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L’Espagnol Ricardo Bofill, architecte star post-moderne, est mort à 82 ans
(Franceinfo)
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L’Espagnol Ricardo Bofill, âgé de 82 ans, est décédé ce vendredi 14 janvier, du COVID-19, a annoncé son fils. Au fil de sa carrière, il était entré dans le club très fermé des “architectes-stars” dont font partie Norman Foster, Renzo Piano ou Jean Nouvel
France Info.- “Architecte star”, très renommé – mais parfois critiqué – en France, l’Espagnol Ricardo Bofill, décédé ce vendredi 14 janvier à 82 ans de complications liées au COVID-19, a signé des centaines de réalisations dans le monde avec pour obsession de mettre l’homme au centre de l’espace.

“L’architecture est la victoire de l’homme sur l’irrationnel”, aimait-il dire, porté par l’obsession de créer un “langage” architectural différent, organisant l’espace autour de l’homme. Au fil de sa carrière, Bofill est entré dans le club très fermé des “architectes-stars” dont font partie Norman Foster, Renzo Piano ou Jean Nouvel.

“Le ‘star system’ m’a attrapé en France en 1974. A cette époque, les architectes commençaient à être importants, à avoir un rôle prépondérant dans la société et cela m’a forgé une grande réputation”, affirmait-il dans un entretien publié en mai 2020 par le quotidien espagnol ABC.

 

Anti-franquiste

 

Né le 5 décembre 1939 à Barcelone d’un père architecte catalan et d’une mère vénitienne, Ricardo Bofill Levi entre en 1957 à l’Ecole d’architecture de Barcelone, d’où il est exclu pour militantisme anti-franquiste, avant de poursuivre ses études à Genève.

De retour dans sa ville natale, dans une Espagne toujours sous la coupe du dictateur Francisco Franco, il fait partie avec d’autres jeunes intellectuels (architectes, ingénieurs, écrivains, cinéastes, sociologues et philosophes) d’un groupe baptisé la “Gauche divine” et crée en 1963 son atelier d’architecture, le “Ricardo Bofill Taller de Arquitectura”. Cet atelier, installé dans une vieille cimenterie de la périphérie de Barcelone et avec des antennes à Paris, Montpellier, New York, Tokyo, Chicago ou Pékin, a signé plus de 1 000 projets dans le monde entier.

 

Quartiers entiers en France

 

On doit notamment à l’atelier de Ricardo Bofill l’aéroport de Barcelone, le Théâtre national de Catalogne, le Palais des Congrès à Madrid ou les gratte-ciel Donnelley et Dearborn à Chicago.

En France, où il est particulièrement apprécié, Ricardo Bofill a signé de grands ensembles d’habitat social, comme les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand, en banlieue de Paris, où ont été tournées plusieurs scènes de Brazil, film culte d’anticipation de Terry Gilliam (1985), ou le quartier Antigone à Montpellier. Avec pour ambition de créer des utopies urbaines “dans un langage classique hautement monumental à une échelle jamais vue auparavant”, écrit Douglas Murphy dans le livre Ricardo Bofill : Visions of Architecture.

Mais sur le terrain, dégradés et critiqués par certains habitants, les Espaces d’Abraxas ont bien failli être démolis. “Les démolir serait un manque de culture”, avait estimé Ricardo Bofill dans un entretien au quotidien français Le Monde en 2014. Tout en reconnaissant n’avoir “pas réussi à changer la ville”.

Fait docteur honoris causa par l’Université polytechnique de Catalogne en septembre dernier, Bofill avait alors souligné que “face au modèle de ville dortoir”, il avait fait “le pari de créer des quartiers avec des fonctions mêlées, mais toujours en défendant la continuité urbaine, la rue et la place” comme lieu de vie sociale. A un moment où, aux Etats-Unis en particulier, les centres-villes disparaissaient pour laisser la place à la voiture et à des centres commerciaux.

 

Villages touaregs

 

Obsédé par l’organisation de l’espace, Ricardo Bofill s’est inspiré notamment de l’architecte italien Andrea Palladio de la Renaissance vénitienne, ou encore des architectes français des XVIIe et XVIIIe siècles François Mansart et Claude-Nicolas Ledoux.

Mais aussi des villages touaregs où ce “nomade” autoproclamé est allé chercher des idées au début de sa carrière. “Je crois savoir faire deux choses : (…) concevoir des villes (…) et tenter d’inventer des langages architectoniques différents et ne jamais les répéter”, soulignait-il en juin dernier lors d’une conférence à Barcelone.

Un rejet de la répétition qui lui faisait aimer Antonio Gaudí, Catalan comme lui, qu’il qualifiait de “plus grand génie de l’histoire” qui “ne répétait jamais deux éléments ou formes”. Récompensé par de nombreux prix d’architecture internationaux, Ricardo Bofill était Officier de l’Ordre des Arts et des Lettres français.

 

 

Ricardo Bofill.