Les habitants de ce coin du Roussillon se rappelleront longtemps de ce jeudi 2 septembre 2021. Un préfet, ça va, mais deux ? (celui de la Région, Etienne Guyot et Étienne Stoskopf des Pyrénées-Orientales). Ils étaient accompagnés par une kyrielle de personnalités dont madame Carmona pour le Conseil régional et madame Malherbe présidente du Conseil départemental. Le but : se pencher jusqu’à terre, sur un vignoble en fâcheuse posture économiquement, d’autant plus à la suite du gel de début avril. Mais la forte déprise ne date pas de cette date, ni depuis le COVID-19 d’ailleurs. Bien sûr, Fabienne Bonet, présidente de la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales était bien là pour accompagner la délégation.

Dans le cortège, dans la visite du vignoble et la séance de travail qui devait suivre, était présent Michel Maurisard, représentant du collectif vigneron, créé à la suite du gel de la nuit du 7-8 avril dernier. Une reconnaissance implicite par les pouvoirs publics et politiques, qui montrent ainsi, qu’ils ne peuvent plus faire l’impasse sur ces hommes et femmes sans mandat électif de quelque sorte, qui revendiquent fortement et justement, d’être considérés pour ce qu’ils sont : des producteurs voulant vivre du fruit de leur travail. Des producteurs capables d’apporter une réflexion, des analyses.

 

 

Dans les vignes matraquées par le gel

Si elles ont repris de la couleur, alors que la vendange est commencée, la lumière scintillante des raisins, en principe pulpeux en cette époque de l’année, est trop rare, à jouer à cache-cache entre le vert des feuilles et l’ombre tamisée des ceps vigoureux. La sécheresse aidant, l’ombre bienfaitrice, s’est transformée en véritable fournaise de la peur du lendemain, pour ces vignerons qui n’ont pas l’habitude pourtant, de baisser les bras.
Le préfet de région, pendant la rencontre, devait souligner la volonté gouvernementale « d’être tous unis en faveur de l’agriculture ». Cette visite sur le terrain est donc l’occasion pour lui et ces services, d’être à l’écoute de la profession, de mesurer comment la série de mesures prises ont été appliquées.

Le dernier désastre : l’incendie

C’est à l’écoute d’un professionnel, que messieurs les préfets ont pu constater de visu, la nécessité de l’existence des vignes dans l’espace agricole. En effet, ces dernières jouent le rôle de coupe-feu. C’est incontestable. Nous retiendrons la phrase d’un participant qui exprimait ceci : « Les vignes, ne seront pas replantées uniquement pour lutter contre les incendies ». Une autre manière de dire qu’il est indispensable d’aider fortement à l’installation. Une crainte chez les vignerons présents, est qu’il est trop tard. Des interventions sont pourtant possibles, pour redonner l’espoir aux professionnels de la viticulture, mais aussi à toute une population.

Les indemnités versées

Une chose est évidente aujourd’hui. Les premières aides de l’Etat, n’ont pas servi à indemniser les dégâts du gel, mais à venir en aide à l’agriculture, aux exploitations malades, au bord du gouffre financier. En fait, cette aide sociale montre une chose. L’agriculture va mal. Les agriculteurs par centaines, sont à bout de souffle. On a fait une transfusion aux plus faibles, pour qu’ils prennent patience. Mais jusqu’à quand ?
Sur 262 demandes d’aides dans le département, il y a eu 179 bénéficiaires. 82 dossiers sont d’ores et déjà payés, 97 sont engagés.
Mais cette manière de faire, a créé la suspicion entre agriculteurs. Pourquoi lui et pas moi ? À notre avis, la bonne méthode n’a pas été employée. Ceci d’autant, qu’il est indispensable aujourd’hui d’unir le monde agricole dans les terribles épreuves qu’il traverse. C’est ce que ne cesse de clamer le collectif des vignerons mis en place dans la vallée de l’Agly.
Un bémol cependant, à cette rencontre que nous pouvons qualifier de positive, car elle a permis de faire la clarté sur un certain nombre d’idées transportées et pas toujours de la bonne manière. En effet, la présence des maires, des élus locaux était plus que discrète. Les quelques-uns qui étaient présents, dont madame Beuze Conseillère départementale, semblent être venus par politesse, pour faire acte de présence. Mais que fait un élu local s’il ne se préoccupe pas tous les jours de l’économie de son pays ?
Nous avons également remarqué la présence de parlementaires dont les sénateurs Jean Sol et François Calvet ainsi que les députés Sébastien Cazenove et Laurence Gayte.
Souhaitons que ce déplacement dans les vignes ait des lendemains porteurs d’espérance pour notre agriculture. En un mot, qu’il soit porteur de la vie.

Joseph Jourda