(avec l’aimable autorisation de Jean-Michel Martinez, Directeur de la publication Le Journal Catalan)

 

 

Monik a remplacé Monique, qui fut à la tête d’un pôle hôtelier à Perpignan, avant d’épouser Robert Margueritte, gérant d’une institution dans la capitale nord-catalane, le célèbre “Park-Hôtel” et sa table étoilée “Le Chapon Fin”, aujourd’hui rebaptisés le “Dali Hôtel”, sur le boulevard Jean Bourrat.
En 2007, le couple s’est définitivement installé à Rosas. Autodidacte, Monik se découvre une folle passion créative pour la peinture ; en moins d’une année elle réalise 250 toiles ! Rencontre avec une force de la nature, une princesse de la Costa Brava, une artiste prolifique qui a un appétit prononcé pour les couleurs… Rencontre en toute liberté avec une femme d’exception, tout simplement !

 

-Le Journal Catalan : quel a été le déclic pour devenir artiste-peintre ?
Monik : “Il tient en un seul mot : confinement ! Je savais déjà que le désir de création était dans mon ADN, création pour la décoration, la cuisine, création d’entreprises hôtelières et de restauration, etc., et ce premier strict confinement m’a glissé dans les mains, crayons, pinceaux, peinture, sans crier gare”.

-Le Journal Catalan : te souviens-tu de ta première toile ? C’était où, quand… et sur quel thème ?

Monik : “Oui bien sûr, il y en a deux qui ont été fait en même temps, non pas sur une toile car je n’en avais pas, mais sur des bouts de bois. J’ai vu dans un coin de mon jardin une vieille planche de coffrage, encore couverte de ciment, j’y ai imaginé et peint un banc de poissons très coloré ; en même temps j’ai “inondé” un morceau de palette en bois, de zèbres vus de dos et avec de puissantes couleurs très gaies. Cela a beaucoup plu à un ami perpignanais bien connu, en visite chez nous, je les lui ai offerts pour son bureau. Il était heureux et cela m’a encouragé”.

 

-Le Journal Catalan : née en Bretagne, vie professionnelle puis vie artistique en Catalogne : deux territoires forts au niveau identitaire. Ont-ils eu une Influence sur ta peinture ? L’ont-ils encore ?

Monik : “Ces deux territoires à très fort caractère, m’ont bien naturellement marquée, même parfois à mon insu. Ma Bretagne natale d’abord. Née à Saint-Brieuc où j’ai grandi dans une famille aimante et nombreuse, six frères et sÅ“urs, m’a donné un équilibre et m’a appris la rigueur. Mon père, pêcheur sous-marin amateur m’a fait partager son amour de la mer, des bateaux, des puissantes marées, de la pêche à pied qui nécessite patience, détermination et intuition avant les joies de la découverte. J’ai toujours en mémoire cette odeur de marée… et la grisaille du ciel breton qui me donnait secrètement envie de couleurs éclatantes.

Cette envie de soleil ainsi que ma carrière professionnelle m’ont emmenée à Perpignan, région que je ne connaissais pas. J’y ai trouvé l’amour, un équilibre professionnel et familial, la luminosité… et une explosion de couleurs qui certainement ont influencé ma peinture”.

-Le Journal Catalan : un projet fou sur le plan artistique, pour toi ce serait quoi ?

Monik : “Bien sûr, dans la tête d’un artiste, les projets sont nombreux, parfois un peu fous et non réalisables mais parfois oui, et c’est ce qui me fait avancer. J’aimerais peindre des toiles géantes, sculpter les matières, travailler le fer et le bois, et les associer dans une Å“uvre unique”.

-Le Journal Catalan : est-ce que, pour toi, “La peinture est le moyen d’oublier la vie” (comme le disait Georges Rouault) ; ou plutôt “La peinture est la face visible de l’iceberg de ma pensée” (comme le disait Salvador Dali).

Monik : “Non, ce n’est pas le moyen d’oublier la vie, bien au contraire car j’ai envie de la vivre pleinement. La peinture est pour moi le moyen d’immortaliser ma pensée et de colorer ma vie, et en ce sens je rejoins pleinement Dali chez qui d’ailleurs je vais plusieurs fois par an à Port Lligat. Je suis subjuguée quand je vois sa dernière toile inachevée sur son chevalet, ses pinceaux, ses tubes de peinture entamés et ses lunettes posées à côté !”.

 

-Le Journal Catalan : quelle est la question que tu aurais souhaité que l’on te pose à propos de ta peinture, et que l’on ne t’a jamais posé ? Et ta réponse ?

Monik : “Pourquoi n’as-tu pas commencé à peindre plus tôt ?” et “Quel est ton style ?

Je n’ai pas d’explication précise, sauf que, et ça peut paraître insensé, j’ai l’impression qu’une force surnaturelle est venue m’habiter au tout début de cette pandémie et des peurs qu’elle a engendré. Le confinement fut pour moi une providence et une révélation, je n’ai pas voulu m’enfoncer dans la crainte, l’angoisse, bien au contraire. Je passais des heures et des heures dans mon atelier, et, encouragée par mon mari, j’étais toute à la peinture, au dessin, à la création. C’était magique, mes pinceaux guidaient ma main pour faire chanter les couleurs.

Pour le moment, je n’ai pas de style strictement personnel, je suis multi styles comme me dit mon mari. Mais je ne peux pas encore choisir, sans vouloir paraître prétentieuse, j’aime tout ce que je fais, c’est ma joie de vivre”.

 

-Le Journal Catalan : en quelques mots, ta rencontre et ta complicité avec la sublime chanteuse Jeane Manson ?

Monik : “Je l’ai vue pour la première fois en 1988. Je fus invitée par Jean-Yves Thual au théâtre Marigny où il était partenaire de Jeane dans “l’Homme de la Mancha”.

Je fus subjuguée par la beauté et le talent de Jeane. En backstage où j’ai eu la chance d’aller, j’ai découvert et apprécié sa gentillesse et son accessibilité. Et puis nous nous sommes perdues de vue jusqu’en 2007 où nous sommes installés à Rosas.

Nous nous sommes retrouvées par la suite à Peralada, ce magnifique petit village où elle habite et depuis nous nous fréquentons régulièrement. C’est une personne délicieuse qui travaille encore beaucoup, guidée par Sophie, son manager, charmante et dynamique. Jeane est comme nous, très proche de la nature, de ses chevaux, de ses chats et toujours prête à défendre les plus faibles avec ce grand cÅ“ur qui la caractérise.

Elle m’ouvre les portes de sa maison pour ma première exposition, je lui en serai éternellement reconnaissante. Sa galerie/boutique à Peralada “El Raco de Guadalupe” au pied de l’église San Martin est déjà la galerie de l’exposition permanente de Chris Stevens qui n’est autre que la jolie maman de Jeane et de sa sÅ“ur Barbara”.

Recueilli par J-M M.