Dans le cadre d’un match de Top 14, la blessure du jeune joueur clermontois Samuel Ezeala suite à un choc avec le joueur du Racing 92 Virimi Vakatawa a provoqué de nombreux débats et commentaires et certaines propositions sur le thème : « faut-il changer les règles du rugby ? » ont été formulées.

Lors d’un débat télévisé qui a suivi, l’Argelésien Marc Lièvremont (joueur international et entraîneur de l’équipe de France finaliste de la coupe du monde face aux All Blacks en Nouvelle-Zélande s’est opposé aux changements de règle.

Je suis entièrement d’accord avec les propos de Marc :

“Le rugby à l’école de rugby est avant tout un moyen éducatif où se forgent des qualités de solidarité, de courage, d’esprit collectif. L’école de rugby est l’école de la vie”.

“Faire rêver un enfant de 8 ans ou un ado de 12 ans ou 14 ans en lui faisant croire qu’il deviendra pro, c’est le tromper, c’est détruire en partie et peut-être totalement sa motivation pour les études et son avenir professionnel. La grande majorité de ceux qui ont rejoint les centres de formation n’ont jamais évolué dans une équipe professionnelle”.

Le futur joueur pro doit se construire presque « naturellement » par ses qualités, par sa motivation… mais à partir de 18 ou 19 ans. Pour cela, il faut conserver le maximum d’écoles de rugby formatrices et on peut regretter que dans le département il ne reste plus qu’une dizaine d’équipes de cadets lorsqu’il y en avait le double par le passé. C’est au sein de leur club formateur, dans leur village, avec leurs copains de collège et de lycée que doivent se former les joueurs de l’élite.

Le jeu a évolué. Il est de plus en plus physique. Les joueurs sont plus grands, plus lourds, plus rapides mais les techniques individuelles et stratégiques – celles que l’on apprend à l’école de rugby – ont régressé. A la base, le rugby était un jeu d’évitement. Il est devenu seulement un jeu d’affrontement. Les techniques individuelles et stratégiques sont les solutions. Cela demande des éducateurs qui ne s’attachent pas seulement aux qualités physiques des jeunes.

Modifier les règles de notre rugby risquerait de dénaturer ce sport de combat collectif qui est avant tout éducatif.

Pierre AYLAGAS

Ancien conseiller technique au Comité du Roussillon,

Président de la Communauté de Communes Albères-Côte Vermeille-Illibéris.