Estagel/ Gel des récoltes : « Soit on se bat, soit on accepte la fatalité ! »

C’est par ces paroles fortes, que devait commencer la réunion plus ou moins improvisée, qui s’est tenue hier samedi 10 avril, sur le coup des 11 h, devant le siège de la cave « Les Vignerons des Côtes d’Agly ». Elles devaient être prononcées par le bouillant Eric Sibieude, bien connu dans le monde d’ovalie à XIII dans notre département. Eric est aussi un vigneron chevronné vinifiant en cave coopérative

 

Lors de cette rencontre, l’ambiance était pesante, électrique. Pour certains, encore sous le choc de la perte de récolte, le moral était au plus bas. D’autres, commençaient à redresser la tête. Les plus battants étaient déjà sur la brèche et avaient décidé se battre. Une réunion bien utile, décidée par des vignerons de base. Rencontre ô combien indispensable, qui a permis à ce groupe d’une trentaine d’agriculteurs, de sentir la solidarité devant l’adversité.

Une ambiance tendue

Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’Agriculture des P-O, avait été conviée à ce rendez-vous. Elle était accompagnée de Claude Jorda. Francis Bonet, président de la cave, était aussi du nombre. Fabienne devait dans une introduction, donner les éléments en sa possession sur le bilan des dégâts causés par le gel dans la nuit du 7 et 8 avril. Elle devait montrer l’ampleur de la destruction des récoltes, en précisant toutefois que le secteur d’Estagel était le plus impacté par cette nouvelle catastrophe.
Vite, ceux qui étaient déjà passés dans la phase active pour affronter la période, disaient leur refus d’accepter les mêmes solutions proposées à chaque fois que le monde paysan est confronté à de telles situations.
Au fur et à mesure que les minutes passaient, cette idée gagnait du chemin pour devenir majoritaire. Cela se sentait dans l’ambiance qui cependant restait pesante. Mais, malgré tout, la chape de plomb commençait à se soulever.

Une décision d’action de prise

La proposition de l’action devait être formulée par Michel Maurizard, lui aussi bien connu au-delà du périmètre des Fenouillèdes. Bien connu pour sa générosité au service des autres. Elle devait se traduire par la rédaction d’une lettre, qui devrait être remise aux élus municipaux des villages concernés. Portant l’empreinte du collectif ainsi créé à cette occasion, elle devrait également être remise aux responsables agricoles dont la présidente de la Chambre d’Agriculture.

À charge pour eux, de transmettre aux plus hautes instances, avec la ferme volonté qu’elle finisse sur le bureau du ministre de l’Agriculture via le préfet des Pyrénées-Orientales. Nous tiendrons nos lecteurs informés sur le tenant de cette missive.

Le monde rural concerné

Une autre question était cependant soulevée. Celle de demander au monde rural de se joindre à cette solidarité naissante. En effet, ce dernier est directement concerné par cet épisode ou l’économie locale vient à nouveau de prendre un sérieux mauvais coup.
Georges Badrignan, adjoint au maire et présent à ce rassemblement, interpellé par un participant sur l’aide escomptée venant des élus, devait préciser que « les élus se joindront à toute forme de manifestation si celles-ci étaient toutefois organisées ».
Nous étions convaincus jusqu’alors, que le rôle des élus devait être de passer devant, ceints de leurs écharpes, pour défendre l’économie locale. Un brouillage existe certainement quel part. Nous avons probablement confondu avec d’autres priorités locales.
Roger Ferrer, maire de la commune, devait par la suite rejoindre le groupe. Sa présence, toutefois, devrait marquer, peut-être, une volonté de changer de braquet. Nous osons l’espérer !
Cette volonté serait la bienvenue pour aider la population à se mobiliser, aux côtés des vignerons dans la détresse.
La situation des structures devait également être évoquée avec les emplois qu’ils représentent.
Rendez-vous était pris, pour porter plus loin les justes revendications.
À bientôt donc, pour continuer de rendre compte de cette situation à nos lecteurs.

Joseph Jourda