de la caméra autorise d’ambitieux allers et retours entre l’intensité chromatique d’un paysage inondé par la lumière du soleil et celle que l’on retrouve à la surface des toiles des artistes. Que ce soit avec Danièle Canellas, Marie Christine Boisserie, Annick Llory ou Guylaine Legentil, les échanges avec la comédienne Ilana Waysberg permettent de mettre en valeur leurs démarches artistiques et de souligner l’intimité des liens qui les unissent à Collioure et aux icônes de l’art du XXe siècle.

Scandé par le rythme de la marche, ce documentaire, d’une durée de 45 minutes, offre une parenthèse des plus rafraichissante. Un nomadisme éclairé, bien venu en ces temps de sédentarité forcée.

 

AFFICHE DOCUMENTAIRE (1)