Béatrice, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, éternellement pétillante, elle ouvre toujours son restaurant de crêpes et de glaces artisanales, face à la Méditerranée, les pieds (presque) dans l’eau

 

A de très rares exceptions – Qui confirment la règle -, la plupart des restaurants et bars situés sur le front-de-mer d’Argelès-plage sont désespérément fermés hors saison. Traditionnellement, ils baissent le rideau d’octobre à mars, offrant aux pourtant de plus en plus nombreux visiteurs qui déambulent sur la plus belle et la plus longue des promenades du littoral roussillonnais, un triste spectacle d’abandon. Une situation d’autant plus absurde, incompréhensible, qu’environ 3 000 personnes (sur les 12 000 permanents recensées dans la commune) vivent désormais “à l’année” dans la station balnéaire

 

 

Elle, Béatrice, n’a pourtant pas hésité à relever le défi d’une ouverture 7 jours sur 7, 12 mois sur 12, ou presque, face à la Grande Bleue. Au bout de sept saisons, elle ne regrette pas. Non, elle ne regrette rien. Ni les jours de pluie, ni les coups de tramontane. Ni les entrées maritimes, ni la visite des goëlands.

Béatrice est un pilier de la station balnéaire, elle fait partie de ces gens inséparables de l’artisanat et du business estival local, de ces personnalités qui ont donné de la couleur et de la chaleur à la Plage, qui ont contribué à sa renommée. Son franc-parler n’y est certes pas étranger : quand ça ne va pas, elle le dit ; quand ça va, que tout est bon et que tout est beau, elle le crie, avec ses tripes, tant elle est amoureuse, passionnément (mais pas aveuglément), d’Argelers de la Marenda.

Elle a débuté sur la scène argelésienne, en été, en peignant sur des ardoises les visages de célébrités du monde des spectacles, de la variété française et internationale, du cinéma, du sport… Pendant des saisons estivales entières, de juin à septembre, elle installait son stand, remarquable parmi tous, dans le rond-point stratégique de l’Arrivée, carrefour indiscutable et incontournable de toutes les victoires heureuses, mariages compris !

 

Depuis la terrasse de “Béa crêpes”, une vue complètement dégagée sur la Méditerranée ; un luxe en hiver à Argelès-plage

 

Au fil des décennies, des milliers de touristes ont emporté dans leurs bagages une ardoise peinte par ses doigts magiques, selon un procédé unique qui, à l’époque où Béatrice s’est lancée, n’existait nulle part ailleurs sur le sol roussillonnais. Elle a toujours eu le flair, le nez en l’air, s’agissant du business.

Bien que ne possédant pas de murs bien placés, commercialement s’entend, dans la station d’Argelès-sur-Mer, elle a toujours cru en sa bonne étoile, même dans les moments intimes les plus difficiles. Bosseuse infatigable, inépuisable, elle a toujours su qu’elle finirait bien par y arriver.

Il y a une dizaine d’années, un restaurateur du front-de-mer lui a donné le coup de main indispensable : il lui a permis de s’installer sur sa terrasse, les mois d’hiver. Uniquement. Elle y a trouvé son beurre pour épaissir sa pâte à crêpe et, quelques années après, plus tard, plus loin, plus haut, Béatrice ouvrait sa table, à deux pas du sable.

On l’a dit certes épicurienne, excellente cuisinière, capable de vous présenter une salade de rougets de roche sur un lit de calamars, ou encore de vous mitonner un suquet de baudroie, entre une tarte de topinambours à la tomate et un millefeuille à l’ancienne aux cerises du Vallespir, mais c’est en Bretonne que cette Catalane a décidé d’exercer sa passion gourmande.

Son caractère jovial, son enthousiasme digne d’une promenade “à la Pagnol” sur la Cannebière, font d’elle une commerçante à part dans le casting de la Plage.

Si d’aventure votre sortie dominicale de ce jour vous conduisait jusqu’à Argelès-plage, n’hésitez pas à lui rendre une visite… d’autant plus que ce 13 février, veille de la Saint-Valentin, c’est la Sainte-Béatrice !

 

L.M.