L’exposition présente un ensemble d’une centaine d’affiches réalisées entre mai et juin 1968 par des artistes et un collectif d’étudiants à l’école des Beaux-Arts et dans d’autres universités. 1968 reste l’année d’un mouvement qui se déploie en Europe mais aussi dans le monde entier avec l’opposition à la guerre du Vietnam, la critique du capitalisme et de la société de consommation. En France, la société et la jeunesse aspirent à ne plus subir l’autorité sous quelque forme qu’elle soit et réclament plus de libertés. Dans son titre Il est cinq heures, Paris s’éveille, Jacques Dutronc chante « Les journaux sont imprimés / Les ouvriers sont déprimés » et une partie de la jeunesse scande l’un des slogans le plus représentatif de mai 68 « Il est interdit d’interdire ». Les plus âgés d’entre nous ont pu participer au mouvement insurrectionnel de Mai 68 ou ont assisté à la violence des affrontements qui ont paralysé Paris durant deux mois. Depuis lors, d’autres affrontements se sont produits, et tout récemment encore, mais sans la même violence ni la même profondeur politique. Le message politique de Mai 68 a fait long feu mais rien n’a changé. Après cette bouffée insurrectionnelle, les étudiants sont rentrés dans l’ordre, ont fait carrière dans l’administration, ont dirigé des entreprises ou obtenu des mandats électifs. Avec le recul du temps, ces affiches nous laissent un témoignage fort de cette contestation et nous pouvons apprécier à sa juste valeur l’œuvre graphique de Mai 68 qui est un formidable moment d’énergie utopique combinée avec une veine festive, tendre ou féroce d’où se dégage une certaine poésie.