Michel Benier et Richard Tissimier

 

 

Depuis le début des années soixante-dix, peut-être même la fin des sixties mais ils ne comptent plus le poids des ans qui les relient amoureusement et musicalement à Collioure, Michel Benier et Richard Tissimier sont des fidèles, des irréductibles, certainement même parmi les meilleurs ambassadeurs de la “perle de la côte vermeille”

 

Le premier vient de Vichy, dans la région bourbonnaise. Le second du côté de Toulouse. C’est bien évidemment Collioure-la-magicienne qui les a rendus complices. Tous les deux ont des passions communes, à commencer par la musique, et c’est donc tout-logiquement en fanfare qu’ils ont décidé d’implanter ce numéro artistique de duettiste, à la renommée sonnante et trébuchante, entre les murs du Café Sola de Laurent Puigsarbé.

 

Pour ce qui est de Benier, c’est sa troisième expo in situ. Aventurier de la peinture uniquement sur grands formats, il s’est spécialisé au fil du temps sur les impressions de jets d’encre et, surtout, sa signature : une peinture sur toile cirée. Il serait d’ailleurs le pionnier du genre dans l’Hexagone, à ce jour encore il ne connait pas son pareil, nous non plus malgré nos vaines recherches. C’est un style étonnant, torché et campé à partir de “nappes” imperméables… à tout sauf à son talent et à son imaginaire ! Il est devenu un maître en la matière, sans jeu de mots. La sérigraphie fait également partie de sa panoplie d’artiste-peintre.

Comment a-t-il atterri la première fois à Collioure ? Grâce à feu Guy Jouanin, un autre artiste – dans tous les nobles sens du terme -, originaire comme lui de Vichy, et qui pendant des années a littéralement mis le feu en baie de Collioure sans attendre les artifices du 16-Août ! Benier a même habité Collioure dans les années soixante-dix “à cause de Jouanin”, son grand pote de l’école des Beaux-Arts : “Quand il est venu ici, je l’ai suivi, tout simplement”. Puis, avec la bande de copains d’abord (et de bâbord) que n’aurait pas renié Georges Brassens coquin de sort, c’est dans la fanfare colliourencque emblématique et mythique des Bizars qu’ils ont fondé un rythme de vie toutes voiles dehors, naviguant d’un comptoir à l’autre, des Templiers au Sola ! Benier baignait déjà dans cet esprit fanfare ; il faisait partie de la clique des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand.

 

De son côté, pour Tissimier, cette expo est une première. Lui non plus n’a jamais été infidèle à la côte vermeille. Chaque année, à la moindre occasion festive, il y revient. Passionnément. Même s’il faut inventer un prétexte improbable. C’est d’ailleurs lui qui a eu l’idée de cette expo en duo. Magique ! Lui, son dada, ce sont les objets, qu’il (re)travaille pour leur donner un autre éclat, une autre vie, un sens artistique, sans pour autant dénaturer la première destination de leur raison d’exister, d’avoir été conçu et fabriquer.

Lui vient sur la côte vermeille depuis 1966. Il s’en souvient parfaitement. Il faisait partie de la fanfare toulousaine Boclou : “Notre première sortie hors Toulouse a été pour Le Racou*. Nous avons joué à La Caravelle. Nous avions droit de jouer un seul morceau, tellement on était mauvais”… (Ce propos n’engage que lui).

Leur expo est accrochée au Sola jusqu’à la fin du mois d’octobre, visible tous les jours (et pas seulement aux heures apéritives), de l’ouverture à la fermeture du café.

Dernier détail, ce rendez-vous artistique s’inscrit dans les festivités intimistes (jusqu’au vendredi 24 septembre… mais chut) organisées pour le centenaire du plus célèbre pêcheur de loups à la ligne de Méditerranée, Louis Balofi, dit “Petit Louis”, mais grand marin devant l’éternel Grand Bleu.

Mais au fait, quel est le lien entre Petit Louis et le tandem Benier – Tissimier ?

“Petit Louis nous baladait sur son chalutier, La Sainte-Nicole… Que Jouanin et les Bizars appelions La Sainte-Picole !”. Dixit Benier. Vé-ri-di-que ! De toutes façons, ça ne s’invente pas. On ne peut pas l’inventer.

L.M.

 

*Le Racou, hameau sur la plage situé sur le territoire de la commune voisine de Collioure, Argelès-sur-Mer.