Ce jour, Vendredi Saint, trois processions de la Sanch se dérouleront traditionnellement sur le sol roussillonnais : la première à Perpignan, à partir de 15H, deux autres à Arles-sur-Tech (Vallespir) et à Collioure (Côte vermeille), en soirée

 

La rédaction de ouillade.eu a rencontré un jeune pénitent colliourenc qui témoigne sur sa participation à cette fête religieuse, temps fort de la Semaine Sainte, la plus important de l’année pour les catholiques roussillonnais.

 

-Depuis quand défiles-tu ?

“Cela va faire dix ans cette année que je fais la procession de la Sanch (j’ai 23 ans), je suis donc un jeune pénitent. Certains de mes confrères, pour lesquels j’ai un respect immense entament leurs 50e procession. C’est un vrai bonheur de pouvoir compter sur eux afin d’apprendre et méditer sur la passion du Christ”.

-Qu’est-ce qui t’a motivé ?

“Je dirai que je l’ai déjà fait par tradition et par passion. A Collioure et à Perpignan, l’engagement de la procession se transmet de père en fils, et en petit-fils, un peu comme une tradition familiale chrétienne qu’il ne faut surtout pas briser. La Procession de la Sanch se fait depuis 1416, et y participer donne le sentiment intense de faire partie de cette chaîne d’union au travers des siècles et des hommes et des femmes qui se sont engagés précédemment au sein de la Confrérie. Puis je l’ai fait par conviction chrétienne, dans le but de donner un sens à ma vision de la Passion du Christ”.

-Cela t’apporte quoi ?

“Être confrère de la Sanch, et pénitent le soir de la procession du Vendredi Saint, vous fait déjà sentir humble et modeste. Humble vis-à-vis des nombreux hommes et des femmes qui souffrent tous les jours et qui n’ont pas la chance d’être des privilégiés. La Semaine Sainte est avant goût un moment de réflexion profonde sur son action pour les autres, pour les plus faibles, en ayant au cÅ“ur et en nous rappelant ce qu’a vécu jésus et l’action qu’il a mené pour les plus fragiles, les malades, les plus pauvres.

La procession est l’occasion aussi de nous poser des questions sur nous-mêmes, sur notre capacité à pardonner, à faire le bien et à toujours se comporter en chrétien, en humaniste, la main toujours tendue vers ses frères et ses sÅ“urs dans l’Humanité. Cela nous remet profondément en question, là où, aujourd’hui, notre société se replie sur elle-même, préfère la violence, la haine des autres et de la différence. Cette procession est là pour nous dire que nous devons aimer tous nos prochains et que nous devons travailler pour aider les plus faibles, c’est d’ailleurs un des principes fondamentaux de la Confrérie de la Sanch, fondée par Saint Vincent Ferrier”.

-Quel est le “message” s’il y en a un ?

“Le message que nous devons apporter, en tant que pénitents, est un message d’amour, de paix et de fraternité, en toutes circonstances. A l’heure ou des événement graves se déroulent, mettant en péril notre unité universelle, nous devons porter la parole de Jésus, celle qui se veut rassembleuse et prône le pardon et la miséricorde”.

-Une anecdote ?

“Je dois dire que j’ai toujours été frappé, surtout lors de ma première procession à Perpignan, de l’attitude des gens tout au long du parcours de la procession de la Sanch. Perpignan la catalane est riche de sa diversité, et nous passons dans tous les quartiers, de Saint Jean à la Réal, de Saint Jacques au Castillet. Certains sont indifférents, d’autres nous attendent aux balcons, sur les places, font le signe de croix, certains ne se laissent pas perturber et continuent à jouer, mais tous marquent ce respect au passage de la procession. C’est un peu paradoxal, mais c’est cela qui fait le charme de notre passage. Nous devons rester impassible à toutes les interactions extérieures”.

 

Recueilli par L.M.