“Jean-Jacques Bourdin, à la demande de la direction, se retire temporairement des antennes de BFMTV et de RMC”, a annoncé, dimanche 24 janvier 2022, dans un communiqué le groupe Altice, propriétaire des deux médias

 

“Cette décision a été prise pour ne pas porter préjudice au fonctionnement quotidien de BFMTV et de RMC. Ce retrait temporaire de l’antenne permettra d’éviter les instrumentalisations politiques et médiatiques de cette affaire”.

Altice ajoute : “Le groupe rappelle que Jean-Jacques Bourdin conteste vigoureusement les faits dénoncés et bénéficie de la présomption d’innocence”.

Altice Média, le groupe propriétaire de RMC et BFMTV, a, par ailleurs, lancé une enquête interne après la plainte pour tentative d’agression sexuelle déposée contre son journaliste-vedette Jean-Jacques Bourdin.

Les faits se seraient produits en octobre 2013 à Calvi (Corse), lors d’un déplacement pour le concours de pétanque « Open de Calvi » où l’auteure de la plainte (déposée le 11 janvier dernier au commissariat du XVIe arrondissement de Paris), alors âgée de 25 ans, et le journaliste étaient invités.

Depuis l’interview de la candidate de droite (parti Les Républicains/ LR) à la présidentielle de 2022, Valérie Pécresse, et son avant-propos en direct évoquant cette affaire face à Jean-Jacques Bourdin, la situation devenait intenable, voire incontrôlable pour ce dernier, et insoutenable pour la direction de BFMTV et RMC.

Certes, la présomption d’innocence court toujours – du moins on l’espère -, et doit être respectée par tous et pour tous, que l’on soit puissant ou non, (re)connu ou pas… mais les journalistes, bien souvent donneurs-de-leçons s’agissant de la vie politique et de ses aléas, si prompts à juger et à condamner médiatiquement la moindre incartade de nos élus, de nos décideurs, à les clouer au piloris du Grand écran et sur les Saintes Ondes, ou d’un trait de plume, à la moindre rumeur distillée au zinc du bistrot du Commerce, devraient commencer par balayer devant leur porte.  Et à appliquer pour les autres ce qu’ils savent si bien mettre en place dans leur entre-soi.

Ils ne le font que très rarement, qu’exceptionnellement, la confraternité professionnelle restant le fil rouge, quoi qu’il en coûte. On l’a bien vu – et subi – dans de trop nombreuses affaires, d’hier ou d’aujourd’hui, souvent révélées grâce aux réseaux sociaux, et dans lesquelles les journalistes se masquent derrière l’incontournable (Qu’ils disent) “soutien aux confrères”, sans le moindre regard porté sur l’existence des victimes !

Dans ce qu’il convient d’appeler désormais “l’affaire Bourdin”, il aura fallu l’intervention indirecte de Valérie Pécresse, en live sur le plateau de BFMTV et l’annulation de la venue du candidat écologiste à la Présidentielle 2022, Yannick Jadot, pour les mêmes raisons, pour que la direction de BFMTV prennent (enfin) avec sérieux la dimension de la situation.

Comme c’est le cas dans la plupart des pays anglo-saxons, ou plus près de chez nous encore, en Espagne, en Belgique ou en Suisse, les journalistes, s’ils veulent conserver le peu de crédibilité qui leur reste encore aux yeux d’une grande partie de l’opinion publique qui leur fait de moins en moins confiance, s’agissant de leur premier rôle, à savoir celui d’informer, doivent respecter leur déontologie. C’est tout ce qu’on leur demande lorsqu’ils sont “en plateau”, présentateurs ou éditorialistes.

“L’affaire Bourdin” n’est hélas que l’arbre qui cache la forêt. En effet, lorsqu’on voit, par exemple, la journaliste Anna Cabana, épouse du ministre de l’Education Nationale, Jean-Michel Blanquer, animer un débat télévisé sur la chaîne i24news autour de la polémique concernant les vacances contestées de son mari à Ibiza (îles Baléares), en plein conflit social avec les enseignants… les bras nous en tombent !

Quand à la défense du ministre lui-même pour justifier le professionnalisme de sa femme : “c’est la vie personnelle”, “il n’y a rien de caché dans le fait qu’elle est mon épouse, tout le monde le sait (…)” ; tout est dit ici, de l’arrogance qui anime ce gouvernement de Jean Castex, lequel plutôt que d’admettre, de reconnaître, de faire son mea-culpa, quand faute évidemment il y a, préfère traiter le peuple avec mépris, comme s’il s’adressait à des ignorants, des gueux… avec une complicité journalistique insupportable pour encore plus nous : emmerder.

 

L.M.